Alors qu’arrive le budget 2025 au Sénat, le président de la commission des finances, le socialiste Claude Raynal, « pose sur la table » l’idée d’une surtaxe temporaire qui viserait les 20 % les plus riches. De quoi rapporter 3 milliards d’euros par an.
Crise des sous-marins : « En diplomatie, il faut savoir tourner la page », estime Christian Cambon
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Un an après la crise des sous-marins, l’eau a coulé sous les ponts, l’Australie a changé de Premier ministre et se trouve bien dépourvue, car elle n’a aucune date précise pour l’obtention de ses sous-marins, commandés aux Britanniques et aux Américains. En effet, les carnets de commandes de leurs chantiers navals sont pleins, ils ne pourront pas fournir l’Australie avant 2040, date à laquelle sa flotte sera obsolète. Une éventuelle aide de la France à l’Australie revient donc sur le devant de la scène. Ainsi, le 1er septembre, le ministre des Armées Sébastien Lecornu a reçu en France le nouveau ministre des Armées australien. Ils sont parvenus à un accord prévoyant l’aide de la France à l’Australie pour projeter des moyens militaires dans la région. Christian Cambon, président de la commission des affaires étrangères du Sénat, détaille les enjeux de ce nouveau rapprochement entre les deux pays dans cet entretien.
Que pensez-vous de l’apaisement des relations entre la France et l’Australie ? Faut-il que la France soutienne l’Australie, qui risque de retrouver en mauvaise posture ?
C’est une bonne chose. Le gouvernement qui nous avait joué un mauvais tour est tombé et le nouveau gouvernement élu nous a montré son amitié, car le premier déplacement du nouveau Premier ministre australien a été à Paris. Il y a manifestement une volonté de reprendre le dialogue et c’est très bien. En diplomatie, il faut savoir tourner la page. Aujourd’hui, tout peut revenir à la normale. Quand il y a une contre-performance, il faut reprendre le sujet et avancer.
Cet apaisement des relations est bénéfique tant pour eux que pour nous. Pour nous, parce qu’elle nous permet de rester une puissance dans l’Indo-pacifique. Pour eux, parce qu’ils ont besoin de notre présence. Les Australiens ont compris que les conséquences de leur choix funeste étaient lourdes, et qu’ils n’auront jamais leurs sous-marins américains. Il faut aider les Australiens s’ils en ont besoin.
Quelles leçons tirer de toute cette affaire, puisque manifestement il y a eu des loupés dans la gestion du contrat par les Français ?
Il y a eu indubitablement des choses que l’on n’a pas vues, mais pouvait-on les voir ? Peut-être aurions-nous dû être plus attentifs à quelques signaux ? Manifestement, on a raté quelque chose. Mais il est difficile de retracer une décision qui a été prise entre quatre ou cinq personnes.
La situation tendue de l’Europe et du bloc occidental avec la Russie a-t-elle changé les choses ?
Cela a changé les paradigmes. Il y a un axe qui se renforce entre la Russie et la Chine. Pour l’Australie, la Chine est à la fois son principal partenaire et son voisin le plus encombrant. Ils doivent donc être vigilants.
Les nouveaux rapports de force renforcent les vieilles alliances, et nous permettent de renouer de relations que nous n’aurions jamais dû rompre. D’autant que la France a des intérêts importants en Australie.
Quels sont aujourd’hui les enjeux de la France dans l’Indo-pacifique ?
La France a des intérêts économiques et stratégiques dans l’Indo-pacifique.
Elle y a 2 millions d’habitants et 7 500 hommes dans les contingents en Polynésie et en Nouvelle-Calédonie. La France a également la deuxième plus grande zone économique exclusive au monde, notamment grâce à ces territoires dans l’Indo-pacifique.
C’est également une question stratégique, car la France en tant que membre du Conseil de sécurité de l’ONU se doit d’y être présente. Elle y a aussi de nombreux amis, comme l’Indonésie, le Japon ou encore la Corée, que je visiterai, et évidemment l’Australie, où Emmanuel Macron doit se rendre bientôt. Elle doit donc y avoir une présence constante, sur laquelle comptent ses alliés, comme l’Australie ou la Nouvelle-Zélande. Ils ont besoin de nous, avec leurs faibles moyens, comme l’a montrée la situation actuelle, et nous les avons déjà aidés par le passé.
Aujourd’hui, nous pouvons donc reprendre notre place de puissance du pacifique, d’autant que nous ne sommes pas dans une logique de confrontation avec la Chine.