Après l'utilisation du 49.3 par le Premier ministre ce lundi 2 décembre sur le projet de loi de finances de la Sécurité sociale (PLFSS), le Nouveau Front Populaire et le Rassemblement national ont déposé deux motions de censure. Elles seront débattues à l'Assemblée nationale ce mercredi 4 décembre à partir de 16 heures.
Manuel Valls : « Pour mon pays, je souhaite un 2nd tour entre Valérie Pécresse et Emmanuel Macron »
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Ancien Premier ministre passé par une expérience politique écourtée à Barcelone et maintenant chroniqueur à la télévision, il est un peu difficile de comprendre exactement le rôle qu’entend jouer Manuel Valls dans la politique française. « Je suis un acteur politique » répond le principal intéressé en rappelant qu’à « 15 minutes de débat par semaine », sa carrière dans l’audiovisuel est encore loin d’être fulgurante. Mais Manuel Valls n’a pas de mandat pour mener son travail « d’acteur politique », alors à quoi pourrait-il être candidat ? « J’ai une très grande liberté, je ne sais pas de quoi sera fait le destin », temporise l’ancien Premier ministre, qui ne serait donc candidat à rien, « ou à tout » ose-t-il.
« Nous ne sommes pas au bout des recompositions engendrées par 2017 »
Toujours est-il que Manuel Valls est pour le moment cantonné au rôle d’observateur de la vie politique, dans lequel il semble plutôt à l’aise, notamment en prophète d’une « union sacrée » future : « La campagne n’est pas encore cristallisée et deux sujets sont encore à venir avec la recomposition des droites et le problème de la figure du Président de la République seul face au peuple. La question c’est comment l’on sort de cette impasse. […] Je considère qu’il faut une union sacrée, un compromis national entre majorité et opposition. » Et derrière l’analyste, le politique n’est jamais très loin : « Je suis un acteur de la politique, et après cette élection présidentielle, il y aura des recompositions. Il faudra un cadre radicalement nouveau et je veux y participer. »
Manuel Valls attend donc son heure, sûr de son diagnostic. 2017 a été un séisme dans la vie politique française, 2022 sera le théâtre des répliques de la recomposition partisane en cours : « Emmanuel Macron n’a pas réussi à réconcilier les Français avec leurs institutions depuis l’implosion de 2017, avec une majorité présidentielle qui n’a ni racine locale, ni racine idéologique. Il y a aujourd’hui des partis bien implantés localement, mais qui n’ont pas de leader national et des leaders forts pour la présidentielle, mais dont les partis sont localement très faibles. Nous ne sommes pas au bout des recompositions engendrés depuis 2017. » Le constat est là, et cette recomposition doit d’après Manuel Valls, aller dans le sens de la constitution d’un « compromis historique » de gouvernement entre « Républicains des deux bords. »
Un 2nd tour entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen ou Éric Zemmour ferait « du national-populisme la seule alternative »
Manuel Valls nous ferait-il en 2022 du « en même temps » de 2017 ? L’ancien Premier ministre semble plutôt vouloir achever la constitution d’une véritable force politique autour de la maxime présidentielle : « La gauche et la droite sont là, il y a des traditions politiques, mais on voit bien que sur certains thèmes, comme la République et la laïcité ou la lutte contre l’islamisme, il y a de quoi construire. Sur la mesure d’âge sur les retraites, la relance du nucléaire et la remise à plat de la politique d’immigration, il y a de quoi mettre en place un compromis historique entre forces politiques sociales et élus locaux. » Manuel Valls semble pencher pour une sorte de macronisme décentralisé qui réussirait à fédérer les fameux partis implantés sans leader et les leaders charismatiques sans parti.
L’ancien Premier ministre de François Hollande n’insulte ainsi pas l’avenir en annonçant clairement son 2nd tour rêvé pour 2022 : « Je souhaite pour mon pays un deuxième tour entre Emmanuel Macron et Valérie Pécresse, pour la qualité du débat politique, pour la stabilité du débat démocratique. » D’après lui, un 2nd tour entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen ou Éric Zemmour ferait du « national-populisme […] la seule alternative. » Il poursuit : « Ce n’est pas pour ça qu’il ne faut pas écouter les électeurs d’Éric Zemmour et de Marine Le Pen et répondre à leurs angoisses sur des valeurs républicaines. »