Liberté de la presse: « Nous devons faire preuve d’une vigilance constante » affirme David Assouline

Liberté de la presse: « Nous devons faire preuve d’une vigilance constante » affirme David Assouline

Une centaine de médias publient, aujourd’hui, une tribune dans laquelle ils défendent le droit à la liberté d’expression mis à mal par les menaces terroristes et certaines mesures gouvernementales. Une tribune « salutaire » pour le sénateur socialiste David Assouline.
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Les médias s’emparent du sujet. Ce mercredi, la une de l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo revêt l’aspect d’une tribune. Dans une lettre ouverte, intitulée « Ensemble, défendons la liberté », une centaine de médias élèvent la voix pour défendre la liberté d’expression. « Il n’est jamais arrivé que des médias, qui défendent souvent des points de vue divergents et dont le manifeste n’est pas la forme usuelle d’expression, décident ensemble de s’adresser à leurs publics et à leurs concitoyens d’une manière aussi solennelle. Si nous le faisons, c’est parce qu’il nous a paru crucial de vous alerter au sujet d’une des valeurs les plus fondamentales de notre démocratie : votre liberté d’expression", écrivent les représentants des titres de presse. En cause : les nouvelles menaces adressées par l’organisation terroriste Al Qaïda au journal satirique, qui avait republié, à l’occasion du procès des attentats de Charlie Hebdo, les caricatures de Mahomet.

La semaine dernière, déjà, des voix s’étaient élevées, parmi les journalistes, pour défendre la liberté d’informer, au moment où le ministère de l’Intérieur dévoilait son nouveau plan de schéma de maintien de l’ordre. Si ce nouveau schéma insiste sur « la reconnaissance de la place particulière des journalistes au sein des manifestations » et, au nom de la liberté d’informer, les autorise « à porter des équipements de protection, dès lors que leur identification est confirmée et leur comportement exempt de toute infraction ou provocation », certaines tournures de phrases laissent planer le doute. Comme cette dernière, qui prévoit que « dès lors qu’ils sont au cœur d’un attroupement, les journalistes et les membres d’association doivent, comme n’importe quel citoyen obtempérer aux injonctions des représentants des forces de l’ordre en se positionnant en dehors des manifestants appelés à se disperser ». « Toutes les mentions, dans ce schéma, consiste à dire qu’il faut contrôler les journalistes. Le ministre de l’Intérieur bafoue la liberté de la presse » s’insurgeait, auprès de Public Sénat, Dominique Pradalié, journaliste et secrétaire générale du SNJ (Syndicat national des journalistes). Autre point de crispation, pour les journalistes : le texte précise que seuls les journalistes « accrédités » pourront bénéficier d’un canal d’échange mis en place tout au long de la manifestation ».

« Faire preuve d’une vigilance constante »

Invité de France Inter, ce mercredi, Gérald Darmanin est revenu sur la polémique.  « On recevra évidemment le collectif de journalistes, j’ai vu leur tribune. Je suis très attaché à la liberté de manifester, y compris et surtout lorsqu’elle concerne les actions du gouvernement, c’est important de le faire, évidemment en démocratie » soutient le ministre de l’Intérieur. « Je crois qu’il y a un gros malentendu. Nous n’avons jamais demandé une carte de presse pour pouvoir être journaliste sur une manifestation. Je suis bien conscient qu’il y a des journalistes qui n’ont pas de carte de presse en tant que telle. Donc évidemment dans ce nouveau maintien de l’ordre, les journalistes ont le droit d’accéder et de rester dans toutes les manifestations. Les journalistes ont le droit d’écrire ce qu’il se passe, je le comprends tout à fait, mais il y a une sécurité quand même, lorsqu’il y a une charge de police, par exemple devant des black blocks. Je comprends le malentendu mais il n’y a évidemment aucune interdiction pour les journalistes de suivre ou d’exiger une carte de presse pour suivre une manifestation », assure Gérald Darmanin.

« Gérald Darmanin revient sur ce qu’il avait dit », réagit le sénateur socialiste David Assouline. « Il assure aujourd’hui que les journalistes seront libres d’aller et venir dans les manifestations, mais nous verrons ce qui sera appliqué sur le terrain par les policiers, car c’est bien ce qui est écrit qui compte. » Le sénateur salue par ailleurs une tribune « salutaire et nécessaire » pour soutenir le droit à la liberté d’expression « qui est le nœud de notre démocratie ». « Il y a des volontés de plus en plus courantes de limiter cette liberté de la presse, notamment sur la toile avec la loi Avia par exemple qui a heureusement été remise en question par le Conseil constitutionnel. Avant même que ce nouveau protocole du ministère de l’Intérieur ne voit le jour, de plus en plus de journalistes étaient assimilés à des manifestants violents, empêchés de travailler. Ce n’est pas possible que la doctrine de maintien de l’ordre fasse comme si c’était un terrain de guerre, il faut qu’on arrête de vouloir cornaquer les journalistes. Nous devons, à ce sujet, faire preuve d’une vigilance constante », assure David Assouline.

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