Partir ou rester ? C’est par cette dichotomie qu’on peut habituellement résumer les propositions des candidats à la présidentielle sur la place de la France dans l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN). Dans une campagne marquée par la guerre en Ukraine et où se sont multipliées les réunions de l’organisation atlantiste, la question de l’appartenance à cette dernière, revient au premier plan.
Pour la sortie du commandement intégré de l’Otan, mais pas avant la fin du conflit ukrainien
C’est le revirement le plus récent dans l’actualité. Interrogée hier soir sur Cnews, Marine Le Pen a déclaré qu’elle ne quitterait pas le commandement intégré de l’Otan tant que la guerre en Ukraine fait rage. « On ne va pas le faire alors qu’il y a une guerre dans un pays européen » a-t-elle expliqué. « Il n’est pas question, surtout en ce moment, de sortir du camp occidental mais il faudra le faire ». La candidate du RN à la présidentielle affirme qu’elle quittera la structure dès lors que le conflit sera fini. Dans son programme, Marine Le Pen voulait initialement quitter l’Otan sans délai, estimant qu’il s’agissait d’une « organisation belliciste » qui vise « l’encerclement dangereux de la Russie ». Même volte-face chez Fabien Roussel, invité sur Cnews le 8 mars. « Aujourd’hui ce n’est absolument pas le sujet » a déclaré le candidat du PCF, qui estime tout de même qu’il faudra, à l’issue de la guerre, trouver une nouvelle « logique de sécurité collective ».
Pour un départ immédiat de l’Otan ou de son commandement intégré
Certains candidats ne veulent pas attendre la fin du conflit pour claquer la porte de l’alliance atlantique. Jean-Luc Mélenchon entend quitter immédiatement le commandement intégré puis, étape par étape, l’organisation dans son ensemble. Lors d’un meeting à Lyon le 6 mars, Jean-Luc Mélenchon avait qualifié l’Otan d’« organisation inutile qui provoque des tensions » et proposé des « alliances altermondialistes qui partent de l’intérêt général humain » sans donner plus de précisions. Philippe Poutou, candidat du Nouveau Parti Anticapitaliste, surenchérit en demandant le « démantèlement » de l’alliance atlantique.
Si Nathalie Arthaud n’a pas formulé de proposition claire à ce sujet. Elle prône un non-alignement et estime : « C’est la politique impérialiste des États-Unis, de l’OTAN et des puissances occidentales qui a fait de l’Ukraine le théâtre de leur bras de fer. Qui a ceinturé la Russie de bases militaires ? Qui exerce une pression constante pour que les pays voisins de la Russie adhèrent à l’OTAN ? » a-t-elle affirmé lors de son meeting à Bordeaux le 18 mars dernier.
Même son de cloche à droite, où Éric Zemmour et Nicolas Dupont-Aignan, qui citent la décision de Charles de Gaulle de 1966. Ils veulent quitter le commandement intégré de l’organisation. Le premier dénonce une « perte d’autonomie stratégique » au profit des Américains quand le second veut que la France devienne un « médiateur entre la Russie et l’Otan ». Dans un registre similaire, Jean Lassalle veut « préparer notre désengagement » de l’alliance. Le candidat du parti Résistons ! dénonce, dans le cadre du conflit ukrainien, une « mise sous tutelle du continent européen par l’Otan et les Etats-Unis ».
Pour un maintien dans l’alliance
Sur l’ensemble des candidats, seule une minorité défend l’engagement atlantiste de la France. Ainsi, le président sortant Emmanuel Macron ne se détache pas du « et en même temps » et veut à la fois se maintenir dans l’OTAN et développer la défense européenne. L’organisation qu’il avait estimé être en état de « mort cérébrale » a selon lui retrouvé une « clarification stratégique » avec la guerre en Ukraine. Le candidat écologiste Yannick Jadot et Valérie Pécresse (LR) entendent également travailler sur le dossier de la défense commune au sein de l’UE, tout en se maintenant dans l’Alliance. La candidate socialiste Anne Hidalgo, de son côté, ne fait aucune mention de l’alliance dans son programme. À l’occasion de la commémoration du 11 novembre, la maire de Paris avait loué dans un tweet les relations franco-américaines. En janvier, elle estimait que la réponse à ce qui n’était alors qu’une crise ukrainienne devait être apportée au niveau européen. Elle a ensuite fortement critiqué la position de Jean-Luc Mélenchon