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Immigration : le sénateur FN Stéphane Ravier dénonce un « grand remplacement », bronca à gauche
Par Public Sénat
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On ne l’a pas beaucoup entendu depuis le début de l’examen du projet de loi asile et immigration. Il n’était même pas présent le premier jour. Mais ce jeudi 21 juin, le sénateur Rassemblement national (ex-FN) Stéphane Ravier n’a pas raté sa sortie. Le sénateur des Bouches-du-Rhône a pris la parole en séance pour renvoyer gauche, droite et majorité présidentielle dos à dos. Et dénoncer un « grand remplacement », mythe populaire au sein de l’extrême droite. Une théorie développée par l’écrivain Renaud Camus, proche du Front national.
« Vous êtes tous responsables, peu ou prou de la situation vécue, subies, par nos compatriotes » a commencé celui qui reste le dernier sénateur RN, après la démission de son parti de Claudine Kauffmann. La remplaçante de David Rachline avait comparé les migrants à l’occupation nazie, ce qui avait entraîné sa suspension du FN.
« Commedia dell'arte »
Stéphane Ravier s’appuie sur les débats des dernières heures, où la gauche prend régulièrement la parole pour dénoncer le sort des migrants. « Pour les autres, ce sera encore la commedia dell'arte, voulant faire pleurer Margot sur le sort des réfugiés. Sort sur lequel je ne peux rester insensible moi aussi. J’ai tout entendu, l’orgueil d’être un pays attractif, la tradition d’accueil de la France, l’humanisme, les droits de l’homme, l’éthique, la nécessaire prise en compte des persécutions, des souffrances » énumère l’élu de Marseille. Il continue :
« Mais il y a une souffrance dont personne ne parle ici. C’est la souffrance du peuple français, qui souffre de cette folle politique d’immigration, qui se traduit chaque jour un peu plus par une immigration non plus de peuplement, mais de remplacement. Et dans certaines villes, voire de régions, de grand remplacement ».
Une prise de parole qui fait réagir immédiatement la gauche de l’hémicycle. Pour elle, c’est l’illustration de ce qu’elle dénonce depuis le débat de l’examen : la politique défendue par le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, risque de faire le jeu de l’extrême droite, en durcissant la législation. « On voit bien que courir après ne permet jamais d’arrêter cette bête immonde. Et on l’entend à l’instant. Ce n’est jamais assez. On voit bien que cette stratégie du toujours plus ne sert à rien car l’extrême droite a sa propre théorie » souligne le sénateur PS du Val-d’Oise, Rachid Temal. Regardez :
« Et les propos de grand remplacement sont extrêmement choquants. Car ils ne relèvent en rien de la réalité de notre pays. (…) Vos théories nauséabondes, d’un autre temps, n’ont pas leur place face à un drame humain » ajoute celui qui avait occupé la fonction de premier secrétaire par intérim, avant le dernier congrès.
« Il y a une autre politique possible : celle de l’accueil »
« L’intervention de Stéphane Ravier devrait au moins être la sonnette d’alarme » ajoute son collègue socialiste David Assouline, qui multiplie les interventions depuis le début (voir ici). Il met ne garde au passage la droite et l’exécutif : « Il dit "le grand remplacement", mais j’entends dans des propos qui ne viennent pas du FN, "submersion" ».
Pour le sénateur divers gauche (membre du groupe communiste), Guillaume Gontard, « on vient d’avoir l’illustration de l’absurdité de la politique (menée) et ce derrière quoi on court » (voir la vidéo ci-dessous). « Ça fait 20 ans, 30 ans qu’on applique la même politique et elle ne fonctionne pas » constate le sénateur. Cet élu de l’Isère ajoute : « Il y a une autre politique possible : celle de l’accueil ». Il prend exemple sur son département. « Moi je suis d’un territoire de montagne qui a connu les migrations : les protestants, les Italiens, les Algériens. Un territoire de 10.000 habitants dans les montagnes. Et on accueille aujourd’hui 80 personnes. C’est 0,8% de la population. Ça représente 600.000 personnes en France. Et ça se passe bien ».
Après les prises de parole indignées de la gauche, qui n’étaient pas les premières depuis le début de l’examen du texte, le président LR de la commission des lois, Philippe Bas, est intervenu pour inciter ses collègues à avancer plus vite. « Il est parfaitement naturel que les points de vue s’opposent, parfois avec enthousiasme, et parfois aussi avec une certaine véhémence. (…) Mais il me semble que lorsque les choses ont été dites une fois, il peut être utile de les répéter une seconde. Mais les répéter 10, 15 fois, et chaque fois pendant 2min30, c’est beaucoup. (…) Tel que les choses sont engagées depuis plusieurs jours, je crois que nous n’arriverons pas au terme de cette discussion » a alerté le sénateur de la Manche. Jeudi, en début d’après-midi, il restait encore 370 amendements à examiner.