Alors que le gouvernement demande un effort budgétaire de 5 milliards d’euros aux collectivités – « 11 milliards » selon les élus – le socialiste Karim Bouamrane affirme que « Michel Barnier est totalement inconscient ». Le PS a organisé ce matin, devant le congrès des maires, un rassemblement pour défendre les services publics.
« Pour tout vous dire, j’ai honte d’avoir fait ces affiches » : le mea culpa de Robert Ménard sur les migrants
Par Romain David
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« Bien sûr qu’il faut les accueillir ! » Invité jeudi matin de « Bonjour chez vous ! », la matinale de Public Sénat, Robert Ménard, le maire de Béziers, a plaidé pour l’accueil des réfugiés ukrainiens qui fuient la guerre. Deux millions de personnes ont déjà dû quitter le pays, quinze jours seulement après le début de l’invasion russe. Ils pourraient être plus de quatre millions, selon les projections de l’ONU. « Nous avons accueilli un certain nombre de gens à Béziers, nous en sommes à la quatrième famille », explique le cofondateur de Reporters sans frontières. « Je n’ai pas attendu de savoir ce que l’Etat et l’Association des Maires de France allaient faire ou ne pas faire. Qu’est-ce que vous répondez aux gens quand ils vous appellent ? […] On accueille, on a mis à disposition des locaux municipaux. J’ai réquisitionné un certain nombre de logements vides, et on continuera à les accueillir », indique l’édile.
« C’est le minimum que l’on doit faire », estime encore Robert Ménard, qui pointe le changement de discours d’Éric Zemmour sur cette question. « Nous savons faire la différence entre des migrants et des réfugiés issus d’une civilisation chrétienne », a déclaré le polémiste lors d’un meeting à Toulon, estimant que les réfugiés francophones ou avec des attaches en France pouvaient être accueillis par les communes qui en ont les moyens. « Je constate qu’Éric Zemmour a changé d’avis là-dessus. Pour quelqu’un qui ne devait jamais changer, ne devait jamais faire de la politique comme les autres, et donc ne devait jamais écouter l’opinion, c’est un peu raté… », ironise Robert Ménard.
« Je crois qu’Éric Zemmour se trompe »
Plus largement, il estime que le discours d’Éric Zemmour sur les migrants est « dur, cassant, sans beaucoup de traces d’humanité, et ça c’est insupportable ». « Quand on s’intéresse aux gens, on ne s’intéresse pas qu’à la France, mais aussi aux Français. Les plus faibles d’entre eux sont dans des situations si difficiles que, peut-être, on n’a pas besoin d’en rajouter. Peut-être que l’on a besoin de rassurer les gens. Je crois qu’Éric Zemmour se trompe, qu’il fait un mauvais choix. Cela fait 15 ans que l’on se connaît. Aujourd’hui je ne sais pas s’il faut dire ‘on est’ ou ‘on était’ amis », explique Robert Ménard, qui pense toutefois qu’une alliance entre le polémiste et Marine Le Pen « se fera par la force des choses ».
Des affiches « que je ne referais plus »
Lui-même admet avoir changé d’avis sur la question de l’accueil des migrants. En 2016, le maire de Béziers avait notamment suscité une vive polémique en faisant placarder sur les murs de sa ville une affiche sur laquelle des hommes de couleurs étaient massés autour d’une église, avec la mention : « Ça y est ils arrivent... Les migrants dans notre centre-ville ». La Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme et l'antisémitisme (Dilcra) et SOS Racisme avaient fait savoir leur intention de saisir la justice pour provocation à la haine raciale. Dans la foulée, une enquête avait été ouverte par le parquet de Béziers. « Quand il y a eu la grave crise en Syrie, j’ai fait des déclarations, le journal municipal a fait des Unes, des affiches aussi. Et que je ne referais plus. Et que, pour tout vous dire, j’ai honte d’avoir faites », avoue Robert Ménard.
« Le métier de maire vous apprend le pragmatisme. Confronté à cette population, je me suis rendu compte qu’un certain nombre de grands discours idéologiques ne rendaient pas compte de la réalité, se cassaient le nez sur les gens », poursuit l’élu, qui admet avoir été « touché » par la situation de certaines personnes. Soutien de Marine Le Pen pour la présidentielle, Robert Ménard précise toutefois : « Emmanuel Macron n’est évidemment pas ma tasse de thé sur les questions d’immigration, de sécurité ou d’identité. Je pense que les cinq ans que l’on vient de passer sont cinq ans de perdus dans ce domaine-là. »