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Allocution d’Emmanuel Macron : « Les cent jours se terminent à Waterloo », raille Clémentine Autain
Par Romain David
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Emmanuel Macron s’est donné « cent jours » pour apaiser et relancer le calendrier des réformes. Prisonnier de la crise politique et sociale déclenchée par la réforme des retraites, le chef de l’Etat a pris la parole lundi soir pour réaffirmer sa volonté d’agir « au service de la France ». S’il a reconnu que le report de l’âge légal de départ de 62 à 64 n’était « à l’évidence » pas accepté, il a eu le souci d’esquisser une feuille de route, évoquant pêle-mêle un « nouveau pacte de la vie au travail », le chantier sur l’immigration laissé en suspens, la réforme du lycée professionnel ou encore la planification écologique.
« Je suis admirative du temps passé sur toutes les antennes depuis hier soir à commenter le vide. C’est un exercice qui n’est pas forcément évident », a cinglé la députée LFI Clémentine Autain, invitée ce mardi de « Bonjour chez vous », la matinale de Public Sénat. « Sur treize minutes d’allocution, seules deux minutes ont été consacrées aux retraites », relève l’élue de Seine-Saint-Denis. « Il le sait, il n’a pas de légitimité et d’autorité sur ce sujet, car les Français lui ont dit non par tous les biais où il était possible de s’exprimer démocratiquement. »
Une référence fâcheuse
« Avec tous les communicants autour de lui, ces gens qui ont fait l’ENA, il n’y en a pas un qui lui a dit que les cent jours c’est grave, ça se termine à Waterloo, à Sainte-Hélène. Comment est-il possible qu’il ait mis son allocution sous le signe des cent jours ? C’est délirant », tacle encore Clémentine Autain. La référence renvoie traditionnellement aux derniers feux du règne de Napoléon Ier, et à la période écoulée entre son retour de l’île d’Elbe le 1er mars 1815, la reconquête éclair du pouvoir, et finalement la débâcle de Waterloo face à une coalition rassemblant Britanniques, Allemands et Néerlandais le 18 juin 1815. Contraint à l’abdication, Napoléon est exilé sur l’île de Sainte-Hélène au milieu de l’Atlantique sud, en août 1815, où il décède six ans plus tard.
« Emmanuel Macron est tellement hors sol, déconnecté, dans un tel délire de toute puissance qu’il y a forcément une dimension psychanalytique », poursuit notre invitée, qui dénonce également les travers d’un régime présidentiel. « Il avance avec la brutalité, avec l’autorité que lui permet la Cinquième République », estime Clémentine Autain. « Aucun régime démocratique ne confère autant de pouvoir à un seul homme », pointe-t-elle. « Nous devrions avoir un système institutionnel qui empêche un homme seul de décider contre son peuple, c’est pourquoi nous sommes dans une crise de régime, et je pèse mes mots. »
« Le pouvoir ne tient plus qu’à un fil »
L’opposition à la réforme des retraites ne désespère pas de faire reculer l’exécutif malgré la promulgation du texte de loi. Elle table notamment sur le 1ermai, qui marquera la 13e journée de mobilisation intersyndicale, mais aussi sur une demande de référendum d’initiative partagée, sur laquelle le Conseil constitutionnel doit se prononcer le 3 mai, ou encore, à l’initiative des parlementaires socialistes, une proposition de loi pour abroger les 64 ans.
« Nous travaillons sur une motion de censure qui pourrait être portée par le groupe LIOT. La dernière a échoué à 9 voix », glisse encore Clémentine Autain. Ce petit groupe parlementaire, formé de 20 élus de centre gauche et de centre droit, avait déposé le 20 mars, à l’initiative du très respecté député Charles de Courson, une motion de censure transpartisane contre le gouvernement d’Élisabeth Borne, réussissant à rassembler des signatures issues à la fois des rangs de la gauche et de la droite. « Certains LR ont voté la réforme des retraites à cause des carottes derrière le bâton des 64 ans, là les carottes ont disparu ! C’était un jeu de dupes », relève Clémentine Autain, le Conseil constitutionnel ayant retoqué une partie des dispositifs inscrits dans le texte par la droite après négociations avec l’exécutif. « Nous regardons si nous avons des chances d’obtenir un vote meilleur et de gagner cette motion de censure, mais chaque jour le pouvoir ne tient plus qu’à un fil, et ce fil est de plus en plus mince. »
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