Alors que les députés PS soutiennent l’abrogation de la réforme des retraites portée par La France insoumise, qui efface également le mécanisme mis en place par l’ancienne ministre de la Santé Marisol Touraine sous François Hollande, le sénateur Bernard Jomier (Place publique), appelle les parlementaires de gauche à ne pas aller trop loin face aux enjeux démographiques.
Présidentielle : Emmanuel Macron dépasse les 30 % d’intentions de vote, dans la nouvelle enquête du Cevipof
Par Public Sénat
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La guerre, à moins de 2 000 kilomètres de la France, percute la présidentielle. La sixième vague de l’enquête électorale française 2022, réalisée avec Ipsos Sopra Steria, pour le Cevipof (Sciences Po), la Fondation Jean Jaurès et le quotidien Le Monde, montre que le conflit dans l’Est de l’Europe préoccupe nettement l’opinion publique. 90 % des personnes interrogées se disent inquiètes (43 % se disent très inquiètes, 47 % plutôt inquiètes) par la guerre en Ukraine, dans cette enquête réalisée du 2 au 3 mars.
90 % se disent inquiets des conséquences économiques, et 84 % redoutent une possible extension du conflit au-delà des frontières ukrainiennes. Et 76 % des personnes interrogées sont préoccupées par la possibilité d’un conflit nucléaire.
La part des personnes qui se disent inquiètent varient suivant leur intention de vote au premier tour. Ce sont chez les électeurs d’Emmanuel Macron (97 %), de Yannick Jadot (94 %) et de Valérie Pécresse (93 %) qu’elles sont les plus représentées. Leur part est un peu moins élevée chez les électeurs de Marine Le Pen (85 %), Jean-Luc Mélenchon (85 %) ou Éric Zemmour (84 %).
En l’espace de quelques jours, la guerre en Ukraine s’est hissée parmi les principaux sujets de préoccupation des Français. Lorsque le panel de cette étude a été invité à citer ses trois plus grandes préoccupations, 52 % ont systématiquement évoqué le pouvoir d’achat, immédiatement suivi par la guerre en Ukraine (50 %). Suivent l’environnement (25 %), l’immigration (23 %), puis le système de santé (21 %). « Elle écrase un peu les enjeux sur l’environnement et l’immigration. Elle s’est installée en moins d’une semaine, c’est énorme », commente Martial Foucault, directeur du Cevipof. « Dans les années 2010, le chômage était la priorité numéro 1 : on était à 30 ou 35 % et c’était déjà considérable. »
Valérie Pécresse poursuit son recul
Dans ce contexte inédit, Emmanuel Macron bondit dans les intentions de vote (*). 30,5 % des personnes interrogées (et qui se disent certaines d’aller voter) se prononcent en faveur du chef de l’État, soit quatre points de plus depuis la précédente enquête, menée du 24 au 28 février, et six points et demi de plus en un mois. À ce niveau, la marge d’erreur est de plus ou moins 1,9 point. Marine Le Pen arrive en deuxième position avec 14,5 % d’intention de vote (-1 point en moins d’une semaine, suivie d’Éric Zemmour (13 %, -2 points), Jean-Luc Mélenchon (12 %, -0,5 point) et Valérie Pécresse (11,5 %, -1 point). « Une augmentation de six points en quatre semaines, c’est quand même inédit. Le phénomène de rally 'round the flag (ralliement autour du drapeau) est en train de se produire pour Emmanuel Macron », observe le politologue Martial Foucault. Selon lui, la guerre a « démonétisé les opposants qui ont pris des positions contestées vis-à-vis de la Russie », comme Marine Le Pen et encore plus Éric Zemmour.
Sous la barre des 10 %, les autres candidats se maintiennent à leurs niveaux : Yannick Jadot recueille 7,5 % d’intentions de vote (+ 0,5 point sur un mois), Fabien Roussel 4 %, Anne Hidalgo 2,5 %, Nicolas Dupont-Aignan 1,5 %, Jean Lassalle 1,5 %, Philippe Poutou 1 % et Nathalie Arthaud 0,5 %.
Au second tour, Emmanuel Macron continue de creuser l’écart avec ses adversaires potentiels : il serait victorieux face à Marine Le Pen (par 59 %, +1 point sur une semaine), Éric Zemmour (par 65 %, + 2 points), Jean-Luc Mélenchon (par 67 %). Ou encore face à Valérie Pécresse, par 64 %. Face à la candidate LR, l’écart s’est creusé de 5 points en seulement une semaine.
Avec une chute de quatre points au premier tour en un mois, Valérie Pécresse ne parvient pas à mettre fin à un trou d’air dans les enquêtes. À 11,5 %, elle est désormais derrière Jean-Luc Mélenchon (12 %), mais la marge d’erreur à ce niveau est de 1,3 point. L’électorat de droite de 2017 est parti sur d’autres contrées. Seulement 38 % des électeurs de François Fillon ont l’intention de voter pour Valérie Pécresse, c’est 9 points de moins en quatre semaines, et 14 de moins par rapport à décembre 2021. 32 % des électeurs de François Fillon se dirigeaient vers Emmanuel Macron, 21 % vers Éric Zemmour et 5 % vers Marine Le Pen. « Quand bien même on aurait pu penser qu’elle appartient à une famille politique qui a eu l’occasion d’exercer le pouvoir, qui aurait le sens des responsabilités, les Français ne lui attribuent pas cette capacité à faire aussi bien qu’Emmanuel Macron. L’idée qu’elle puisse gérer l’avenir de la France dans ce contexte chahuté n’a pas de prise sur les électeurs », observe Martial Foucault.
57 % des Français affirment que leur choix de vote est définitif
Une donnée est peut-être encore plus inquiétante pour la présidente de la région Île-de-France. Seulement 48 % des personnes qui envisagent de voter pour elle sont sûres de leur choix, 52 % pourraient encore changer d’avis (**). À titre de comparaison, 72 % des personnes souhaitant voter Emmanuel Macron estiment que leur choix est définitif, 70 % chez Marine Le Pen, 67 % chez Éric Zemmour, 54 % chez Jean-Luc Mélenchon. En moyenne, dans le panel étudié, 57 % des personnes sûres d’aller voter estiment que leur choix de candidat est « définitif ». Autant dire que la cote d’alerte est proche pour la candidate LR. « On commence à s’approcher d’un seuil un peu fatidique des 10 %. Pour elle, l’enjeu c’est de ne pas renouveler l’accident Bellamy aux élections européennes de 2019 (sa liste avait recueilli 8,48 %, ndlr) », estime Martial Foucault. En moyenne 57 % des Français affirment que leur choix de vote est définitif.
Depuis l’enquête menée du 24 au 28 février (**), l’intérêt pour l’élection présidentielle a remonté sensiblement. En moyenne, 80 % des personnes interrogées se disent intéressées par la campagne, c’est huit de plus en une semaine.
La part des personnes qui se disent certaines d’aller voter s’établit à 66 %, en progression par rapport à début février (+ 1 point), mais en recul par rapport à la même période il y a cinq ans (- 2 points). En 2017, ce taux avait augmenté dans les derniers jours de campagne, pour atteindre 78 %. Le taux de participation au premier tour avait finalement atteint 77,7 %.
Toujours dans cette enquête menée avant la déclaration de candidature du chef de l’État, les personnes interrogées étaient cependant très mitigées sur le bilan du chef de l’État : 28 % ont attribué une note de 7 à 10 (sur 10) pour qualifier l’action du président de la République. 33 % ont préféré choisir une note allant de 4 à 6. Enfin, 39 % ont attribué une note pouvant aller de 0 à 3. En moyenne, le panel lui décerne une note de 4,3.
(*) Méthodologie : L’enquête a été menée du 2 au 3 mars 2022, sur Internet via l’Access Panel Online d’Ipsos, auprès d’un échantillon 3 599 personnes, constituant un échantillon national représentatif de la population française, inscrite sur les listes électorales, âgée de 18 ans et plus. L’enquête a appliqué la méthode des quotas : sexe, âge, profession de la personne interrogée, catégorie d’agglomération, région. Les interviews ont débuté après l’intervention télévisée du président de la République diffusée le 2 mars à 20h. Elles ont été réalisées avant la publication de la « Lettre aux Français » du Chef de l’État dans la soirée du 3 mars.
(**) Une précédente enquête a été menée du 24 au 27 février 2022, sur Internet via l’Access Panel Online d’Ipsos, auprès d’un échantillon 13 651 personnes, constituant un échantillon national représentatif de la population française, inscrite sur les listes électorales, âgée de 18 ans et plus. L’enquête a appliqué la méthode des quotas : sexe, âge, profession de la personne interrogée, catégorie d’agglomération, région.