A trois mois des européennes, l’union en panne à gauche

A trois mois des européennes, l’union en panne à gauche

Chacun dans son couloir, pour le meilleur et pour le pire: à trois mois des européennes, plus grand monde ne semble croire à une...
Public Sénat

Par Stéphanie LEROUGE

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Chacun dans son couloir, pour le meilleur et pour le pire: à trois mois des européennes, plus grand monde ne semble croire à une union des forces de la gauche non-mélenchoniste, même si le PS se laisse jusqu'au 16 mars pour trancher.

Benoît Hamon, fondateur de Générations, avait lancé le 8 février l'idée d'une "votation citoyenne" permettant d'unir les formations politiques se partageant cet espace, laissant jusqu'au 22 février aux partis pour lui répondre.

Las, pour l'ancien candidat PS à la présidentielle, l'idée a fait long feu, seuls Nouvelle Donne, les Radicaux de gauche et le MDP se montrant intéressés.

Les écologistes d'EELV ont très vite décliné, fidèles à leur stratégie annoncée dès le mois de juillet de présenter une liste autonome pour le scrutin du 26 mai. Le PCF a rejeté une proposition qui ne "semble pas permettre la clarté nécessaire à l'unité et à la reconquête", confirmant son intention d'avoir sa propre liste. Et le PS comme Place publique, le tout jeune mouvement lancé par Raphaël Glucksmann, se sont montrés plus que sceptiques sur la "méthode".

Faute de combattants, la votation n'aura donc pas lieu, et M. Hamon a affirmé dimanche dans Le Parisien qu'il prendrait la tête d'une liste Générations. Mardi, il dévoilera les trente premiers noms de sa liste.

En privé, M. Hamon continue d'espérer une alliance avec le PCF, à la peine comme lui dans les sondages --Générations est crédité de 3% dans une enquête BVA publiée samedi, devant le PCF (2%) et derrière le PS (5%), la France insoumise (7,5%) et EELV (9%). Les concurrents doivent dépasser le seuil de 5% pour avoir des élus, et de 3% pour être remboursés de leurs frais de campagne.

"Une fois qu'on aura lancé la campagne on verra si le PCF cogne à notre porte. Ils vont cogner", espère l'entourage de M. Hamon. Mais le PCF ne semble pas pressé de se ranger derrière quiconque, après des années mortifères passées dans l'ombre de la France insoumise.

- Une "erreur stratégique grave" ? -

Du côté du PS, les choses ne sont pas encore totalement figées. Le parti continue de tendre la main à Place publique et d'autres petites formations (PRG, Nouvelle Donne, UDE...) et tranchera sur sa stratégie lors d'un Conseil national le 16 mars, selon l'entourage du premier secrétaire Olivier Faure. Numéro deux du parti, Corinne Narassiguin souligne que Générations est "tiraillé en interne": "il y a ceux qui ne veulent pas revenir à la maison et ceux qui savent qu'ils ne peuvent pas survivre seuls".

Une union PS-Place publique n'a rien d'évident non plus: pour de nombreux responsables socialistes, comme le sénateur Rachid Temal ou le député Luc Carvounas, il est hors de question d'abandonner la tête de liste à une petite formation née il y a quatre mois, comme M. Faure dit l'envisager.

Place publique, de son côté, ne se voit pas s'enfermer dans un tête à tête avec le PS, alors que le mouvement s'était assigné pour tâche de refonder la gauche derrière la bannière de l'écologie. "Etre seuls avec le PS, ça n'est pas une option, bien qu'on apprécie Olivier Faure", dit le coprésident du parti, Jo Spiegel (ex-PS).

Un peu plus de trois mois après le lancement du mouvement, les fondateurs de Place publique ont du vague-à-l'âme. "On découvre la force de résistance d'appareils à 3%", ironise Raphaël Glucksmann. "Le seul rationnel, lucide, c'est Olivier Faure. Il ne se voit pas plus grand, plus beau qu'il n'est", déplore-t-il.

Pour l'essayiste de 39 ans, le chef de file des écologistes Yannick Jadot fait une "erreur stratégique grave", alors que l'écologie a "l'opportunité historique" d'"absorber la sociale-démocratie".

M. Jadot, lui n'en démord pas: la seule stratégie payante sera celle de la "clarté" et de la "cohérence", et donc du refus de l'alliance avec un PS.

"Je ne vais pas faire une union de façade à Paris pour des personnes qui après vont faire des votes différents à Bruxelles (...) Moi la seule chose qui m'intéresse, c'est qu'on ait un groupe écologique puissant" et que "l'Europe ne soit pas simplement une sorte de sas de politique intérieure", a-t-il dit dimanche à BFMTV.

Dans la même thématique

Paris: Weekly session of questions to the government at the french senate
6min

Politique

Budget : les sénateurs écologistes accusent la majorité du Sénat de « lâcher les collectivités »

Alors que la majorité sénatoriale veut réduire l’effort demandé aux collectivités de 5 à 2 milliards d’euros dans le budget, c’est encore trop, aux yeux du groupe écologiste du Sénat. « Il y a un changement de pied de la majorité sénatoriale », pointe le sénateur Thomas Dossus. Avec le groupe PS et communiste, ils vont présenter onze amendements identiques « pour faire front commun ».

Le

A trois mois des européennes, l’union en panne à gauche
2min

Politique

Retrait de la plainte de Noël Le Graët : « une décision sage et prudente » réagit Amelie Oudéa-Castera

A quelques jours de l’audience qui devait avoir devant la cour de justice de le République, Noël Le Graët, par la voix de son avocat a annoncé retirer sa plainte pour diffamation contre l’ancienne ministre des Sports. Invitée dans l’émission Sport etc, Amélie Oudéa-Castéra réagit en exclusivité à cette annonce au micro d’Anne-Laure Bonnet.

Le

G7 summit in Borgo Egnazia
6min

Politique

Nomination des commissaires européens : « On constate qu’Ursula von der Leyen ne peut pas se passer du soutien de Giorgia Meloni », note un spécialiste des partis européens 

La Commission européenne devrait pouvoir entrer en fonction dès le 1er décembre après l’accord entre les trois principaux partis européens sur le collège des commissaires. Un accord qui illustre la place centrale de la droite européenne, prête à s’allier avec l’extrême droite.

Le

A trois mois des européennes, l’union en panne à gauche
2min

Politique

Face au « désarroi » des collectivités, Karim Bouamrane, maire PS de Saint-Ouen, « appelle à la prise de conscience du premier ministre »

Alors que le gouvernement demande un effort budgétaire de 5 milliards d’euros aux collectivités – « 11 milliards » selon les élus – le socialiste Karim Bouamrane affirme que « Michel Barnier est totalement inconscient ». Le PS a organisé ce matin, devant le congrès des maires, un rassemblement pour défendre les services publics.

Le