Intervention d’Emmanuel Macron : « Une reprise en main de la communication » pour les sénateurs

Intervention d’Emmanuel Macron : « Une reprise en main de la communication » pour les sénateurs

L’intervention surprise du président de la République sur TF1 « vient siffler la fin de la récréation », selon les sénateurs. Sa promesse de vacciner tous les Français qui le souhaitent d’ici la fin de l’été créé aussi « beaucoup d’espoir, qu’il ne faudra pas décevoir par une nouvelle désorganisation », insistent-ils.
Public Sénat

Par Jérôme Rabier

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Il est apparu presque par surprise, peu maquillé, et non pas pour annoncer un confinement mais plutôt pour annoncer de bonnes nouvelles. Emmanuel Macron a surpris son monde hier soir en répondant à une interview dans le journal de 20 heures de TF1, après une rencontre avec les industries pharmaceutiques sur la production de vaccins. Pour la sénatrice RDSE de Meurthe-et-Moselle Véronique Guillotin, « c’est une reprise en main politique, une reprise en main de la communication. On attendait tous une annonce de confinement et puis finalement on a un président de la République qui vient reparler aux Français, qui montre une perspective ».

 

« Une communication chaotique »

Sur l’antenne de Public Sénat, Patrick Kanner, le patron des sénateurs socialistes analyse la prise parole présidentielle en ces termes : « On a l’impression qu’il est venu dire : Je siffle la fin de la récréation […] Ce n’est pas bon signe pour la gestion globale de cette communication qui manifestement est très chaotique ». René-Paul Savary, sénateur LR de la Marne estime aussi qu’Emmanuel Macron « joue sur l’effet de surprise. Il a enfin pris la mesure des difficultés rencontrées par nos concitoyens sur la campagne de vaccination ». Le vice-président de la commission d’enquête sénatoriale sur la gestion de la crise sanitaire tempère toutefois estimant que le Président de la république « nous donne les chiffres des commandes de vaccins mais ce qui compte en ce moment ce sont les chiffres des doses reçues. Cela fixe une perspective pour la fin de l’été, mais les objectifs précédents n’ont pas été tenus. Donc on ne croit plus en ces paroles-là ».

Des promesses à tenir

Même attente des actes derrière les paroles, pour Véronique Guillotin qui espère que « si on arrive à vacciner tout le monde d’ici fin septembre, on applaudira des deux mains. Mais derrière il va falloir une véritable stratégie ». Idem sur l’annonce de la vaccination totale des plus de 75 ans volontaires d’ici début mars promise par le président de la République, à laquelle elle « a du mal à croire, au rythme actuel ». Elle met encore en garde le chef de l’État sur ces dates sur lesquelles il s’est engagé : « Il n’y a rien de pire que de faire des annonces que l’on ne pourra pas tenir. Je suis prudente et j’attends des résultats ».

Patrick Kanner partage cette analyse et déplore qu' « aujourd’hui, les chiffres (de la vaccination) ne sont pas à la hauteur de l’espérance qui vient d’être annoncée. A un moment, il faudra tirer les leçons de cette gestion de crise » conclut-il, sans aller jusqu’à s’engager sur une demande de future commission d’enquête sur la campagne de vaccination.

 

Un satisfecit sur la vaccination des soignants

Les sénateurs interrogés se satisfont néanmoins de certaines annonces d’Emmanuel Macron. Notamment de la vaccination prioritaire des soignants avec le vaccin AstraZeneca autorisé seulement pour les moins de 65 ans. « Enfin ! Car j’ai toujours dit qu’ils devaient être prioritaires », se réjouit Véronique Guillotin, médecin de profession. Une nécessité partagée par René-Paul Savary, qui réclame que « ceux qui combattent au plus près cette maladie soient dotés des armes pour être au front. »

Dans la même thématique

Paris : Hearing of Elisabeth Borne at French Senate
7min

Politique

Dérapage du déficit : les moments clés de la mission d’information du Sénat qui étrille les gouvernements passés

Série. Retour sur les temps forts parlementaires de 2024 au Sénat. En mars dernier, le rapporteur général de la commission des finances du Sénat se rendait au ministère de l’Economie pour enquêter sur la dégradation du déficit de la France. C’est le point de départ d’une des missions d’information les plus marquantes de cette année 2024. Retour en six dates sur ces travaux, ponctués d’auditions musclées.

Le

Paris, Matignon : minute of silence
5min

Politique

Gouvernement Bayrou : « Il y a une forme d’impasse stratégique », juge le constitutionnaliste Benjamin Morel

Alors que le gouvernement de François Bayrou doit être annoncé à 18h30, les principales interrogations concernent la durée de vie de cette future équipe. En effet, le Premier ministre s’appuie sur le même socle politique que son prédécesseur et souhaite reprendre les travaux de Michel Barnier sur le budget. Pour le même résultat ? Entretien avec Benjamin Morel, maître de conférences en droit public à l’université Paris-Panthéon-Assas.

Le