Alors que le premier ministre a demandé aux partis de se positionner par rapport à l’exécutif selon trois choix, les partis de gauche ne souhaitent pas rentrer pas dans le jeu de François Bayrou. Ils attendent des signaux qui pourraient les amener à ne pas censurer. Mais ils ne les voient toujours pas…
Suicide de Lucas : Pap Ndiaye au bord des larmes au Sénat
Par Simon Barbarit
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Le 7 janvier dernier, la question du harcèlement scolaire est revenue de la manière la plus dramatique sur le devant de l’actualité. Cible d’homophobie, Lucas, 13 ans, scolarisé au collège Louis-Armand de Golbey dans les Vosges, s’est donné la mort.
« Pourquoi en 2023 en France, un gamin homosexuel en arrive à se suicider ? », a interrogé la sénatrice écologiste, Mélanie Vogel aux questions d’actualité du Sénat avant d’ajouter : « Je sais très bien de quoi je parle. Il arrive qu’envisager une vie de moquerie, d’exclusion et de haine, on en arrive à ne plus envisager de vie du tout ».
« Faites votre examen de conscience. Dites-vous que vous vous êtes trompés »
La sénatrice s’est alors adressée aux sénateurs et sénatrices et aux membres du gouvernement « dont les propos ont nourri et nourrissent ces violences ». « A toutes celles et ceux qui ont marché avec la Manif pour tous, qui ont raconté que nos familles étaient contre nature, que nos droits étaient d’égoïstes caprices, que respecter les mineurs trans, c’était de l’idéologie, qu’apprendre aux élèves le respect de la diversité, c’était de la propagande, que moi, j’étais un problème, quand je publie des photos avec ma compagne précisément pour donner à voir à des adolescents comme Lucas un avenir où ils peuvent avoir une place et pourquoi pas, un jour, être élu de la République ».
Elle a poursuivi en regardant la droite de l’hémicycle. « Si le suicide d’un jeune LGBT vous gêne. Faites votre examen de conscience. Dites-vous que vous vous êtes trompés […] Aurez-vous pour la famille de Lucas, pour ses proches, l’humilité de changer ! », a-t-elle conclu.
Ses propos ont visiblement beaucoup touché le ministre de l’Éducation. « Quand un enfant met fin à ses jours, il n’y a pas de mot pour dire l’émotion, le chagrin, la douleur. Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? », a-t-il d’abord répondu en étouffant un sanglot.
Après avoir adressé ses pensées « les plus émues » aux proches de Lucas, il a affirmé : « Oui, L’homophobie tue ». « Ce drame montre à quel point la lutte contre le harcèlement scolaire, la lutte contre l’homophobie doit demeurer la priorité du gouvernement ».
Il a rappelé que la lutte contre le harcèlement passait par la généralisation du plan « pHARES » (lire notre article) mais aussi par le changement des représentations « qui alimentent les haines ». « En matière d’homophobie et d’égalité entre les femmes et les hommes, la prévention passe en particulier par l’éducation à la sexualité » a-t-il ajouté.
« Vous pouvez compter sur moi »
Il a ensuite cité les sénatrices rapporteures de la mission d’information sur la pornographie dont l’une des recommandations était justement de rendre effectives les « séances d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle ». Le ministre a indiqué avoir pris des mesures en ce sens depuis la rentrée de septembre.
En ce qui concerne précisément la lutte contre l’homophobie à l’école, Pap Ndiaye a annoncé qu’il suivrait personnellement la généralisation prochaine dans chaque académie « des groupes de sensibilisation, de prévention et d’action contre les LGBTphobies ».
« Le harcèlement est une question qui concerne tout le monde de même que l’homophobie. L’Éducation nationale est pleinement engagée en la matière. Vous pouvez compter sur moi », a-t-il conclu.