Alors que les députés PS soutiennent l’abrogation de la réforme des retraites portée par La France insoumise, qui efface également le mécanisme mis en place par l’ancienne ministre de la Santé Marisol Touraine sous François Hollande, le sénateur Bernard Jomier (Place publique), appelle les parlementaires de gauche à ne pas aller trop loin face aux enjeux démographiques.
Lutte contre les « fake news » : un combat perdu d’avance ?
Par Public Sénat
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Les Fake News (fausses informations) ont entaché la campagne présidentielle américaine et pollué la française. Elles pullulent sur les internets et réseaux sociaux et sont un fléau tel, qu’on parle de risques avérés pour la démocratie.
Mathieu Sicard, journaliste et formateur au CFPJ, le centre de formation pour les journalistes, en donne une définition : « Une fake news, c’est une fausse information qui par sa conception a une visée de salir. Ce n’est pas quand on propage quelque chose de façon inconsciente, que l’info est à peu près vrai ou que c’[est] une grosse erreur (…) Il y a une visée pour faire du mal, pour atteindre quelqu’un ».
François Jost, professeur à la Sorbonne Nouvelle, spécialiste des médias, explique que ce phénomène des « fake news » n’est pas nouveau : « Les fausses nouvelles, les rumeurs ne sont pas des choses nouvelles. Ça existe depuis longtemps. On se rappelle Timisoara (…) Tchernobyl (…) Ce qui est très nouveau, c’est le mode de diffusion ».
Lundi 13 novembre, la Commission européenne a lancé, une consultation publique ainsi que la création d’ « un groupe d’experts de haut niveau » pour « lutter contre la diffusion de fausses nouvelles ». Jean-Bernard Schmidt, co-fondateur et vice-président de Spicee, un média vidéo numérique, y voit une « bonne stratégie » : « Sa démarche est bonne. Tout le problème, c’est derrière comment agir. L’une (…) des choses vraiment importantes, c’est la répercussion et la rapidité de diffusion de ces infos. Mais surtout, à côté de ça, c’est la difficulté de les contrer, de les contredire ».
« C’est pire que ça » ajoute François Jost. « Parce que non seulement, c’est dur de démonter, mais quand on démontre les gens n’y croient pas ».
Démonter les « fausses nouvelles » demande en plus du temps : « Il y a trois universitaires américains qui ont fait une étude sur la diffusion des vraies infos et des fausses infos sur Twitter. Un message vrai met en général 2h à être fact-checké, un message faux met 14h à être démonté. Donc 7 fois plus » explique Jean-Bernard Schmidt.
Pour combattre ces « Fake news », la loi n’est pas adaptée. « Ça fait plus de 10 ans que je crie au manque de moyens juridiques » déplore Anthony Bem, avocat spécialiste du droit de l’image et de la presse. « S’agissant de la question des sites internet, on a une loi de 2004 (…) qui est censée organiser la question de la responsabilité des sites internet. Le problème c’est qu’en 2004, les réseaux sociaux n’existaient pas » poursuit-il.
Pour montrer sa bonne volonté, Facebook, a fait appel à des médias partenaires pour faire des vérifications sur la véracité de contenus relayés sur sa plateforme, mais les résultats sont peu probants. Pour le journaliste Jean-Bernard Schmidt, c’est un peu de la poudre aux yeux : « Il y a une hypocrisie hallucinante des réseaux sociaux. Facebook, surtout Google et You Tube, vivent avec les « fake news ». Ils gagnent de l’argent concrètement ». Et l’avocat Anthony Bem de renchérir : « Ils ne vérifient rien et lorsqu’on leur signale que c’est illicite, ils ne le suppriment pas pour autant ». Il faut dire aussi, que ces géants du web ne sont pas responsables des contenus, ils ne sont que des hébergeurs dans le droit français.
Comment lutter contre les « fake news » ?
Alors que faire pour lutter efficacement contre ces « fausses nouvelles » ? Doit-on agir comme l’Allemagne où une amende allant jusqu’à 50 millions d’euros peut être infligée aux réseaux sociaux qui rechigneraient à lutter contre les « fake news » ?
Anthony Bem y est favorable : « Evidemment c’est l’aspect financier qui permettra de sanctionner (…) La solution ne sera pas nationale. Les réseaux sociaux ne sont pas en France ». Jean-Bernard Schmidt prône surtout pour la formation aux réseaux sociaux et aux médias, notamment chez les jeunes : « La punition et la contrainte, ça peut marcher (…) L’autre voie, plus optimiste, c’est d’arriver à éduquer, à former, à prévenir les choses ».
Mais François Jost reste pessimiste : « Les gens qui font circuler les informations ne regardent jamais la source (…) Donc il y a une responsabilité de l’internaute. J’ai des amis de gauche qui vont tweeter des choses de l’extrême-droite, sans s’en rendre compte ».
Lutter contre les « fake news » est capital mais, Anthony Bem est catégorique, en continuant à protéger la liberté d’informer : « Cette liberté de l’information n’a pas de prix. On ne peut pas la limiter en mettant des « guidelines » (…) Il revient à chacun de savoir comment s’exprimer, quoi dire. Et là, il y a une conscience personnelle qui est philosophique et non pas juridique ».
Débat sur les "fake news" en intégralité