Alors que François Bayrou vient d’annoncer la composition de son gouvernement, l’exécutif peut enfin se mettre au travail, estiment les représentants du bloc central au Sénat. Pour cela, il faudra composer avec le Parti Socialiste tout en ménageant LR qui conditionne encore son soutien au gouvernement. Une tâche périlleuse.
Intervention militaire en Syrie : quelle est la position du Sénat ?
Par Public Sénat
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« J’attends d’Emmanuel Macron qu’il ne cède pas aux injonctions des uns et des autres » déclarait Bruno Retailleau, le président du groupe LR du Sénat, vendredi, quelques heures avant les frappes occidentales contre le régime de Damas.
Dans la nuit du 13 au 14 avril, une opération militaire menée conjointement par la France, les États-Unis et la Grande Bretagne a visé des installations liées au programme chimique du régime de Damas. Une réponse « à la ligne rouge » franchie une semaine plus tôt par Bachar Al-Assad, soupçonné d’avoir attaqué au gaz chimique la ville de Douma dans la Ghouta Orientale le 7 avril dernier.
Une intervention militaire française qui donne lieu à un débat conjoint au Sénat et à l’Assemblée nationale, ce lundi à 17H. En effet, conformément à l’article 35 de la Constitution, le gouvernement « informe le Parlement de sa décision de faire intervenir les forces armées à l’étranger, au plus tard trois jours après le début de l’intervention. « Il précise les objectifs poursuivis. Cette information peut donner lieu à un débat qui n’est suivi d’aucun vote ».
Division au sein du groupe LR
Majoritaire au Sénat, le groupe LR semble divisé sur l’opportunité de l’intervention militaire française. « Monsieur Trump a déjà frappé il y a exactement un an (…) Qu’est ce que cela a changé ? C’est à la diplomatie, c’est à une œuvre de paix, il faut absolument terminer ce conflit, reprendre des négociations même avec des gens qui ont les mains sales » expliquait Bruno Retailleau vendredi.
Une position qui diffère de celle de l’ancien ministre de la Défense, le sénateur LR Gérard Longet, qui a qualifié de « légitimes » les frappes occidentales. Sur Twitter, le président LR de la commission des affaires étrangères du Sénat, Christian Cambon, évoque lui « un sans-faute » et « un coup décisif » porté aux armes chimiques. « Reste à trouver la solution politique qui mettra fin à ce conflit » conclut-il.
Le groupe centriste « soutient la position du gouvernement »
Hervé Marseille, président du groupe centriste du Sénat, indique à publicsenat.fr que sa formation politique « soutient la position du gouvernement ». « On est solidaire avec nos forces armées dans cet engagement car la ligne rouge a été franchie par le régime syrien avec l’utilisation de produits chimiques ».
Claude Malhuret, président du groupe Les Indépendants République et Territoire, se félicite de la réussite de « l’opération militaire menée avec discernement, beaucoup de professionnalisme, sans dégâts collatéraux ». « La France a montré qu’elle défendrait ses principes, ses objectifs et ses intérêts ».
Du côté du groupe LREM, peu de suspense, « le groupe approuvera les frappes et soulignera qu’elles sont justifiées par l’atteinte du régime syrien à la réglementation internationale sur les armes chimiques. Elles ne font pas non plus obstacle à la reprise du dialogue avec nos partenaires, y compris la Russie » veut croire l’ancien ministre de la Défense et sénateur LREM, Alain Richard. Ce lundi, Moscou « s’est engagé à ne pas s’ingérer » dans le travail d'enquête de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques sur l'attaque présumée du 7 avril dernier en Syrie.
Réunion du groupe PS à 16h
Deuxième groupe du Sénat, le PS tiendra une réunion à 16H pour présenter en amont à l’ensemble des sénateurs le contenu de l'intervention de Patrick Kanner. Le président du groupe socialiste en a livré les grandes lignes à Public Sénat. « Le groupe socialiste soutiendra les frappes qui ont été portées sur les stocks chimiques de la Syrie. Ça a toujours été notre position. En 2013, François Hollande avait souhaité frapper la Syrie après les premières utilisations avérées d’armes chimiques. Ça n’a pas été possible car nous n’intervenons jamais de manière unilatérale. Et pour être très direct, nous avons été lâchés par nos amis anglais et par Barack Obama » a-t-il rappelé
La vice-présidente socialiste de la commission des affaires étrangères, Hélène Conway-Mouret, estime quant à elle que « la France devait envoyer un signal fort dans le cadre d’une coalition internationale ». « Au-delà de ces frappes qui n’ont entraîné aucune perte humaine, il faut désormais privilégier la diplomatie, parler avec tout le monde. C’est ce que nous faisons de mieux. Il faut à tout prix éviter l’escalade militaire qui transformerait une guerre civile en guerre mondiale ».
Le groupe communiste veut un vote
Sur Twitter, la présidente du groupe communiste, Éliane Assassi, déplore l’absence de vote au Parlement cet après-midi. Elle demande l’emploi de l’article 50-1 de la Constitution selon lequel sur l’initiative du gouvernement ou d’un groupe parlementaire, l’exécutif peut, sur un sujet déterminé, « faire une déclaration qui donne lieu à débat et peut, s'il le décide, faire l'objet d'un vote sans engager sa responsabilité ».