A l’heure où l’Union européenne étudie un nouveau paquet de sanctions et la possibilité de mettre en place un embargo européen progressif sur le pétrole russe, Le président du Rassemblement National s’interroge sur l’efficacité réelle de ces mesures. « Ces sanctions économiques enrichissent massivement la Russie, qui profite de cette guerre et fait des hyperprofits », a affirmé Jordan Bardella. Ce sont les peuples européens qui paient. »
Une économie russe en récession
Non, la Russie ne s’est pas enrichie depuis le début de la guerre, bien au contraire. Avant le début des combats entre Russes et Ukrainiens, le Fonds monétaire international (FMI) prévoyait pour l’année 2022 une croissance du Produit intérieur brut (PIB) russe de 2,8 %. Depuis le 24 février, l’organisation internationale a revu ses chiffres et table désormais sur une contraction de 8,5 % du PIB.
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« La banque centrale russe a également mis à jour ses prévisions et anticipe une chute du PIB de 8 % », souligne Julien Vercueil, professeur d’économie à l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco). Pour retrouver des indicateurs économiques similaires Il faut remonter à l’année 1992, la Russie avait enregistré à l’époque une récession de 14,5 %.
Une hausse des revenus des hydrocarbures
D’après un rapport publié le mercredi 27 avril par le Think Tank finlandais Centre for Research on Energy and Clean Air (Crea), Moscou a empoché depuis le début de la guerre en Ukraine 63 milliards d’euros. L’Allemagne, particulièrement dépendante au gaz russe a payé l’équivalent de 9 milliards d’euros. « Le gonflement de ces revenus n’est pas lié à une augmentation des exportations mais à une hausse des prix », précise Julien Vercueil.
Dans son intervention dans la matinale de France Info, Jordan Bardella affirme que les sanctions sont inefficaces car Moscou parvient à trouver de nouveaux débouchés pour son gaz et son pétrole. « La Russie se tourne vers l’Inde et l’Egypte. New Delhi a acheté deux fois plus de pétrole depuis le début de la guerre que tout au long de l’année 2021 », a indiqué le dirigeant lepéniste.
« Il est vrai que la fédération de Russie a noué un accord commercial avec l’Inde avec un texte signé au tout début du conflit en Ukraine », explique Julien Vercueil. Toutefois, ces exportations « sont loin d’être suffisantes pour compenser une éventuelle baisse des exportations vers l’Europe », précise le CREA.
Les sanctions européennes en partie responsables de l’inflation
Concernant les contribuables européens, il est vrai que la guerre et l’inflation ont un impact sur le pouvoir d’achat des ménages. En France par exemple, « la hausse du pouvoir d’achat enregistrée sur l’année 2021, risque d’être rognée par l’inflation », affirme Julien Vercueil. « On ne peut pas nier que les sanctions ont un effet inflationniste mais relativement faible par rapport à la hausse de la demande », poursuit-il. « C’est avant tout un effet spéculatif. »
De plus, l’inflation touche également la Fédération de Russie, une hausse des prix provoquée par de multiples facteurs macroéconomiques : « La flambée mondiale des matières premières, la perturbation des chaînes de valeur et désormais les sanctions économiques imposées par l’Union européenne. » « Rien que sur le seul mois de mars, Rosstat a mesuré en Russie une hausse des prix de 7,6 %. Si on extrapole sur 12 mois, cela correspondrait à une inflation annuelle atteignant les 140 %. Toutefois la banque centrale russe table sur une inflation estimée entre 18 et 23 % sur l’année 2022. » Cette situation économique délicate risque notamment d’appauvrir les ménages russes les plus précaires.