Métro du Grand Paris: une livraison globale en 2030 et des économies demandées

Métro du Grand Paris: une livraison globale en 2030 et des économies demandées

Le Premier ministre a promis que « toutes les lignes » du Grand Paris Express seraient construites et a maintenu l’objectif de 2030 pour la fin de l’ensemble des chantiers. Mais la livraison de plusieurs tronçons sera repoussée, et le gouvernement va demander à la Société du Grand Paris de « comprimer le coût global du projet ».
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« Chantier du siècle » ou « pharaonique », projet « redoutablement compliqué », « risques géologiques considérables » : Édouard Philippe a multiplié ce jeudi les superlatifs au sujet du Grand Paris Express. Né en 2009, ce chantier d’un super métro automatique de 200 kilomètres de long autour de Paris, qui prévoit quatre nouvelles lignes (15, 16, 17 et 18) et le prolongement de la ligne 14, a vu son coût et son calendrier déraper au fil des années.

Le Premier ministre a annoncé un « recalage » des délais. Le nouveau calendrier est « réaliste, tenable, mais déjà tendu ». « Redonner de la robustesse » au projet, « cela veut dire confirmer la volonté de l’État de mener à bien ce projet à l’horizon 2030 dans toutes les composantes initialement prévues et de le rendre totalement irréversible », a-t-il déclaré.

Le Grand Paris Express « ira à son terme, dans sa totalité »

L’ensemble du supermétro est aussi sanctuarisé. Le projet « ira à son terme, dans sa totalité […] Toutes les lignes seront faites », a répété le Premier ministre, comme en réponse aux élus locaux, très inquiets ces derniers mois sur l’avenir de certains tronçons.

Assurant vouloir tenir un « langage de vérité », Édouard Philippe a insisté sur la nécessité de « lisser » ou de « prioriser » certains travaux.

Très attendue par les habitants de la petite et de la grande couronne parisienne, la réalisation du Grand Paris Express l’est aussi par les organisateurs des Jeux olympiques de 2024, pour la desserte des différents sites.

Priorité aux lignes qui desserviront notamment les sites olympiques

La ministre des Transports a listé deux priorités « pour une mise en service à l’horizon 2024 ». Tout d’abord, le prolongement de la ligne 14 vers le nord (jusque Saint-Denis-Pleyel) et vers le sud (jusqu’à l’aéroport d’Orly). Mais aussi la création du tronçon commun aux lignes 16 et 17, au nord, entre Saint-Denis-Peyel et Le Blanc Mesnil. Ces deux aménagements sont « nécessaires au bon déroulement des JO », a estimé la ministre. Il faut rappeler que le quartier Pleyel de la ville de Saint-Denis doit accueillir le village olympique.

Incertitude toutefois pour le calendrier de la desserte de l’aéroport du Bourget. « La procédure d’appels d’offres permettra de savoir s’il est techniquement possible de desservir la gare du Bourget aéroport pour les JO de 2024 », a annoncé Élisabeth Borne.

Elle a également fixé l’échéance 2024 pour la création de la ligne 15, au sud de la capitale, de Pont-de-Sèvres à Noisy-Champs. Cette section était, en 2015, prévue pour 2022.

La deuxième priorité pour 2024 sera la création de la ligne 16 entre la gare RER du Bourget et Clichy-Montfermeil (Seine-Saint-Denis), à l’Est de Paris, qualifiée « d’axe de cohésion majeur » pour la métropole parisienne.

Des retards de trois à six ans sur les autres tronçons

Quant aux autres tronçons, retardés, la ministre a prévenu que l’objectif du gouvernement serait de « faire au plus vite, mais en maîtrisant les coûts à terminaison et en respectant les délais que l’on aura fixés ».

La ligne 18, devant desservir le technopôle du plateau de Saclay (au nord de l'Essonne et au sud-est des Yvelines), était l’une des lignes qui a soulevé le plus de craintes parmi les élus. Elle sera réalisée « au plus tard en 2027 », soit trois ans après la date initialement prévue.

Idem pour la ligne 17, qui doit relier l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle au nord de Paris : « au plus tard en 2027 », et non 2024.

La section de la ligne 16 entre Clichy-Montfermeil et Noisy-Champs sera construite « au plus tard en 2030 », soit avec un retard de six années sur le calendrier initial.

Réduire le coût global de 10%, un « objectif sain », pour le Premier ministre

Outre le calendrier, le chef du gouvernement a fait de la maîtrise des coûts le deuxième axe du nouveau pilotage. Il y a un mois, la Cour des comptes avait tiré la sonnette d’alarme en évaluant le surcoût de la nouvelle facture du Grand Paris Express à 13 milliards d’euros. « Je ne peux pas prendre le risque de voir des dépassements devenir la règle et finalement nous échapper […] Je ne veux pas que les chiffres dérivent à nouveau », a demandé Édouard Philippe.

Le Premier ministre a annoncé que la direction de la Société du Grand Paris, en charge des chantiers, serait renouvelée. Sa première mission sera de chercher à réduire le coût global des nouvelles gares et lignes. « Nous demanderons à la Société du Grand Paris de préparer un plan d’optimisation de son fonctionnement pour comprimer le coût global du projet », a précisé le Premier ministre, en tout se disant conscient des « risques ».

Situé à une profondeur deux fois plus élevée que le réseau actuel du RER, le Grand Paris Express fait face à des inconnues dans le sous-sol francilien. Deux chantiers ont déjà été très perturbés par des coulées de boue ou l’arrivée d’eau en grande quantité.

Dans le même temps, des moyens humains « supplémentaires » seront alloués à la Société du Grand Paris. Elle en a « cruellement besoin », a insisté Édouard Philippe. Une mission sera confiée au député (LR) Gilles Carrez, l’ancien président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, pour « consolider » le modèle économique de la Société du Grand Paris.

Une optimisation de 10% du budget de la Société du Grand Paris, un "objectif sain"
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Dans ces conditions, jusqu’où pourra aller « l’optimisation » budgétaire réclamée à la Société du Grand Paris ». 10% serait un « objectif sain », selon Édouard Philippe.

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