Pour la gauche sénatoriale l’abandon de cette mesure budgétaire, largement fustigée par la classe politique, est d’abord une manière pour le Premier ministre de tenter d’amadouer le Rassemblement national avant le vote d’une probable motion de censure la semaine prochaine. De leur côté, les soutiens du gouvernement font valoir son impact sur le portefeuille des Français.
Pourquoi Marine Le Pen nie-t-elle être d’extrême-droite ?
Par Tâm Tran Huy
Publié le
Lors de l’élection de 2022, on a vu les médias se poser une question qu’ils avaient peu posé auparavant : Marine Le Pen est-elle d’extrême-droite ? Jusque-là, le doute n’était pas permis bien que la candidate du RN nie être d’extrême-droite depuis une dizaine d’années, depuis qu’elle est arrivée à la tête du parti.
Pourquoi refuser un tel qualificatif ? A quoi renvoie l’extrême-droite ? Avec Gilles Ivaldi, chercheur au Cevipof et spécialiste de l'extrême droite en France et en Europe, nous comprenons que ce parti continue à renvoyer à des heures sombres de notre histoire, au fascisme, au nazisme, des références particulièrement marquées, stigmatisantes et donc encombrantes pour un parti qui désormais prétend à gouverner.
L’extrême-droite est d’ailleurs au pouvoir dans certains partis européens : l’exemple le plus marquant est aujourd’hui celui de la Hongrie de Viktor Orban, le premier ministre hongrois, qui a vu son mandat renouvelé une quatrième fois au mois d’avril. A travers sa stratégie de « démocratie illibérale », le leader hongrois a imposé un régime qui est encore démocratique en façade mais qui confine à l’autocratie, qui musèle aujourd’hui les contre-pouvoirs et qui est ouvertement xénophobe.
Sur ce point, celui de la politique anti-immigration, la candidate du RN est apparue presque modérée par rapport au candidat de Reconquête, Eric Zemmour. Alors le RN a-t-il vraiment changé ou Marine Le Pen a-t-elle simplement édulcoré le discours ? La candidate, qui a fait du pouvoir d’achat le cœur de sa campagne, est-elle parvenu à ses fins dans sa stratégie de dédiabolisation ?
Je vote, tu votes, nous votons – le podcast
Chaque semaine, pendant toute la campagne électorale, le podcast de Public Sénat et du Cevipof-Sciences Po explore un pan du vote des Français. Tâm Tran Huy dialogue avec un chercheur le comportement électoral de nos concitoyens. Comment chacun choisit son candidat ? En fonction de son milieu social, de son parcours de vie, de ses émotions ? Est-ce que les jeunes votent comme leurs parents ? Les gens qui achètent une voiture électrique mettent-ils tous un bulletin vert dans l'urne ? Etc.
Parce qu’une élection présidentielle, ce ne sont pas que des candidats ambitieux et des petites phrases assassines, mais qu’elle concerne surtout des millions d’électrices et d’électeurs, nous avons souhaité décrypter avec vous leurs comportements dans les urnes.
Références de l'épisode :
Gilles Ivaldi, De Le Pen à Trump : le défi populiste, Université libre de Bruxelles, 2019.
Les faux-semblants du Front national : Sociologie d'un parti politique, sous la dir. de Sylvain Crépon , Alexandre Dézé, Nonna Mayer, Presses de Sciences Po, 2015
Valérie Igounet, Le Front National. de 1972 à nos jours. Le parti, les hommes, les idées, Le Seul, 2014
Ivaldi, Gilles (2022), « La droite radicale en Europe : acteurs, transformations et dynamiques électorales », in Matériaux pour l’histoire de notre temps, vol. 139-142, n°1-4, 2021, pp.16-22
Ivaldi, Gilles (2021) « La montée du populisme autoritaire. Ce qu’en disent les enquêtes Valeurs », in Futuribles, n°443, juillet-août, p.25-38
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