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Mairies solidaires avec la grève du 31 : mouvement « symbolique » pour soutenir la mobilisation ou « coup de com’ » ?
Par François Vignal
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Le mouvement contre la réforme des retraites s’invite en mairie. Fabien Roussel, numéro 1 du PCF, a lancé le 24 janvier un appel aux « maires à être solidaires et à fermer symboliquement leur mairie le 31 janvier, deux à trois heures, pour que leurs agents puissent partir manifester » lors de la prochaine journée de mobilisation. « Je les appelle à mettre des banderoles sur le fronton de leur mairie contre le projet de réforme des retraites », a-t-il lancé sur C-News, et à « permettre aux agents de partir manifester sans perte de salaire », pour que « les maires (soient) solidaires de cette mobilisation ».
L’initiative a commencé à prendre. Plusieurs maires PCF ont suivi le mouvement, comme à Montreuil (Seine-Saint-Denis), où Patrice Bessac a annoncé que « l’ensemble des services municipaux seront fermés le 31 janvier à partir de 12 heures, en soutien à la mobilisation ». Même soutien du maire communiste de Villejuif (Val-de-Marne), Pierre Garzon, qui souligne qu’« aucune conquête sociale n’a été gagnée autrement que par la mobilisation ». Dans le même département, le maire PCF de Bonneuil-sur-Marne, Denis Öztorun Ömür, affirme que « le mardi 31 janvier sera une journée mairie morte. Dans l’intérêt de tous les habitants qui rejettent la réforme des retraites, tous nos services publics seront fermés ». Dans le Nord, à Faches-Thumesnil, c’est un maire LFI, Patrick Proisy, qui a lui annoncé qu’il ne retirerait pas les heures de grève des salaires de ses agents municipaux.
Des affiches de soutien installées sur la façade de l’Hotel de ville de Paris
Autre premier édile à répondre à l’appel, Stéphane Denoyelle, maire PCF de Saint-Pierre d’Aurillac, village de 1400 habitants, en Gironde. « Je suis engagé de manière forte. Déjà lors de la dernière journée, nous avons fermé notre mairie. Pour la première fois depuis très longtemps, l’immense majorité des agents du service public municipal était en grève. Et je suis allé à la manifestation avec eux. Nous avons défilé ensemble, notamment les aides à domicile, et j’en suis très fier. Pour plusieurs d’entre elles, c’était leur première manifestation », raconte dans une vidéo Stéphane Denoyelle.
Une autre mairie, de poids, et socialiste celle-là, est venue se joindre au bal : c’est la mairie de Paris. « Je réponds à son appel (de Fabien Roussel). Bien sûr, il y a des services publics qui doivent continuer, je pense à l’état civil, mais l’Hôtel de Ville de Paris sera « mairie solidaire » le 31, en solidarité avec le mouvement social. La situation est beaucoup trop grave », a annoncé sur France 2 Anne Hidalgo, maire de Paris. Concrètement, l’Hôtel de Ville restera fermé au public toute la journée, ainsi que l’exposition « Capitale(s) » sur l’art urbain, et deux affiches « Mairie solidaire avec le mouvement social » seront installées sur la façade, a précisé la Ville à l’AFP. Seule la « halte femmes » pour les femmes sans abri sera accessible. Une « large invitation » à se mettre en télétravail est par ailleurs lancée aux agents non-grévistes.
« C’est le rôle d’une mairie qui souhaite s’engager », selon Rémi Féraud, sénateur PS de Paris
Mais est-ce le rôle d’une mairie ? « Je rappelle qu’Anne Hidalgo est aussi employeur, elle a le droit, comme tout employeur, de s’opposer à la réforme des retraites », affirme le sénateur PS Rachid Temal, invité ce vendredi de Parlement hebdo sur Public Sénat/LCP-AN.
« C’est le rôle d’une mairie qui souhaite s’engager. C’est une solidarité symbolique, politique. Et pour une journée qui est certainement la journée essentielle pour monter en puissance dans la mobilisation et faire échouer le projet », soutient de son côté le sénateur PS de Paris, Rémi Féraud, président du groupe Paris en commun au Conseil de Paris. Ce proche d’Anne Hidalgo rappelle que « notre municipalité, depuis 2001, a toujours été engagée dans les grands combats de la gauche. On s’est engagés pour l’accueil des réfugiés, pour que personne ne dorme dans la rue, pour le droit au logement, contre les discriminations ». Il ajoute :
Que la ville de Paris le fasse a une force symbolique particulière. Et j’espère que l’engagement de la ville en suscitera chez d’autres communes, notamment socialistes. Je pense que ce sera le cas.
L’enjeu n’est pas que symbolique. Il est aussi de faire masse pour renforcer le rapport de force, comme le souligne Pascal Savoldelli, sénateur PCF du Val-de-Marne. « Il y a une date assez symbolique, c’est la réforme de 1995 où on a eu un mouvement de mobilisation sociale et politique, qui a commencé en novembre et s’est conclu le 15 décembre, avec un gouvernement qui a plié et a retiré son projet de loi. Et dans cette mobilisation sociale et politique, les fonctionnaires, ceux de la fonction publique territoriale, hospitalière et d’Etat, ont compté énormément dans la mobilisation. Et à l’époque, il y a eu des mouvements de grève dans les municipalités, des fois à l’initiative et en complémentarité des maires », rappelle Pascal Savoldelli.
Un problème « en termes de neutralité » des services publics, selon le ministre Olivier Dussopt
Côté gouvernement, le ministre du Travail, Olivier Dussopt, a estimé vendredi que la fermeture symbolique de mairies posait un problème. « C’est une vraie question politique, en termes de neutralité et de respect des convictions des concitoyens, des administrés qui, pour certains, sont opposés (à la réforme), (pour) d’autres favorables », a-t-il estimé sur BFMTV et RMC. « J’ai un peu le sentiment que la maire de Paris confond les services municipaux avec une annexe du Parti socialiste », a raillé Olivier Dussopt, ancien membre du PS…
A droite, sans surprise, ces initiatives interrogent, voire passent mal. « Ce qui m’étonne un peu, c’est que ça engage l’ensemble de la collectivité. Il n’y a pas de sollicitation de l’ensemble des agents pour prendre une telle mesure. Le droit de grève est protégé de manière constitutionnelle. Les agents qui veulent faire grève peuvent le faire. Mais fermer l’ensemble des services publics relève d’un manque de concertation », réagit Stéphane Piednoir, sénateur LR du Maine-et-Loire et ancien maire, de 2014 à 2018, de la commune de Montreuil-Juigné. « Foncièrement défavorable » à ce type de mesure, il y voit « une entrave à l’accès aux services publics ». Pour Stéphane Piednoir, « c’est une action militante qui vise à faire le buzz sur le 31 janvier ».
Une décision prise « au mépris de l’égal accès aux services publics », selon la sénatrice Céline Boulay-Espéronnier
Pour Paris, « ça sent le coup de com’pour Hidalgo, qui essaie de se refaire la cerise après son pitoyable score à la présidentielle », ajoute pour sa part Céline Boulay-Espéronnier, sénatrice apparentée LR de la capitale. « Anne Hidalgo est manager de Paris », lance l’élue de droite, qui « pense qu’elle sort de ses prérogatives en mettant en place ce genre de mesure, en encourageant à aller manifester ».
« La neutralité des services publics est quand même un principe constitutionnel », remarque Céline Boulay-Espéronnier, qui y voit une décision qui se fait « au mépris de l’égal accès pour les citoyens ». Elle ajoute : « C’est encore une fois les Parisiens qui vont trinquer, comme sur tellement de plans depuis qu’Anne Hidalgo est maire de Paris ». « Ce qui met à mal l’égal accès aux services publics, c’est d’abord l’abandon des services publics. On le voit dans les transports en commun », rétorque le socialiste Rémi Féraud, qui « laisse LR soutenir la réforme des retraites ».