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Jean-Baptiste Lemoyne : « Cher François Fillon, pose-toi la question »
Par Public Sénat
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A Chaque heure sa défection, ou presque. Les mises en retrait ou appel au recours Juppé se multiplient à droite depuis que François Fillon a décidé de maintenir sa candidature malgré sa future mise en examen.
Bruno Le Maire a ouvert le bal, vite suivi de plusieurs de ses soutiens. Même chose avec les sarkozystes Catherine Wautrin ou Pierre Lellouche. Chez les juppéistes, le sénateur Jean-Pierre Grand appelle sur publicsenat.fr à parrainer le maire de Bordeaux, au cas où Fillon se retirerait. La sénatrice Fabienne Keller lâche aussi François Fillon (voir la vidéo), tout comme maintenant Jean-Baptiste Lemoyne, lui aussi soutien d’Alain Juppé lors de la primaire. Il lance « un cri du cœur » à François Fillon.
« On a des grands mots à la bouche. Il faut peut-être se les appliquer »
« Seul le candidat à la clef pour dénouer les problèmes qui se posent » souligne Jean-Baptiste Lemoyne, interrogé par publicsenat.fr. « Maintenant, on ne peut pas se voiler la face. Il y a un problème. Un problème avec l’opinion, car il y a eu une faute morale. La justice dira si les faits incriminés étaient légaux ou pas. Mais les gens ne comprennent pas. Quand vous savez un jeune qui galère pour trouver un emploi, une personne en fin de carrière à 1800 euros, vous croyez que les sommes évoquées ne l’interrogent pas? (… ) Il y a un trouble dans l’opinion. A partir de ce moment, la responsabilité d’un grand homme, c’est aussi de prendre en compte cela. On parle de posture gaulliste, de la Nation, on a des grands mots à la bouche. Il faut peut-être se les appliquer et se poser la question en introspection : oui ou non, suis-je toujours apte à porter l’alternance qu’attendent les Français ? » demande le sénateur de l’Yonne (voir la vidéo : images Jérôme Rabier).
Jean-Baptiste Lemoyne souligne « les défections de Bruno Le Maire ou Jean-Luc Warsmann, quelqu’un de très pondéré. Que des gens comme ça prennent ce type de décision, ça interpelle, ça doit interroger ». Le sénateur ajoute, les yeux face à la caméra :
« A partir du moment où on se rend compte qu’on n’est plus en capacité d’unir la famille, est-on en capacité d’unir la France ? La question est posée. Et je demande au candidat de se la poser. Les yeux dans les yeux. Cher François Fillon, pose-toi la question. Car au delà des personnes, c’est vraiment l’intérêt du pays et de la famille politique de la droite et du centre ».
« Si Fillon décide de continuer, c’est le tribunal de l’histoire qui passera »
« Aujourd’hui, j’ai mal au cœur. On n’arrive pas à faire campagne dans de bonnes conditions », lui-même « avec les cordons de CRS, l’agitation. Mais seule lui a la clef. On n’est pas là pour lui mettre un pistolet sur la tempe. Il a été désigné. Mais il doit répondre à la question. S’il décide de continuer, très bien, mais c’est le tribunal de l’histoire qui passera » lance encore le sénateur de l’Yonne.
« Inquiet pour (sa) famille politique », il appelle à « réfléchir à une vraie droite plurielle, de Jean-Louis Borloo à Nicolas-Dupont-Aignan. (…) On est à un moment de refondation. Que ce soit subi ou voulu, les choses vont bouger ».
Envoyer son parrainage à Juppé : « Une assurance-vie »
Pour Jean-Baptiste Lemoyne, le recours est évidemment le maire de Bordeaux. « Chaque jour qui passe montre que le message qui était celui d’Alain Juppé (…) est un message capable d’être entendu par les différentes France qui se regardent en chien de faïence. (...) Dans ces moments de crise, il doit se tenir prêt, si et seulement si François Fillon décidait de s’arrêter » soutient-il.
Jean-Baptiste Lemoyne soutient l’initiative de son collègue Jean-Pierre Grand de parrainer aussi Alain Juppé : « Ça coûte rien de prendre une sécurité », dit-il, « si François Fillon devait être amené à renoncer, il faut être en mesure d’apporter une réponse. C’est ce qu’on appelle une assurance-vie ». « Et ça commence à produire ses effets. Des maires le font spontanément » croit le sénateur.
Quant aux accusations de François Fillon et de ses proches contre la justice, qui serait téléguidée, Jean-Baptiste Lemoyne prend là aussi ses distances. « Au moment où la droite est en recherche d’imposer l’autorité dans un certain nombre de zones, parfois dites de non-droit, on ne peut pas non plus contester systématiquement les manifestations d’autorité dès lors qu’elle se déroulent dans des règles de droit qui sont respectées. Je ne pense pas que les textes aient été bafoués ». Jean-Baptiste Lemoyne aurait pu poser une autre question à François Fillon : qui sera la prochaine défection ?