La Commission européenne devrait pouvoir entrer en fonction dès le 1er décembre après l’accord entre les trois principaux partis européens sur le collège des commissaires. Un accord qui illustre la place centrale de la droite européenne, prête à s’allier avec l’extrême droite.
Macron précise les contours de la réforme du CESE
Par Public Sénat
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S’il était premier ministre, on pourrait presque dire qu’il a tenu un discours de politique générale. Mais c’est bien le Président qui s’est exprimé. Pour ses vœux « aux bureaux des assemblées, au Conseil de Paris, aux corps constitués, aux forces vives et aux héros de 2017 », les derniers de ce début d’année pour le chef de l’Etat, Emmanuel Macron a voulu montrer l’image d’un Président qui continue de réformer.
Hommage aux « héros du quotidien »
Il a d‘abord rendu hommage aux « héros du quotidien ». Dans son esprit, policiers, gendarmes, sportifs, intellectuels, associations et entrepreneurs. « Ils participent aussi à notre Nation ». Des mots qui rappellent ceux tenus, en 2011, par Nicolas Sarkozy, alors chef de l’Etat. Il avait déjà salué les pompiers en ces termes : « Vous êtes les héros du quotidien ».
Emmanuel Macron a brassé un peu tous les sujets. Il a défendu sa politique d’immigration – « accueil de tous ceux qui ont droit à l’asile » mais aussi « respect de nos frontières et donc plus grande efficacité des reconduites » – comme la future loi contre les violences faites aux femmes, le logement, les transports, l’agriculture, la réforme à l’entrée à l’université et celle du bac. « Autant de sujets qui paraissaient être des tabous » s’est au passage jeté des fleurs le chef de l’Etat, qui récuse les accusations d’une politique qui aurait oublié le social. « Quelle est la bonne politique sociale si on accepte plus de 100.000 jeunes par an qui sortent de notre système sans diplôme ou travail ? » demande Emmanuel Macron, qui joue sa partition habituelle du pragmatisme.
Projet de réforme de la Constitution « dans les semaines à venir »
Devant les bureaux de l’Assemblée nationale et du Sénat réunis, Emmanuel Macron a évoqué les discussions en cours sur la réforme institutionnelle. Mais sans se mouiller. Après le « travail important » de propositions mené par François de Rugy et Gérard Larcher, présidents des deux chambres, « le premier ministre et la garde des Sceaux vont pouvoir parachever un travail que le gouvernement a commencé ». Un projet sera sur la table « dans les semaines qui viennent ». Il faudra attendre pour en savoir plus.
Ce projet de réforme, pour le moins vaste, concernera notamment les collectivités locales. Il a rappelé sa volonté de leur donner « un droit d’expérimentation et d’adaptation » et la possibilité d’« exercer des compétences de façon différenciée ». Alors que Gérard Larcher l’accuse de mener une forme de recentralisation, Emmanuel Macron assure au contraire vouloir « une décentralisation bien plus profonde : celle des projets, des initiatives ». Les collectivités d’Outre-mer seront concernées par ces évolutions de la Constitution en faveur des collectivités.
Faire du CESE le « point de passage des consultations gouvernementales sur les projets de loi en matière sociale, économique et environnementale »
Autre gros point : la réforme du Conseil économique social et environnemental. Comme il l’avait affirmé lors de son discours de Versailles, devant le Congrès, en juillet, il veut faire du CESE une « chambre du futur ». Il a précisé les contours de cette réforme, qui doit aboutir à la réduction de « quasi la moitié le nombre de membres du CESE ». En juillet, il parlait de seulement un tiers.
Pour Emmanuel Macron, le CESE doit devenir « le réceptacle des pétitions de nos concitoyens ». Il deviendra le « point de passage des consultations gouvernementales sur les projets de loi en matière sociale, économique et environnementale ». Ce qui pourrait déplaire aux parlementaires. Le Président entend aussi « délégué au CESE l’organisation de consultations publiques » et lui donner un rôle en matière « d’expertise indépendante ». Une fonction qui prend tout son sens après Notre-Dame-des-Landes.
Il a au passage salué le bon état d’esprit du président du CESE dans cette réforme. On peut peut-être y voir de sa part une critique, en creux, du président du Sénat, qui s’oppose à de nombreux points de la réforme institutionnelle.
« Le service national universel sera un socle de la fraternité »
Le chef de l’Etat a également évoqué à nouveau le service national universel, « qui sera un socle de la fraternité ». Il veut en faire « un rendez-vous pour la jeunesse » qui se retrouvera « sans distinction de classe, de sexe ». Une jeunesse qui pourra trouver des « causes à défendre, des combats à mener dans le domaine social, culturel, environnemental ». Une manière de donner du sens à une jeunesse en manque de repères et de lutter contre « la tentation de l’individualisme » et « ce qui corrode la Nation ». Précision : « Cela ne devrait pas exiger de modification de la Constitution, mais si cela s’avère nécessaire, nous l’assumerons ».
« Nous devons renouer avec le goût du risque » a exhorté le chef de l’Etat pour conclure. « Nous ne sommes pas une Nation d’assis, nous ne sommes pas une Nation de précautionneux, une Nation fait par des femmes et des hommes qui n’ont pas osé, au contraire. (…) Nous sommes une Nation construite par des femmes et des hommes qui ont pris des risques ». Emmanuel Macron veut nous faire comprendre qu’il prend le sien.