Pour lutter contre la propagation de fausses informations, Mariya Gabriel, la commissaire européenne au Numérique, doit proposer jeudi la mise en place d’un code de bonne conduite pour lutter contre la désinformation en ligne. Son objectif ? Mieux traquer les fake news au niveau européen, en vue des prochaines élections de mai 2019.
Un groupe d’experts mandatés en janvier par la Commission européenne pour élaborer ce plan avait rendu son rapport le 12 mars dernier. Bruxelles s’en est inspiré. Une charte, donc, pour que les plateformes en ligne s’engagent à prévenir la prolifération de fake news.
Si les résultats ne sont pas suffisants d’ici fin 2018, la Commission pourrait proposer d’imposer des règles. Parmi les mesures possibles, l’obligation pour les plateformes d’examiner minutieusement le placement des publicités, l’intensification des efforts pour fermer les comptes Facebook et Twitter qui relaient les fake news, ou encore prévenir l’utilisation non-autorisée des données personnelles des utilisateurs. Une référence directe au scandale Cambridge Analytica qui implique Facebook.
Ce code, un « premier pas » ?
« C’est une bonne chose car nous sommes dans un média qui est transfrontière et qui ne peut pas être géré dans les limites d’un seul pays » estime Divina Frau-Meigs, professeur à Paris II, et membre du comité d’experts sur les fake news, qui a été mis en place par la Commission européenne. « Le fait que l’Union européenne, qui est le plus gros marché mondial pour ces médias sociaux et ces plateformes, agisse et donne ce signal, ça peut avoir une valeur d’exemple ».
« Dans nos recommandations, on a beaucoup mis en avant l’éducation des publics, parce qu’au final, ce sont eux les meilleurs filtres » affirme Divina Frau-Meigs qui explique le processus qu’elle et ses collègues experts ont eu lors de l’élaboration de ce code. Selon elle, on ne doit pas « sanctionner en amont, pas pour priver les gens de la liberté d’expression ».
Virginie Rozière, députée européenne de l’Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrates, et conseillère régionale d’Occitanie est plus mesurée : « C’est un premier pas » mais juge « qu’il doit y avoir une réflexion plus globale sur comment est-ce qu’on organise nos libertés publiques dans le monde numérique ». « La question est vraiment sur la responsabilité de ces plateformes plus que sur le fait de combattre tel ou tel symptôme » estime-t-elle. La conseillère vise le problème des algorithmes qui, selon elle, favorisent l’émergence des fake news car, fonctionnent via la maximisation d’audience.
L’exigence de transparence et d’explication du fonctionnement des algorithmes par ces plateformes, est également soulevée dans le rapport.
Certains États européens ont déjà pris des mesures comme l’Allemagne, qui oblige les réseaux sociaux à supprimer sous 24 heures les contenus litigieux et haineux. Emmanuel Macron s’est également engagé à légiférer sur le sujet, suite aux interférences de sites internet russes lors de l’élection présidentielle de 2017.