« L’Europe a besoin d’un grand service public du train », selon Karima Delli

« L’Europe a besoin d’un grand service public du train », selon Karima Delli

Avion ou train, comment voyagerez-vous en Europe cette année ? Après une période difficile, le transport aérien aimerait bien reprendre sa place mais le train, six fois moins émetteur de Co2, offre une alternative écologique intéressante. Encore faut-il que les investissements et l’interopérabilité suivent. Ce qui est loin d’être toujours le cas.
Public Sénat

Par Victor Missistrano

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Après une année de forte diminution des déplacements causée par la crise sanitaire, la tendance est au voyage proche de chez soi. En 2020, 1,8 milliard de voyages ont été effectués en avion dans l’Union européenne, contre plus du double en 2019. Passé la crise, l’aérien va-t-il reprendre sa croissance des dernières années ?

Le tourisme a changé. Il ne s’agit plus d’aller au bout du monde mais redécouvrir l’exotisme en bas de chez soi, Karima Delli.

Pour l’écologiste Karima Delli, c’est non. « Le tourisme a changé. Il ne s’agit plus d’aller au bout du monde mais redécouvrir l’exotisme en bas de chez soi », estime la députée européenne, qui préside la commission des transports et du tourisme. Selon elle, « le dérèglement climatique ne peut plus attendre des petits pas », et le train doit donc considérablement se développer au détriment, entre-autres, de l’avion.

Son collègue roumain Marian-Jean Marinescu, du Parti populaire européen, ne partage pas cet avis. Il considère que le secteur de l’aviation est « très important pour l’économie et pour les gens ». « Cette histoire de tourisme à la maison, je ne crois pas que ce soit très populaire », affirme le député du PPE.

Investissements massifs

Le train émet six fois moins de CO2 que l’avion. Si chacun se rejoint sur la nécessité des investissements à mettre en œuvre pour favoriser le ferroviaire, tout le monde ne s’accorde pas sur la stratégie à adopter, notamment par rapport à l’aérien. « On ne veut pas de fermeture autoritaire », déclare le président de la Fédération Européenne des Voyageurs, Michel Quidort. « Les voyageurs sont beaucoup plus convaincus par la qualité du service : le confort, la vitesse. Tout le monde sait qu’entre Paris et Londres, plus personne ne prend l’avion. La vitesse peut être un moyen de remplacer vertueusement l’avion par le train. Mais sans recourir à des interdictions et des plans autoritaires. »

Mais des efforts restent à faire : les passages d’un pays à l’autre imposent souvent un changement de motrice, les règles de sécurité ne sont pas uniformes dans l’Union, et la vitesse des trains variable. Conséquences pour les voyageurs des trajets ralentis…

Le retour du train de nuit qui a fait son retour en France entre Paris et Nice après trois ans d’arrêt sonne comme une reconquête. « Il faut investir de manière importante et ne pas considérer c’est une niche, mais une véritable alternative à l’avion sur des trajets entre 800 et 1800 kilomètres », argumente Karima Delli.

Ouverture à la concurrence

De son côté, la Commission européenne pousse en faveur d’une ouverture à la concurrence, et espère faire baisser les prix. Marian-Jean Marinescu y est favorable : « Cela favorise le progrès, la qualité de service, et des prix acceptables pour le public. » Mais Karima Delli et son groupe s’y sont toujours opposés : « L’Europe a besoin d’un grand service public du train. L’ouverture à la concurrence présente un risque sur la qualité du service et sur les prix », insiste la députée européenne.

L’objectif de la politique de l’UE est de créer un espace ferroviaire européen intégré pour relier les capitales entre elles. Mais ces trajets devront faire face à un autre type de concurrence, celle des compagnies aériennes low cost.


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