Un peu moins de trois mois après le retrait des soldats français du Mali, Emmanuel Macron va annoncer officiellement ce mercredi la fin de l’opération antijihadiste Barkhane au Sahel, a indiqué mardi l’Elysée à la presse. Une annonce qui sera faite à l’occasion d’un déplacement à Toulon, où le président de la République va tenir un discours sur la revue nationale stratégique.
La fin de Barkhane sera sans conséquence sur le dispositif militaire français dans la région. Quelque 3.000 militaires français sont encore déployés au Niger, au Tchad et au Burkina Faso, contre 5.500 militaires au maximum, ces dernières années.
Selon l’Elysée, le principe est « de réduire l’exposition et la visibilité de nos forces militaires en Afrique, de se concentrer sur la coopération et l’appui […], principalement en termes d’équipement, de formation, de renseignement et de partenariat opérationnel lorsque les pays le souhaitent ». Mais sur place, il restera des soldats, qui seront « couverts, protégés, soutenus, administrés ». Mais cette annonce sur la fin officielle est « nécessaire localement », explique l’Elysée. Sur place, et notamment sur les réseaux sociaux, la présence militaire française est souvent critiquée.
« Etre capable de protéger son territoire, de protéger et d’impliquer les concitoyens »
Quant à la revue stratégique, il s’agit de définir « notre ambition générale pour 2030 », explique l’Elysée. La France entend « réaffirmer être en 2030 une puissance d’équilibres », autant dans le cadre de l’Otan que d’une « défense européenne crédible ». Mais la question est aussi et d’abord nationale. Si la dissuasion nucléaire « reste notre dorsale principale pour notre sécurité », rappelle l’Elysée, la France entend renforcer son « influence » à l’étranger, sujet essentiel, que n’hésitent pas à utiliser d’autres pays, comme la Russie.
Un autre enjeu est également « d’être capable de protéger son territoire, de protéger et d’impliquer les concitoyens », avec l’objectif d’avoir « une France unie et résiliente », en cas de conflit. Il ne s’agirait pas pour de simples citoyens de prendre les armes, mais « que la France soit suffisamment préparée » dans les mentalités. Le service civique universel ou « le doublement de la réserve » contribuent, pour l’Elysée, à cet effort.
Si « un conflit sur notre sol, comme en Ukraine, est exclu du fait de la dissuasion nucléaire », la « probabilité où les forces françaises seraient engagées dans des scénarios de haute intensité augmente », prévient-on à l’Elysée. « Ce serait dans le cadre de coalition, mais on ne s’interdit pas la possibilité de le faire seul », ajoute-t-on. Reste à « réparer des lacunes » déjà, comme dans le domaine des « munitions » ou « l’emploi de drones », reconnaît l’Elysée. Le budget 2023 prévoit + 3 milliards d’euros pour le budget de la défense, conformément à la loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025. La suite sera définie par une prochaine LPM.