Depuis lundi, les traditionnels clips de campagne ont fait leur apparition sur les chaines du service public. Un passage obligé qui réserve parfois quelques surprises.
Une parodie de l’émission de Laurent Ruquier, « On n’est pas couché » transformée en « On n’est pas touché ». Pour le moment, c’est le candidat du NPA Philippe Poutou qui se démarque par son clip de campagne. Depuis, hier, la campagne présidentielle officielle a démarré. Elle implique l’égalité stricte du temps de parole entre les 11 candidats mais aussi, la diffusion à des heures de grande écoute des traditionnels clips de campagne. Ces spots ne doivent pas excéder 1minute 30 pour leur version courte et 3 minutes 30 pour leur version longue. Leurs coûts sont pris en charge par l’Etat.
Où peut-on les voir ?
« Les émissions sont diffusées sur les antennes de France télévisions (France 2, France 3, France 5, Outre-mer 1ère), Radio France (France Inter) et France Médias Monde (France 24, RFI) au cours de la campagne officielle » (…) L’ordre de passage des émissions fait l’objet d’un tirage au sort » précise le CSA.
En ce qui concerne les horaires à la Télévision, « les petits formats » sont diffusés sur France 2, vers 20h40, sur France 3 vers 22h45, sur franceinfo entre 17h33 et 18h, sur France 24 à 10h45 et à 16h15, les vendredis à 16h45, sur France O vers 13H du lundi au vendredi et à 8H le samedi 15 avril.
A la radio, les clips de campagne sont écoutables vers 14h45 sur France Inter, et à 14h10 (heure de Paris) sur RFI.
Pour ceux qui s’inquiètent de ne pas avoir vu le clip de Jean-Luc Mélenchon hier, il ne s’agit pas de censure, seuls dix clips sont diffusés par jours, selon un tirage au sort. Aucune restriction n’est prévue pour la diffusion des vidéos de campagne sur Internet.
Les clips de campagne 2017 sont-ils un bon cru ?
Si chaque candidat peut, à sa guise, réaliser des vidéos et alimenter sa chaine Youtube ou son réseau social, les clips de campagne doivent, eux, répondre à un cahier des charges très précis de 49 articles. Par exemple, ils ne peuvent pas « faire apparaître tout emblème national ou européen » dans leur vidéo. La semaine dernière, certains membres des équipes de candidats se sont émus de cette interdiction. Une règle que n’avait pourtant pas respectée Nicolas Sarkozy lors de la campagne de 2012. « A l’époque, nous avons été surpris. Mais aujourd’hui, nous avons anticipé cette pratique et nous avons rappelé les règles aux candidats. On ne verra plus de telles images » explique à franceinfo, Sylvie Pierre Brossolette, membre du CSA avant d’ajouter que l’objectif de cette règle est de « protéger les emblèmes nationaux, pour qu'ils ne soient pas instrumentalisés à des fins partisanes ».
Pour le communicant Jacky Isabello, ce lourd cahier des charges rend les clips officiels « désuets ». « On ne peut pas appeler son copain Steven Spielberg et lui dire : fais moi mon clip de campagne. C’est avec les outils de l’Etat, les budgets de l’Etat, qu’on doit réaliser dans un cadre contraint, ce clip audiovisuel. L’exercice est tellement cadré qu’on peut rarement être créatif. Sauf à regarder ce qu’a fait Philippe Poutou ».
Philippe Poutou, la parodie
Comme mentionnée plus haut, pour le moment seul Philippe Poutou s’est démarqué avec un clip parodique. En 2012, le candidat du NPA s’était déjà inspiré de certains codes culturels avec une parodie de l’émission « Questions pour un champion » ou une reprise du film « The Artist ». « C’est bien pour le buzz (…) C’est dans son rôle d’être un petit peu le trublion, le bouffon de la campagne mais ce n’est pas très crédibilisant. Je ne pense pas que ça va lui faire gagner de voix. C’est un peu dommage car ce n’est pas vraiment un clip politique » estime le communicant Philippe Moreau-Chevrolet.
Benoît Hamon le candidat « désirable »
Le candidat socialiste n’a pas appelé « son copain Steven Spielberg » mais sa « copine » Valérie Donzelli, la réalisatrice de « la guerre est déclarée ». Benoit Hamon essaye de contrer la traditionnelle image d’un candidat s’adressant aux Fançais, face caméra et choisit de poser sa voix sur ses images de meetings. « Je comprends vos inquiétudes » commence celui qui exhorte les Français à cesser de voter contre mais à voter pour ». Pour quoi ? « Pour plus de justice, plus d’écologie et de fraternité. Bref, « pour un futur désirable ».
Marine Le Pen cible Emmanuel Macron et François Fillon
On l’avait déjà vu en février, lors du lancement de sa campagne à Lyon, à la barre du bateau France. Un clip diffusé en prélude de son discours de clôture de ses « assises présidentielles », qui par la suite, a été de nombreuses fois détourné sur les réseaux sociaux. Dans une nouvelle vidéo de 3 minutes 30, elle fait cette fois-ci dans le classique. Un fond bleu ciel et une candidate FN qui s’adresse aux Français, face caméra. Elle y fustige « les quinquennats de Messieurs Fillon et Macron » et présente ses propositions en matière économique et sociale : lutte contre le chômage, pouvoir d’achat, fiscalité, retraite… « Son objectif central ? » « Plus de justice sociale et plus de pouvoir d’achat pour les Français » conclut-elle.
Emmanuel Macron « le candidat du travail »
Emmanuel Macron avait créé une mini polémique il y a un an par son clip de lancement du mouvement « En Marche », en grande partie composé d’images étrangères. Pour son clip de campagne, Emmanuel Macron a fait appel à la même boite de production « Jésus et Gabriel » pour « remettre la France en Marche ». Alternant mise en scène au milieu des Français, et discours face caméra, Emmanuel Macron se présente comme « le candidat du travail » en évoquant ses principales propositions comme la suppression du RSI, 15 milliards d’euros pour la formation, revalorisation des heures supplémentaires… voir la vidéo ici
François Fillon : le projet avant le candidat
« Chômage, bureaucratie, matraquage fiscal, dette, pauvreté, insécurité, terrorisme », défilant sur un fond gris, ces maux qui, selon François Fillon, frappent la France, donnent un petit côté anxiogène au début de son clip. Ensuite, le candidat LR apparaît et déroule son programme : « la liberté » contre « le chômage », « diminuer la dette pour redonner de l’oxygène au pays ». « Mon projet est précis, solide. Il est conquérant et sera victorieux » annonce-t-il.
Jean-Luc Mélenchon et les drapeaux furtifs
Un clip en deux parties : une première composée d’images de ses rassemblements publics, où l’on peut percevoir, d’ailleurs, des drapeaux tricolores. Une deuxième plus classique d’un candidat exposant ses propositions phares face caméra : mise en place d’une 6ème République, règle verte, possibilité de révocation des élus. La forme est bien moins originale que son hologramme, toutefois l’équipe de campagne du candidat de la France Insoumise promet pas moins de 18 vidéos réalisées par Henri Poulain, co-créateur de la chaîne YouTube Datagueule.
Nicolas Dupont-Aignan dans la cour des grands
S’il n’est pas classé dans les sondages parmi les favoris de la présidentielle, Nicolas Dupont Aignan adopte les mêmes codes cinématographiques pour réaliser son clip de campagne. « C’est vraiment la rencontre d’un homme et d’un peuple. C’est vraiment surdimensionné pour un petit candidat donc ça l’aide à se présidentialiser » juge Philippe Moreau-Chevrolet. Le candidat de Débout la France se met en scène dans différents paysages français. Il ouvre et conclut sa vidéo par un « j’aime la France » rédigé sur une feuille de papier. « Voulez-vous en reprendre pour cinq ans avec ceux qui n'ont pas tenu leurs promesses quand ils étaient ministres ou Premier ministre? » interroge-t-il.
Nathalie Arthaud : le fond rouge de la lutte
Sans musique et sur fond rouge, la candidate LO s’adresse aux travailleurs, ceux qui font « tourner toute la société » pour proposer « un vote de dignité et de combativité ouvrière ».
Jean Lassalle candidat de l’égalité des chances
On peut difficilement faire plus sobre : un fond noir et un candidat s’adressant aux Français. « Égalité des chances, égalité des chances sur l’ensemble du territoire » martèle Jean Lassalle.
François Asselineau: le candidat du Frexit
Mise à part un extrait d’un de ses meetings au début de son clip, le candidat de l’UPR choisi un fond vert qui porte l’inscription de son site Internet pour dérouler les bienfaits de son Frexit.
Jacques Cheminade « ne veut pas faire comme les autres candidats »
S’il ne « veut pas faire comme les autres candidats en « alignant « des mesures pour soulager des urgences », la forme de son clip de campagne ne brille pas par son originalité. Jacques Cheminade veut libérer la France « de l’occupation financière » et propose aux téléspectateurs d’aller sur son site Internet pour « voir comment les David peuvent battre les Goliath ».
Alors que François Bayrou souhaite pouvoir avoir le ministre de l’Intérieur sortant dans son équipe, Bruno Retailleau a obtenu les garanties qu’il attendait, selon l’entourage du ministre. Il est prêt à lâcher l’idée d’un grand texte immigration, qui susciterait une levée de boucliers, pour « saucissonner » les sujets via plusieurs propositions de loi. Globalement, les LR sont rassurés et devraient rester au gouvernement.
Alors que le premier ministre a demandé aux partis de se positionner par rapport à l’exécutif selon trois choix, les partis de gauche ne souhaitent pas rentrer pas dans le jeu de François Bayrou. Ils attendent des signaux qui pourraient les amener à ne pas censurer. Mais ils ne les voient toujours pas…
C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».
Les chefs de partis et de groupes parlementaires étaient reçus à Matignon par François Bayrou, qui promet de former un gouvernement « avant Noël ». Une rencontre dont les socialistes, écologistes et communistes ressortent sans avoir « trouvé de raison de ne pas censurer » le nouveau Premier ministre, rapporte Olivier Faure.