Alors que François Bayrou vient d’annoncer la composition de son gouvernement, l’exécutif peut enfin se mettre au travail, estiment les représentants du bloc central au Sénat. Pour cela, il faudra composer avec le Parti Socialiste tout en ménageant LR qui conditionne encore son soutien au gouvernement. Une tâche périlleuse.
Intervention d’Emmanuel Macron : « Une reprise en main de la communication » pour les sénateurs
Par Jérôme Rabier
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Il est apparu presque par surprise, peu maquillé, et non pas pour annoncer un confinement mais plutôt pour annoncer de bonnes nouvelles. Emmanuel Macron a surpris son monde hier soir en répondant à une interview dans le journal de 20 heures de TF1, après une rencontre avec les industries pharmaceutiques sur la production de vaccins. Pour la sénatrice RDSE de Meurthe-et-Moselle Véronique Guillotin, « c’est une reprise en main politique, une reprise en main de la communication. On attendait tous une annonce de confinement et puis finalement on a un président de la République qui vient reparler aux Français, qui montre une perspective ».
« Une communication chaotique »
Sur l’antenne de Public Sénat, Patrick Kanner, le patron des sénateurs socialistes analyse la prise parole présidentielle en ces termes : « On a l’impression qu’il est venu dire : Je siffle la fin de la récréation […] Ce n’est pas bon signe pour la gestion globale de cette communication qui manifestement est très chaotique ». René-Paul Savary, sénateur LR de la Marne estime aussi qu’Emmanuel Macron « joue sur l’effet de surprise. Il a enfin pris la mesure des difficultés rencontrées par nos concitoyens sur la campagne de vaccination ». Le vice-président de la commission d’enquête sénatoriale sur la gestion de la crise sanitaire tempère toutefois estimant que le Président de la république « nous donne les chiffres des commandes de vaccins mais ce qui compte en ce moment ce sont les chiffres des doses reçues. Cela fixe une perspective pour la fin de l’été, mais les objectifs précédents n’ont pas été tenus. Donc on ne croit plus en ces paroles-là ».
Des promesses à tenir
Même attente des actes derrière les paroles, pour Véronique Guillotin qui espère que « si on arrive à vacciner tout le monde d’ici fin septembre, on applaudira des deux mains. Mais derrière il va falloir une véritable stratégie ». Idem sur l’annonce de la vaccination totale des plus de 75 ans volontaires d’ici début mars promise par le président de la République, à laquelle elle « a du mal à croire, au rythme actuel ». Elle met encore en garde le chef de l’État sur ces dates sur lesquelles il s’est engagé : « Il n’y a rien de pire que de faire des annonces que l’on ne pourra pas tenir. Je suis prudente et j’attends des résultats ».
Patrick Kanner partage cette analyse et déplore qu' « aujourd’hui, les chiffres (de la vaccination) ne sont pas à la hauteur de l’espérance qui vient d’être annoncée. A un moment, il faudra tirer les leçons de cette gestion de crise » conclut-il, sans aller jusqu’à s’engager sur une demande de future commission d’enquête sur la campagne de vaccination.
Un satisfecit sur la vaccination des soignants
Les sénateurs interrogés se satisfont néanmoins de certaines annonces d’Emmanuel Macron. Notamment de la vaccination prioritaire des soignants avec le vaccin AstraZeneca autorisé seulement pour les moins de 65 ans. « Enfin ! Car j’ai toujours dit qu’ils devaient être prioritaires », se réjouit Véronique Guillotin, médecin de profession. Une nécessité partagée par René-Paul Savary, qui réclame que « ceux qui combattent au plus près cette maladie soient dotés des armes pour être au front. »