A quelques jours de l’audience qui devait avoir devant la cour de justice de le République, Noël Le Graët, par la voix de son avocat a annoncé retirer sa plainte pour diffamation contre l’ancienne ministre des Sports. Invitée dans l’émission Sport etc, Amélie Oudéa-Castéra réagit en exclusivité à cette annonce au micro d’Anne-Laure Bonnet.
A quoi va ressembler le revenu d’engagement pour les jeunes voulu par Emmanuel Macron ?
Par Public Sénat
Publié le
Ce sera l’une des dernières grandes annonces du quinquennat. On devrait bientôt connaître les contours précis du « revenu d’engagement » pour les jeunes. Au sein de l’exécutif, les derniers arbitrages sont en cours. Ils remontent au plus haut niveau, alors que le chef de l’Etat entend faire de la jeunesse un de ses thèmes pour la fin de son mandat et 2022. « C’est 100 % Elysée », résume un conseiller. Emmanuel Macron devrait présenter le dispositif d’ici la mi-octobre.
Ce « revenu d’engagement » « concernera les jeunes sans emploi ou [sans] formation et sera fondé sur une logique de devoirs et de droits », avait expliqué le président de la République, le 12 juillet. Le premier ministre Jean Castex précisait un peu plus, le 8 septembre dernier, la philosophie du dispositif : « Un accompagnement exigeant, pour un contrat donnant-donnant, un vrai contrat d’engagement. Il ne s’agira pas d’un RSA jeune, mais d’encourager, de valoriser l’insertion professionnelle et l’activité ». Le « RSA jeune », c’est justement ce dont ne veut pas le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire. Bercy regarde aussi le coût de la mesure, au moment où les promesses s’accumulent. Au sein du gouvernement, les visions ne sont pas toujours les mêmes sur le sujet entre le locataire de Bercy et la ministre du Travail, Elisabeth Borne.
Coût estimé entre un et deux milliards d’euros par an
Ce revenu – ou contrat, selon le terme qui sera arrêté – d’engagement vise à accompagner les jeunes qui n’ont ni emploi, ni formation. S’inspirant de la garantie jeunes, créée par François Hollande, la mesure concernerait les 16-25 ans. Ils toucheront un revenu d’environ 500 euros, comme la garantie jeunes. Pour éviter de ressembler à un RSA jeune, les bénéficiaires recevront un accompagnement qui se voudra exigeant. Des sanctions graduées, qui pourraient aller jusqu’à la suspension provisoire, devraient faire partie du système, contre ceux qui ne jouent pas le jeu. Ce que critiquent les syndicats.
Le coût évoqué varie, selon les chiffres, de plus d’un milliard à deux milliards d’euros par an. L’idée n’est pas d’en faire une aide passagère, mais bien « un nouveau droit », explique un acteur du dossier. Le nouveau système pourrait absorber, ou du moins être le prolongement des dispositifs existants (garantie jeunes, un jeune/une solution, etc).
« Jusqu’à 24 mois d’indemnités » ?
Quand la garantie jeunes se limite à 200.000 individus, l’objectif est ici d’élargir la cible. Plus d’un million de personnes pourraient être concernées au total. Tout dépend de l’échelle des bénéficiaires. Les jeunes en emploi précaire devraient être également dans la boucle. Au sein du gouvernement, certains plaident même pour que les étudiants décrocheurs puissent bénéficier du revenu d’engagement. Manière aussi de répondre à l’idée qu’Emmanuel Macron n’aurait pas fait assez pour eux.
La durée est aussi l’un des critères à définir. Une période de 12 à 18 mois est souvent avancée. Mais « cela pourrait aller jusqu’à 24 mois d’indemnités, selon les derniers arbitrages », soutient une source gouvernementale, le temps de laisser au jeune de trouver un emploi. Il faudra attendre cependant les annonces de l’Elysée.
Besoin de recruter dans les missions locales
Le système s’appuiera, comme la garantie jeunes, sur les missions locales. Pôle emploi pourrait aussi avoir un rôle. Mais pour les missions locales, cela pourrait représenter entre 150.000 et 200.000 jeunes supplémentaires, soit un quasi-doublement de l’objectif actuel de 200.000 garanties jeunes.
« Il faudra recruter beaucoup plus – la garantie jeunes, c’est un conseiller pour 50 jeunes maximum – trouver des locaux, changer des pratiques », met en garde auprès de l’AFP Raphaël Wintrebert, directeur général adjoint de la mission locale de Paris.
« Un amplificateur de la garantie jeunes, qui fonctionnait bien »
Du côté de la majorité présidentielle, François Patriat, président du groupe RDPI (LREM) du Sénat, salue l’action « du chef de l’Etat, qui a dit que les mois qui restent seront des mois utiles et d’engagement profond ». Pour le sénateur, « c’est répondre à une nécessité du moment, concernant les jeunes, et montrer que le travail paye plus que l’assistanat ».
Pour le député LREM Sacha Houlié, « c’est une bonne solution. Tout l’enjeu, c’est de dire comment le dispositif du revenu d’engagement va être complémentaire et un amplificateur de la garantie jeunes, qui fonctionnait bien. Il ne faut pas que ça vienne dénaturer le message, il y a un gros travail à faire », met-il cependant en garde. Le député de la Vienne ajoute : « Il y a un vrai sujet de la précarité des jeunes. Mais ce n’est pas en distribuant une allocation qu’on règle les problèmes d’insertion. C’est pour ça que le RSA jeune en lui-même n’est pas une solution et qu’il y a besoin d’un accompagnement. Et c’est prévu, avec un parcours de formation ou des stages ».
« Il existe des choses sur le terrain. On ne va pas tout réinventer »
On droite, on goûte peu la mesure qui s’annonce. « C’est un écran de fumée. Il faut plutôt tout faire pour améliorer l’employabilité », juge le sénateur LR Jean-François Husson, rapporteur général de la commission des finances du Sénat. « Il existe des choses sur le terrain. On ne va pas tout réinventer, mais il y a besoin de réajustement », prône de son côté la sénatrice LR Frédérique Puissat, membre du Comité du revenu d’engagement pour les Jeunes, mis en place cet été autour de la ministre du Travail. « Elisabeth Borne est très pragmatique. Elle a un vrai souci de trouver des solutions. Mais le Président est en campagne », note la sénatrice LR de l’Isère, qui ajoute :
Si c’est pour créer une espèce de dispositif préélectoral, qui se substitue un peu au RSA jeune, mais ne l’est pas car on ne veut pas en parler, ça ne m’intéresse pas. On a de belles équipes déjà sur place.
Frédérique Puissat préférerait plutôt un « alignement vers le haut, à 500 euros, de tous les dispositifs actuels, Garantie jeunes, EPIDE, école de la deuxième chance », pour les rendre plus attrayants, alors que certaines places ne sont pas pourvues.
« Supercherie » et « démarche purement électoraliste », dénonce Patrick Kanner
Patrick Kanner, patron des sénateurs socialistes, n’a pas de mots plus tendres. « Les annonces se feront au mois d’octobre, le projet de loi en Conseil des ministres dans la foulée. Un débat au Parlement n’aura pas lieu avant début 2022, car avec il y a les lois de finances. Donc on se moque du monde. C’est de l’enfumage, du pays et de la jeunesse. Et chacun sait que ce revenu d’engagement repose sur la création de milliers de postes d’accompagnateurs dans les missions locales pour le mettre en œuvre. Et ça ne se fera pas en claquant des doigts. Donc c’est une supercherie », dénonce l’ancien ministre de la Jeunesse et de la Ville de François Hollande. A ce titre, il a en partie porté la garantie jeunes. « Elle était réservée à une extrême minorité de jeunes, ni en insertion, ni en travail, […] avec un accompagnement individuel extrêmement précis, sur un an, et la mobilisation des missions locales. […] Là on est dans une forme de banalisation en direction de toute la jeunesse ou presque. C’est infaisable », pense Patrick Kanner, qui y voit avant tout « une démarche purement électoraliste ». Regardez :
Face à la crise du covid-19, les sénateurs socialistes ont proposé déjà leur propre solution : « Nous demandons un revenu minimum, pendant la crise et après, comme le RSA pour les adultes », explique le sénateur PS du Nord, « c’est un revenu à hauteur du RSA, c’est-à-dire un peu plus de 500 euros, pour l’ensemble des jeunes de 18 à 25 ans, qui peut être limité dans le temps ».
Le communiste Fabien Roussel propose une « allocation d’autonomie » de 800 ou 850 euros
La gauche a de l’imagination en la matière, puisque Fabien Roussel, le candidat du Parti communiste à la présidentielle, propose lui une « allocation d’autonomie » entre 800 et 850 euros par mois. Elle serait financée à la fois par l’Etat et une cotisation sociale. Un moyen pour qu’aucun jeune n’ait à travailler pendant ses études supérieures. C’est un jeune, une solution… par parti.