La Commission européenne devrait pouvoir entrer en fonction dès le 1er décembre après l’accord entre les trois principaux partis européens sur le collège des commissaires. Un accord qui illustre la place centrale de la droite européenne, prête à s’allier avec l’extrême droite.
Emmanuelle Wargon : « La rénovation énergétique doit avoir une place centrale dans la relance »
Par Public Sénat
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A quoi pourrait ressembler « l’après », selon Emmanuel Macron ? Dans les ministères, on planche pour aider et nourrir le chef de l’Etat en idées et propositions, que le Président de la République mettra en musique lors d’un discours attendu, qui devrait donner le cap de la fin de quinquennat.
Du côté du Boulevard Saint-Germain, à Paris, au ministère de la Transition écologique, Emmanuelle Wargon, secrétaire d’Etat auprès de la ministre de la Transition écologique et solidaire, travaille notamment sur la question de la rénovation thermique des logements. Un vrai enjeu écologique, quand on sait que le bâtiment est le deuxième poste d’émission de gaz à effet de serre.
« La politique de rénovation thermique peut être une grande gagnante de "l’après" »
« Nous travaillons au plan de relance. La politique de rénovation thermique des logements est une candidate parfaite car elle est bonne pour l'emploi, pour le pouvoir d'achat et pour la planète. Elle peut donc être une grande gagnante de « l’après ». En terme de travail, c’est de l’emploi non délocalisable. Et il peut y avoir une dimension sociale en ciblant les aides sur les plus modestes », confie Emmanuelle Wargon. Sur le papier, le sujet coche donc toutes les cases.
L’an dernier, 800.000 travaux d’isolations ont déjà été réalisés. L’ambition est ici de les accélérer et de les amplifier, à coup d’aides publiques. « Nous souhaitons booster le système » lance-t-elle, évoquant « une hausse des aides », « une augmentation des certificats d’économie d’énergie » mais aussi « un soutien renforcé à la rénovation globale ».
Le gouvernement veut « aider beaucoup plus les rénovations globales »
C’est sur cette rénovation globale que compte mettre l’accent le gouvernement. Sur un parc de 35 millions de logements, la France compte environ 7 millions de passoires thermiques. De quoi rénover et gagner en sobriété énergétique.
« Quand on vit dans une passoire thermique, il vaut mieux tout rénover d'un coup. Une rénovation globale, ça coûte en moyenne 400 à 500 euros le m2, mais c’est moins aidé que les gestes individuels pour l’instant. On voudrait aider beaucoup plus ces rénovations globales, pour que les Français puissent se lancer dans ce type de travaux conséquents, en maison comme en copropriété. Concrètement, l’objectif est de multiplier par deux ou par trois le nombre de ces rénovations globales par an » avance Emmanuelle Wargon.
« Investissement massif »
Reste que toutes ces mesures auront un coût. Si elles ne sont pas encore chiffrées en détail, on peut facilement imaginer qu’elles pourraient être de l’ordre de plusieurs centaines de milliers d’euros. Mais la secrétaire d’Etat ne donne pas de chiffre pour le moment. « Comme pour d’autres secteurs, les besoins pour la relance du bâtiment sont importants. Les discussions sont en cours » affirme, prudente, la membre du gouvernement.
Mais globalement, « si nous voulons un plan comparable à celui de l’automobile par exemple, nous aurons besoin d’un investissement massif. La rénovation énergétique doit avoir une place centrale dans la relance » pour Emmanuelle Wargon. Pour rappel, le plan automobile annoncé par Emmanuel Macron fin mai se chiffre à hauteur de 8 milliards d’euros…
Les sénateurs avaient dénoncé une baisse des budgets
Ce coup d’accélération sur la rénovation devrait faire rire jaune certains sénateurs. Lors de l’examen du budget 2020, ils avaient dénoncé au contraire la baisse des dépenses en la matière (voir notre article).
Les sénateurs, notamment le sénateur LR Jean-François Husson, avaient dénoncé la baisse de 1,7 milliard à 800 millions d’euros de l’enveloppe destinée au crédit d’impôt transition énergétique (CITE), remplacée dans le budget 2020 par une prime versée dès la fin des travaux. Les sénateurs pourront toujours reprendre leur discours favori, tenu lors des derniers budgets : dire au gouvernement qu’il aurait mieux fait de suivre la Haute assemblée.
Pour en savoir plus, il faudra attendre le discours d’Emmanuel Macron, dont la fenêtre de tir pourrait intervenir au début de l’été. Un discours où l’écologie devrait, entre autres sujets, avoir une place de choix. Mais il faut encore voir où le chef de l’Etat mettra le curseur, alors qu’on sent que la tentation de relancer la machine plus ou moins comme avant est présente chez certains. On l’a compris, la fin de quinquennat devrait être plus verte. Mais l’acte II, dont on n’a jamais vraiment vu la couleur, devait déjà l’être aussi… Attention aux effets d’annonce.