Le monde du cinéma fortement invité à passer à l’heure numérique.
La sénatrice centriste et présidente de la commission de la culture, de l’éducation et de la communication Catherine Morin-Desailly, et le rapporteur des crédits audiovisuels, Jean-Pierre Leleux (sénateur LR-R) ont présenté ce matin, au Sénat, leur projet de réforme de la chronologie des médias.
L’organisation de la diffusion des films après leur sortie en salle pour chaque type d’exploitation (télévision en clair, chaînes payantes, DVD) est devenue obsolète avec l’arrivée de nouveaux acteurs, tels que la vidéo à la demande (VOD), Amazon ou encore Netflix.
Ces derniers ont su comprendre l’attente principale du public : pouvoir regarder un film sans délai. Le 12 juillet dernier, la Commission de la culture du Sénat a auditionné les principaux acteurs de la filière. Le rapport d’information publié dans la foulée propose plusieurs pistes de modernisation.
Avancer à trois mois après leur sortie en salle la diffusion des films en VOD
Les sénateurs estiment nécessaire de resserrer les délais de diffusion des films après leur sortie en salle pour que les productions touchent plus rapidement un grand nombre de spectateurs. Concrètement, ils préconisent d’avancer à trois mois après leur sortie en salle la diffusion des films en VOD. Aujourd’hui ce délai est fixé à quatre mois. Autre piste, la mise à disposition des films sur les chaînes de télévision payante 6 mois après leur sortie en salle, au lieu des dix mois actuellement en vigueur.
Ces propositions poursuivent deux objectifs : fluidifier la diffusion des œuvres vers le public et lutter contre le piratage.
« La balle est dans le camp des acteurs »
La chronologie des médias n’a pas été réformée depuis 2009, il faut donc, selon les membres de la commission de la culture, adapter le système d’exploitation et de diffusion des films à de nouveaux usages. Les plateformes numériques occupent désormais une place majeure sur le marché. Mais ne participent pas au financement de la création et ne respectent pas les délais de diffusion imposés par la chronologie des médias.
Pour la commission, ce n’est ni loyal, ni équitable. Elle estime que l’intervention du Parlement est nécessaire pour trouver des solutions.
Il s’agit d’inviter tous les acteurs de la diffusion à jouer le jeu. Si aucun accord n’est signé d’ici fin 2017, la commission avertit : une action législative sera engagée en 2018.
Catherine Morin-Desailly assume cet ultimatum et affirme que la balle est dans le camp des professionnels du secteur. « Maintenant l’heure est venue de se mettre d’accord, il y a eu des discussions, il y a eu des débats, il y a des points de blocage, on relance ce débat avec nos propositions. Aux acteurs de se rassembler (…) on fixe un cadre de propositions (…) La balle est dans le camp des acteurs (…) face à la concurrence mondiale il faut savoir s’organiser, être solidaire et jouer en équipe. »