Pendant que la droite essaie d’organiser le mode de désignation de son candidat, Eric Zemmour parade devant les caméras. Mais pour le polémiste, profiter de la large couverture que lui offrent les médias ne suffira pas. Alors dans son camp, on regarde du côté des LR. Comme l’écrit Le Figaro, « l’équipe d’Éric Zemmour veut s’inviter à la primaire de la droite » et rêve même d’imposer son « champion au processus de désignation du candidat de la droite et du centre », selon le quotidien.
Une modification des statuts validée par les militants samedi
L’exercice s’annonce difficile, pour ne pas dire impossible, pour le polémiste d’extrême droite. Car dans les modifications des statuts, soumises au vote des adhérents LR samedi, un nouveau paragraphe permet au parti de décider qui peut – ou ne peut pas – participer à la désignation du candidat, qu’il s’agisse d’une primaire ouverte ou d’un congrès réservé aux militants.
Le 3e alinéa de l’article 37 des statuts, que publicsenat.fr s’est procuré (voir ci-dessous), stipule qu’« une instance de contrôle, nommée par le Bureau Politique sur proposition du Président du mouvement, sera chargée de la validation du corps électoral, de la recevabilité des candidatures au regard notamment de leur compatibilité aux valeurs de la droite et du centre et de la sincérité des résultats ».
Dans les deux versions des nouveaux statuts, soumis aux adhérents, le passage est identique. Ce n’est pas explicitement une clause anti Zemmour, mais c’est tout comme. « Ce n’est pas seulement pour Zemmour », corrige le secrétaire général du parti, Aurélien Pradié, « ça peut valoir pour Edouard Philippe par exemple. On est encore un peu maître de notre propre destin ».
« La fête à neuneu »
Reste que la direction du parti n’entend pas laisser planer le doute. « C’est notre famille politique qui valide elle-même le fait que les candidats appartiennent à nos valeurs et à nos convictions », prévient Aurélien Pradié. Exemple de divergences selon le député du Lot : « Eric Zemmour est favorable au rétablissement de la peine de mort, ce qui atteste qu’il n’a rien à voir avec notre famille politique et nos valeurs ». Pour ce membre de la direction des LR, la conclusion est évidente :
A partir de là, on ferme le banc, il n’y a pas de sujet. C’est inutile d’aller chercher des parrainages, car Eric Zemmour ne pourra pas participer à notre processus. Il n’y a pas l’ombre d’un débat.
Aurélien Pradié apprécie peu l’idée que l’ancien journaliste puisse s’inviter à la primaire. Et le dit avec son franc-parler : « Nous n’avons pas vocation à être le nid de tous ceux qui sont des orphelins. Les LR ne sont pas une maison d’accueil pour personnes égarées ». « Il n’y a aucune espèce de raison pour qu’il participe à notre système de départage. Et si Zemmour se cherche une famille, qu’il aille voir chez Marine Le Pen… », continue le secrétaire général, qui ne veut pas voir la primaire de la droite « devenir la fête à neuneu ». Aurélien Pradié, très en verve, conclut : « Chez nous, on ne s’invite pas. On est invité. Les LR, ce n’est pas le parti des écolos. Il y a quelques règles. Et s’ils ne l’ont pas compris, ils vont le comprendre ».
Oppositions de Christian Jacob et Gérard Larcher
Le député rappelle les prises de position de Christian Jacob, président de LR, comme du président du Sénat, Gérard Larcher, tous deux opposés à la venue d’Eric Zemmour. « Nous acceptons les candidats qui sont de notre famille politique. Je respecte Éric Zemmour, qui est un polémiste bien connu. Simplement il y a des valeurs que nous ne partageons pas. On ne peut pas tout ramener à un seul sujet : le grand remplacement. D’autres sujets se posent en matière de santé, d’alimentation, de pouvoir d’achat… » a souligné mercredi sur France Inter Christian Jacob. Fin août, sur la même antenne, Gérard Larcher était encore plus clair : « Non (il ne pourra pas participer à la primaire), car nous ne partageons pas les mêmes valeurs. Et nous préparons un engagement sur les valeurs ». Il ne reste plus qu’aux adhérents à le valider samedi.