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Fin de l’opération Barkhane : Christian Cambon appelle « le gouvernement à ne pas tenir à l’écart le Parlement »
Par Public Sénat
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« J’ai appris la veille au soir par la ministre des Armées, Florence Parly, que le chef de l’Etat allait s’exprimer, mais sans plus de précision. C’est une décision qui a été mûrie dans un secret assez strict », confie à publicsenat.fr le président (LR) de la commission des forces armées et de la défense du Sénat, Christian Cambon.
Jeudi, lors d’une conférence de presse Emmanuel Macron a annoncé « la fin de l’opération Barkhane en tant qu’opération extérieure » et la « mise en œuvre d’une alliance internationale associant les États de la région et tous nos partenaires, strictement concentrée sur la lutte contre le terrorisme ».
« On ne peut pas continuer d’assurer la sécurité de gens qui négocient dans notre dos avec des terroristes »
Une semaine après la suspension par Paris des opérations militaires bilatérales avec les forces maliennes, le chef de l’Etat a donc acté la fin progressive de la présence française au Sahel dans le cadre d’une Opex (opération extérieure). Lancée en 2013, l’opération Serval, en soutien aux autorités maliennes contre des groupes terroristes, avait été remplacée l’année suivante par la force Barkhane dont la mission s’étend sur 5 pays du Sahel (Mali, Tchad, Mauritanie, Burkina Faso, Niger). « Je ne suis pas hostile à cette nouvelle orientation. La situation devenait intenable. On ne peut pas continuer d’assurer la sécurité de gens qui négocient dans notre dos avec des terroristes. Les citoyens français n’ont aucune raison d’accepter ça. C’est une opération qui nous coûte quand même 2 millions par jour », relève Christian Cambon.
La situation s’est, en effet, compliquée ces dernières semaines avec la mort brutale du président Idriss Déby au Tchad, et surtout le deuxième coup d’Etat en neuf mois au Mali, pays central de l’opération Barkhane. Emmanuel Macron avait déploré que la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ait « reconnu » le colonel Assimi Goïta comme président de la transition au Mali, après ce deuxième putsch. Le chef de l’Etat avait alors conditionné la reprise des opérations militaires avec les forces maliennes à des engagements « clairs » des autorités de transition non seulement en termes de calendrier électoral mais aussi de non-dialogue avec les jihadistes. Des exigences qui sont mal passées du côté de la junte militaire alors qu’un sentiment antifrançais se développe dans la région. Un récent rapport de l’ONU affirme que 19 civils ont été tués lors de frappes françaises début janvier sur le village malien de Bounti.
Alors que 50 militaires français ont perdu la vie depuis 2013 en opérations, dont cinq en début d’année, le Sénat s’était particulièrement penché sur le sujet ces derniers mois. Un débat sur les perspectives de l’opération Barkhane s’était tenu en février dans l’hémicycle peu avant le sommet de N’Djamena. Le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères y avait d’ailleurs concédé que la résolution de cette crise ne pouvait être « qu’obligatoirement politique ».
Le calendrier de désengagement progressif de la France au Sahel reste encore flou. Le Président n’a pas donné d’indications chiffrées en termes d’effectifs mais a évoqué une réduction des « emprises », c’est-à-dire du nombre de bases françaises dans la région. Fort de 5 100 militaires actuellement, les effectifs français devraient tourner autour de 2.500 personnes à l’horizon 2023. Un départ du Nord du Mali pourrait survenir « à l’horizon de l’automne ». Paris compte surtout sur l'« internationalisation » de l’effort d’accompagnement au combat des forces locales, à savoir la force Takuba, constituée de militaires des forces spéciales européennes et qui doit se déployer pleinement cet été.
« L’effondrement du Mali serait dramatique pour toute la région »
La France devrait se concentrer sur la lutte ciblée contre les jihadistes plutôt que de sécuriser de vastes zones où les Etats n’arrivent pas à garder pied. « J’espère que la décision française ne va pas entraîner des doutes au sein des chancelleries européennes sur l’intérêt d’apporter leurs forces. Que ce ne soit pas interprété comme un signe de faiblesse. C’est comme si votre moniteur de randonnée décidait en plein milieu de l’étape de faire une pause sur le bas-côté et de vous laisser continuer. Seul l’avenir nous dira si le calcul d’Emmanuel Macron est le bon. Une chose est sûre, l’effondrement du Mali serait dramatique pour toute la région », rappelle Christian Cambon.
A l’Assemblée Nationale, le groupe La France Insoumise a d’ores et déjà demandé un « débat parlementaire » sur la fin de l’opération Barkhane. Christian Cambon, quant à lui, préfère prendre la mesure de cette décision avant de solliciter le gouvernement. « La position du Sénat, c’est que le Parlement puisse être informé au fil des décisions qui vont être prises. On laisse du temps à l’exécutif, mais qu’il ne laisse pas la représentation nationale à l’écart », prévient-il.
Christian Cambon, tout comme d’ailleurs Jean-Yves Le Drian, attend beaucoup de la loi de programmation relative au développement solidaire et à la lutte contre les inégalités mondiales, adoptée il y a quelques semaines au Sénat, pour « aider le Mali à développer ses actions ». « Mais il faut que le colonel Goïta joue le jeu ».
Le retrait progressif des troupes aura aussi des implications sur la trajectoire de la loi de programmation militaire. « Si on passe à 2500 effectifs, ça fait déjà 360 millions d’euros à récupérer », calcule le président de la commission de la Défense.