Officiellement candidat à sa réélection, Emmanuel Macron va désormais devoir alterner entre son costume de chef d’Etat, confronté à une crise internationale inédite en Europe depuis la fin de la guerre froide, et ses habits de candidat, auquel il ne reste plus qu’un mois pour faire campagne. Mais face à la gravité de la situation en Ukraine, il y a fort à parier que le premier l’emporte sur le second. « Dans ce contexte, dévier de ses responsabilités ne serait pas très compréhensible », a estimé lundi matin Stanislas Guerini, le délégué général de La République en marche, qui était invité de « Bonjour chez vous ! », la matinale de Public Sénat. Néanmoins, « Emmanuel Macron profitera de tous les interstices que l’agenda international et son agenda de président de la République lui offrent pour aller à la rencontre des Français », promet-il. « Il lui faudra beaucoup d’agilité pour pouvoir profiter des moments qui lui seront offerts. »
Le chef de l’Etat ne fera pas la campagne électorale qu’il entendait mener. Un premier meeting, prévu samedi dernier à Marseille a été annulé. Un second, annoncé pour le 12, également à Marseille, pourrait connaître le même sort. « Nous ne l’avons pas confirmé », indique Stanislas Guerini, qui laisse entendre que les équipes de La République en marche planchent sur une campagne sans réunion publique. « Je ne dis pas qu’il n’y aura pas de rassemblements dans cette campagne, nuance le député de Paris, mais chacun peut comprendre qu’un format de meeting 100 % classique, avec que des partisans, est une forme qui ne correspond pas exactement à ce que nous sommes en train de vivre. »
« Je n’ai jamais vu le chef de l’Etat ne pas accepter d’avoir des moments de dialogue »
Depuis qu’Emmanuel Macron a levé le voile sur ses intentions, sous la forme d’une « Lettre aux Français », diffusée jeudi soir sur Internet et reprise le lendemain par les quotidiens de la presse régionale, nombre de ses concurrents dans la course à l’Elysée craignent que le président sortant n’utilise le contexte international pour escamoter le débat d’idées. « Peut-être qu’il participera à des émissions », veut rassurer Stanislas Guerini. « L’ensemble des chaînes font des propositions, je n’ai jamais vu le chef de l’Etat ne pas accepter d’avoir des moments de dialogue, de confrontation, de ‘controverse’ pour reprendre ses mots. »
Interrogé sur l’équipe autour du candidat-président, et l’absence pour le moment de directeur de campagne, alors que le nom de Julien Denormandie, l’actuel ministre de l’Agriculture, a beaucoup circulé dans la presse, Stanislas Guerini botte en touche : « Dans une élection présidentielle, le principal décideur c’est le candidat ».
Départ de Nathalie Elimas
Ecartée du gouvernement suite à des accusations de harcèlement, Nathalie Elimas, l’ex-secrétaire d’État à l’Education prioritaire, a indiqué au Parisien son intention de se consacrer à la campagne présidentielle. Une annonce qui semble laisser perplexe Stanislas Guerini. Aura-t-elle une place au sein de l’équipe de campagne ? « Je ne suis pas persuadé », admet le patron de LREM. « Si elle souhaite s’engager, évidemment, qu’elle puisse le faire ! Mais je crois que si les choses se sont réglées de cette façon-là, avec une enquête interne et une décision de sortie du gouvernement, c’est qu’il devait y avoir matière pour qu’elle puisse sortir du gouvernement », glisse notre invité. Et de conclure : « Je crois que quand on plaide l’exemplarité, il faut qu’elle puisse s’appliquer. »