Quelques heures après l’hommage dans les collèges et lycées de France au professeur Samuel Paty, Jean-Pierre Chevènement a estimé que l’absence d’incidents dans les établissements traduisait une « certaine unanimité nationale dans la réprobation de cet assassinat affreux ». Invité de l’émission Audition publique, sur Public Sénat, LCP-Assemblée nationale, en partenariat avec Le Figaro Live, l’ancien ministre de l’Éducation nationale (1984-1986), puis de l’Intérieur (1997-2000), voit dans cet enseignant décapité dans l’attentat de Conflans-Sainte-Honorine un symbole. « Il est mort pour la liberté d’expression, pour expliquer ce qu’était la liberté d’expression et je crois que tous les enfants de France qui ont respecté la minute de silence ont compris que c’était un enseignant martyr de l’école publique, martyr d’une certaine cause, qui est celle de la liberté de l’esprit, de la laïcité », a expliqué Jean-Pierre Chevènement.
Les jours qui ont suivi son cours, où des caricatures de Mahomet avaient été présentées, avaient notamment été marqués par l’opposition de quelques parents d’élèves. Après l’attentat, le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand avait appelé les parents d’élèves à « rester hors de l'école et foutre la paix aux profs ». Jean-Pierre Chevènement a estimé qu’il avait « raison sur le fond ». « Je pense que les parents ont adopté depuis une cinquantaine d’années une attitude trop intrusive à l’égard de l’école. Il faut quand même savoir que les maîtres sont responsables de la pédagogie et que les parents n’ont pas à s’en mêler. » Selon le président de la fondation ResPublica, les valeurs de transmission doivent être « mieux comprises » dans la société.
« Je suis partisan de revenir à des formations plus proches du terrain »
L’ancien candidat à la présidentielle de 2002 a également souhaité que la formation des enseignants soit revue, avec une dimension plus pratique, et moins académique. « Je suis partisan de revenir à des formations [des enseignants] plus proches de la classe, du terrain », dans un cadre départemental, a-t-il expliqué. « Ils sont loin de la classe, et ils ont besoin d’être plus proches des élèves ». Pour Jean-Pierre Chevènement, il est par ailleurs « très difficile » d’enseigner les religions dans un cadre scolaire. « La croyance n’est pas quelque chose qui se transmet comme des connaissances », a-t-il expliqué.
Approuvant la loi du 15 mars 2004, interdisant le port de signes religieux dans une enceinte scolaire, l’ancien ministre ne s’est pas déclaré favorable à son élargissement au cadre universitaire, s’agissant de l’interdiction du port du voile par exemple. « Je suis partisan de ne pas troubler le jeu davantage. Les étudiantes sont majeures, à elles de voir. »