Interdiction des drapeaux étrangers dans les mariages, interdiction du port du voile pour les accompagnatrices scolaires… Cette semaine, le Sénat s’est emparé du projet de loi confortant les principes de la République et y a largement mis « sa patte ». Pas vraiment du goût de Esther Benbassa, invitée ce vendredi de « Parlement Hebdo ». La sénatrice écologiste de Paris estime que la droite sénatoriale profite du texte pour « préparer la présidentielle et ramasser des voix chez la droite dure et le Rassemblement national ».
Refusant d’employer le terme de « racisme d’Etat », à la différence de certains de ses collègues, elle se dit interpellée par « cet acharnement contre les musulmans. Et parfois j’étais gênée, moi qui suis historienne des juifs, ça m’a rappelé des périodes où on s’acharnait contre les juifs. Là, il y a un acharnement contre les musulmans ! », dénonce-t-elle.
Dans sa ligne de mire, le préambule du texte, qui, selon elle, cible les musulmans sans détour. « C’est clairement dit qu’il y a une communauté qui insidieusement s’immisce dans le pays et gangrène la société française », souligne-t-elle. Avec ce texte du gouvernement, Esther Benbassa pense que « les musulmans se replieront encore plus sur eux-mêmes ». « Tous les musulmans ne sont pas islamistes… », rappelle-t-elle, ajoutant redouter que « dans l’imaginaire de nos concitoyens, il y ait une confusion entre musulmans et islamistes, islam radical, politique… »
D’autant qu’à l’écouter, la loi est déjà suffisante. Sur le voile : « Il y a des lois pour interdire le port du voile à l’école ». Sur le Burkini : « Laissons ça aux piscines et à leurs règlements. Ce n’est pas au Sénat de décider d’autant plus que c’est un épiphénomène ! » Quant à la polémique sur les réunions de l’UNEF, alors que les sénateurs ont adopté un « amendement UNEF » permettant de dissoudre les associations qui font des réunions non-mixtes racisées, elle y est plutôt favorable et affirme : « On ne va pas interdire à une personne de peau blanche de rentrer dans une réunion ! Mais je me suis demandé si un jour, on ne pourrait pas lire ce texte autrement… »