Alors que les députés PS soutiennent l’abrogation de la réforme des retraites portée par La France insoumise, qui efface également le mécanisme mis en place par l’ancienne ministre de la Santé Marisol Touraine sous François Hollande, le sénateur Bernard Jomier (Place publique), appelle les parlementaires de gauche à ne pas aller trop loin face aux enjeux démographiques.
A Marseille, Emmanuel Macron passe au vert
Par François Vignal
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Le ciel est bleu, le discours vert. Sous un soleil de plomb, Emmanuel Macron a tenu son meeting d’entre-deux-tours dans sa « ville de cœur », Marseille. Un discours en plein air devant le Palais du Pharo, le Vieux port en arrière-plan. Seule ombre au tableau : le candidat est loin de faire le plein, la pelouse compte encore de nombreux espaces libres, quand Emmanuel Macron fait son entrée.
C’est avec ce décor de carte postale marseillaise que le candidat, qui a tombé la veste, fixe le cap. Pas seulement pour le second tour, face à Marine Le Pen, mais pour les 5 ans à venir, s’il est réélu. Un cap vert. Devant la Mer Méditerranée, Emmanuel Macron a fait sa mue écologique. Alors que son bilan environnemental est décrié par les écolos, le candidat veut non seulement aller plus loin, mais carrément « changer de paradigme » sur l’écologie.
« Un ministre chargé de la planification écologique territoriale »
« Mon prochain premier ministre sera directement chargé de la planification écologique » – terme repris à Jean-Luc Mélenchon – « appuyé par un ministre de la planification énergétique », annonce le candidat. Un ministre qui devra mettre en place le projet de six réacteurs nucléaires EPR, énergie décarbonée que défend Emmanuel Macron, comme le développement des renouvelables avec le solaire et, surtout, l’éolien en mer, objet d’un déplacement au Havre jeudi.
Ce premier ministre, un homme ou une femme, sera aussi appuyé « par un ministre chargé de la planification écologique territoriale », qui devra « organiser avec les élus locaux la transition environnementale de chaque territoire ». Une task force écolo, dont la « mission sera de faire de la France la première grande nation à sortir du gaz, du pétrole et du charbon. C’est possible et nous le ferons ». Dans ses nouveaux habits de super écolo, Emmanuel Macron ne fait pas les choses à moitié. Il dit :
La politique que je mènerai dans les 5 ans à venir sera écologique ou ne sera pas.
Le candidat pense aussi à la biodiversité. Il veut protéger les calanques, planter 140 millions d’arbres d’ici 2030 et mettre fin « à 50 grandes décharges à ciel ouvert ». Il continue son rêve, non pas bleu, mais vert : « Il faut savoir protéger nos écosystèmes, la faune et la flore, la nature, savoir protéger nos paysages et la vie qui s’y trouve ».
« Chacun prendra sa part dans cet avenir en commun, que nous avons à construire »
« Chacun prendra sa part dans cet avenir en commun, que nous avons à construire », lance le candidat, qui fait ici un autre emprunt à Jean-Luc Mélenchon, en reprenant le nom de son programme. Un clin d’œil un peu trop appuyé à ses 22 % et 7, 7 millions de voix, qu’Emmanuel Macron comme Marine Le Pen convoitent.
« Nos vies seront écologiques ou ne seront pas », résume et insiste le candidat. Emmanuel Macron pousse le vice jusqu’à imaginer « une Fête de la nature, le quatrième samedi de mai par exemple ». Pour le candidat, c’est « un cap nouveau, qui est un cap de respect, de dignité, de diversité et d’écologie ».
« Notre défi est de faire une économie plus écologique, pas moins d’économie pour l’écologie »
En cette fin de campagne, Emmanuel Macron ne cherche pas ici à gauchir son discours, comme il a pu le faire avant. Pour celui qui était qualifié de « Président des riches » au début de son quinquennat, l’évolution est plus difficile sur le terrain social. En revanche, il semble plus à l’aise en verdissant son projet. Il peut ainsi parler à cet électorat de gauche ET écologique, sans renier sa politique pro entreprise qui vise à développer la production dans le pays.
« Notre défi est de faire une économie plus écologique, pas moins d’économie pour l’écologie », soutient le candidat, qui cite l’avion zéro carbone, « la voiture électrique produite en France, les éoliennes produites en France ». L’idée est « de produire davantage par l’innovation, mais de le faire de manière écologique ».
Une mue verte qui permet de jouer la différence avec Marine Le Pen
Une mue verte qui lui permet aussi de plus facilement contrer Marine Le Pen en jouant la différence. Alors que le combat sur les valeurs ne marche plus, qu’agiter le danger de l’extrême droite n’a plus l’efficacité d’autre fois – on est aujourd’hui loin du front républicain de 2002 – la volonté de Marine Le Pen de déboulonner toutes les éoliennes laisse à Emmanuel Macro le champ libre.
Pour la candidate d’extrême droite, c’est un peu sa « sortie de l’euro » version écologique. La candidate du RN est d’ailleurs revenue sur cette sortie de la monnaie unique, mais pas sur sa volonté de faire table rase des éoliennes. Une erreur stratégique dans sa volonté de dédiabolisation sur laquelle Emmanuel Macron s’est jeté opportunément. « Droit au but ».
« Le 24 avril est un référendum pour ou contre l’Union européenne, pour ou contre l’écologie, pour ou contre la jeunesse, pour ou contre la République »
S’il a largement insisté sur l’écologie pendant ses presque 1h30 de discours, le candidat a quand même mis en garde sur les conséquences d’une arrivée au pouvoir de Marine Le Pen. Juste avant l’arrivée du candidat, l’entrepreneur et ex-président du RC Toulon en rugby, Mourad Boudjellal, l’a fait fermement en dénonçant les « racistes ». Emmanuel Macron, lui, appelle plutôt ses soutiens à ne pas siffler l’extrême droite, mais à les « battre ».
« Nous sommes un pays d’ouverture », « cette fierté française, ce n’est pas le grand rabougrissement », a lancé le candidat en début de propos, avant d’y revenir en conclusion. Si Marine Le Pen joue sur le « tout sauf Macron », Emmanuel Macron veut faire « du choix qui est devant nous, un choix de civilisation ». Et de lancer dans une anaphore : « Le 24 avril est un référendum pour ou contre l’Union européenne, le 24 avril est un référendum pour ou contre l’écologie, le 24 avril est un référendum pour ou contre la jeunesse, le 24 avril est un référendum pour ou contre la République ». Un pays divisé en deux, qu’Emmanuel Macron croit encore pouvoir réconcilier, s’il est réélu. Un vœu sûrement pieux, en ce week-end de Pâques.