Alors que François Bayrou vient d’annoncer la composition de son gouvernement, l’exécutif peut enfin se mettre au travail, estiment les représentants du bloc central au Sénat. Pour cela, il faudra composer avec le Parti Socialiste tout en ménageant LR qui conditionne encore son soutien au gouvernement. Une tâche périlleuse.
Centre-Val de Loire : malgré le RN en tête, une région gagnable pour LREM ?
Par Public Sénat
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Marc Fesneau favori pour prendre la tête de la région Centre-Val de Loire ? C’est ce qui ressort entre les lignes du sondage réalisé début mai par Ipsos et Sopra Steria pour France Bleu, qui place le candidat RN, Aleksandar Nikolic en tête (28 %) au premier tour en région Centre-Val de Loire. Il est suivi par le ministre en charge des relations avec le Parlement, Marc Fesneau (21 %), le président sortant de la région, le socialiste, François Bonneau (19 %), et le candidat soutenu par LR et l’UDI, Nicolas Forissier (16 %). A noter que la gauche part en ordre dispersée faute d’accord avant le premier tour, la liste soutenue par Europe Écologie-Les Verts, La France insoumise et Génération. s conduite par Charles Fournier obtient 11 %.
Le candidat RN, inconnu du grand public (86 % des sondés ne le connaissent pas), arrive également en tête au second tour avec 30 % des intentions de vote dans deux hypothèses de quadrangulaire où la gauche serait réunie. Dans le cas d’une liste de rassemblement à gauche conduite par François Bonneau, elle est devancée d’un point (29 %), de deux si elle était conduite par Charles Fournier (28 %). Marc Fesneau obtient lui 25 % dans les deux hypothèses. Le candidat LR est lui quatrième avec 16 et 17 %.
Mais cette enquête d’opinion ne pose pas la question « qui fâche » à droite. Quelles seraient les intentions de vote pour le second tour dans l’hypothèse d’une triangulaire, avec une liste commune LREM/Modem/LR/UDI ou avec un accord de désistement au profit d’En marche. L’alliance de ces deux listes au second tour est d’ailleurs plébiscitée par les électeurs de Marc Fesneau (75 %) et par ceux de Nicolas Forissier (55 %).
« La question du retrait de la liste se posera » chez LR entre les deux tours
« Ce sondage incite à remettre en avant cette question qui a été mortelle avant le premier tour en région PACA et qui a fait prendre au candidat RN 7 % le jour de l’annonce d’un rapprochement », reconnaît Serge Babary sénateur LR d’Indre-et-Loire.
Lors de la présentation de ses colistiers, fin avril, Nicolas Forissier avait lui-même « mis fin à cette petite musique qu’on nous sert tous les jours : on n’est pas dans une logique de fusion au second tour avec La République en marche » avait-il coupé court.
« Je ne sais pas qu’elle sera la ligne du parti mais j’imagine qu’on aura le débat très vite à l’issue du premier tour. Les situations politiques sont quand même très différentes d’une région à l’autre, mais de manière générale, ce sera plutôt la question du retrait de listes qui n’arriveront pas en deuxième position, qui se posera. Fusionner les listes entre les deux tours, c’est quand même très compliqué quand ça n’a pas été préparé en amont », rappelle le sénateur Alain Joyandet.
« Il semble bien que la candidature de Marc Fesneau est en train de prendre »
Du côté de LREM, le sénateur Alain Richard, fin connaisseur de la carte électorale, reconnaît que si l’issue du scrutin demeure très incertaine, « il semble bien que la candidature de Marc Fesneau est en train de prendre ». Et quant au démenti de Nicolas Forissier sur une fusion de listes pour le second tour, « une fois que vous avez déposé votre liste, c’est une vérité de La Palice. Sinon, ce n’est plus la peine de faire campagne » sourit-il avant de rappeler « que depuis une loi de 1982, la décision de se maintenir au second tour revient au candidat qui a jusqu’au lundi suivant le premier tour à 18 heures pour faire ce choix », relativisant ainsi le poids de l’état-major LR dans la décision finale.
Un cadre de LREM ne cache pas son enthousiasme à la lecture de ce sondage. « Il y a deux mecs qui ont pris un coup sur la tête. C’est Bonneau qui se voyait en tête. Il a un bon bilan mais il paye l’image désastreuse du PS au niveau national. Et Forissier qui se voyait devant Marc Fesneau. On prédisait qu’on ne remporterait aucune région mais la Bretagne, la région Centre et pourquoi pas la Bourgogne sont gagnables ».
« Ce que ce sondage ne prend pas en compte, c’est la présence de François Bonneau sur le terrain »
Le sénateur PS du Loiret, Jean-Pierre Sueur prend quant à lui beaucoup de distances avec l’enquête d’opinion et garde toute confiance en les chances de François Bonneau de l’emporter à nouveau. « C’est toujours pareil, les sondages disent une chose et l’élection en dit une autre. Ce que ce sondage ne prend pas en compte, c’est la présence de François Bonneau sur le terrain. Il a sillonné chaque canton et je n’entends personne mettre en cause son bilan. Le RN est élevé comme dans toutes les régions. Mais chez nous, il est fort probable que le PS et les écologistes s’allient au deuxième tour. A l’inverse, Nicolas Forissier a dit haut et fort qu’il n’y aurait pas d’alliance entre LR et LREM. Au second tour, je pense qu’il y aura un rassemblement des électeurs de droite et du centre derrière François Bonneau pour faire barrage au RN » veut-il croire.
« Marc Fesneau arrange beaucoup de choses y compris avec la droite du Sénat »
« Marc Fesneau a des chances d’être élu car une alliance avec Nicolas Forissier me semble envisageable d’autant que le ministre est membre du Modem. Un parti qui est dans la majorité au niveau national mais qui au niveau local est dans les majorités de droite. On ne parle pas ici d’un candidat LR, qui comme Laurent Wauquiez par exemple, pourrait jouer la politique du pire en décidant de se maintenir » souligne le sénateur LREM, André Gattolin qui précise : « En tant que ministre des Relations avec le Parlement, Marc Fesneau arrange beaucoup de choses y compris avec la droite du Sénat ».
Et lorsqu’on parle des régionales, la présidentielle n’est jamais loin. Si Marc Fesneau était élu le 27 juin, certains lui prédisent un rôle essentiel dans la recherche de nouveaux alliés pour 2022. « Le système d’alliance qui s’est noué en 2017 avec le Modem bloque certains centristes qui ont une haine viscérale envers François Bayrou. Il y aurait plus d’ouverture avec Marc Fesneau. Le vrai enjeu pour lui, serait à terme la présidence du Modem », veut croire un parlementaire LREM.
Pour Alain Richard, en cas de victoire, « Marc Fesneau devra quitter le gouvernement pour devenir un porte-parole reconnu de la majorité LREM/Modem. Nous le regretterons comme ministre des Relations avec le Parlement, mais on trouvera quelqu’un d’autre pour faire le métier ».