Alors que les députés PS soutiennent l’abrogation de la réforme des retraites portée par La France insoumise, qui efface également le mécanisme mis en place par l’ancienne ministre de la Santé Marisol Touraine sous François Hollande, le sénateur Bernard Jomier (Place publique), appelle les parlementaires de gauche à ne pas aller trop loin face aux enjeux démographiques.
Un rapport sénatorial pointe la « hausse significative » des dépenses de fonctionnement de l’Élysée pour 2023
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Rares sont les lignes dans le projet de loi de finances pour 2023 à ne pas être revalorisées, dans le contexte d’inflation élevée que la France traverse. La dotation demandée par l’Élysée n’y échappe pas. Le budget de la présidence de la République augmentera de 4,9 % pour attendre 110,5 millions d’euros. Principalement sous l’effet de la revalorisation du point d’indice de la fonction publique (les dépenses de personnels représentent les deux tiers du budget de l’Élysée), et la reprise d’une activité soutenue, notamment de déplacements à l’étranger. « C’est assez significatif, ça ne peut pas s’expliquer que par le point d’indice », souligne le sénateur socialiste Jean-Pierre Sueur, joint par Public Sénat. Il est l’auteur d’un rapport budgétaire sur les crédits de la mission « pouvoirs publics » dans le projet de loi de finances, publié cette semaine.
L’année 2022 a été marquée par une « activité intense » sur le front diplomatique. L’enveloppe consacrée aux déplacements présidentiels a augmenté de 6,7 % par rapport à 2022 et s’élève à 16 millions d’euros. Ce qui marque un retour comparable au chiffre d’avant crise sanitaire de 15,7 millions d’euros, inscrit dans la loi de finance fin 2019.
« Les éléments sont vagues et abscons »
Une partie significative de la hausse est surtout portée par l’évolution des dépenses de fonctionnement. Celles-ci progressent en 2023 de 12,6 %, soit le double de l’inflation mesurée actuellement. D’après le rapport sénatorial, la présidence de la République justifie cette augmentation par l’inflation, la poursuite des travaux « visant à garantir la sécurité des emprises » (réseaux électriques) ou encore l’évolution des outils numériques.
Parmi les dépenses de l’administration de la présidence, le poste de la sécurité augmente même de 54,1 % sur un an. Une augmentation « bien fondée », selon le sénateur. « Le fait que l’on protège l’Élysée contre les cyberattaques m’apparaît nécessaire », admet Jean-Pierre Sueur.
Mais de manière générale, le sénateur du Loiret s’interroge sur « l’ampleur » de la progression des dépenses de fonctionnement. Selon une réponse transmise par l’Élysée, cette évolution s’explique par « un recalibrage réaliste devenu indispensable permettant de faire face aux coûts de gestion courante ». « Les éléments sont vagues et abscons », reproche Jean-Pierre Sueur. Pour la troisième année, le sénateur dit ne pas avoir été reçu par le directeur de cabinet d’Emmanuel Macron, Patrick Strzoda. La commission d’enquête sur l’affaire Benalla, dont Jean-Pierre Sueur était co-rapporteur, a visiblement laissé des traces. Pour rappel, le Sénat avait transmis au procureur le cas de Patrick Strzoda pour une suspicion de « faux témoignage », un dossier classé sans suite par la justice.
Il n’est même pas certain que l’enveloppe pour les dépenses de fonctionnement suffise. Le rapport indique que le montant est généralement dépassé, ce qui interroge sur les « actions pérennes de maîtrise » entreprises pour respecter le budget.
Hausse des revenus tirés de la boutique officielle de l’Élysée
Le rapport souligne par ailleurs que la dotation ne permet pas de couvrir l’intégralité des dépenses de l’Élysée. La présidence de la République doit réaliser « un important prélèvement » sur sa trésorerie de 2,37 millions d’euros. « Il n’est pas tout à fait sain que le budget soit équilibré par le recours aux réserves », pointe le sénateur. Ces « disponibilités », selon la formulation employée, ne sont éternelles. D’un montant proche de 23 millions d’euros en 2017, elles étaient de 20,4 l’an dernier.
L’Élysée possède cependant quelques recettes propres, qui ont progressé de 8 % cette année, pour atteindre 1,6 million d’euros. Le rapport sénatorial l’explique notamment par la hausse des revenus tirés de la boutique de l’Élysée, ouverte en septembre 2018. La redevance de la marque « Présidence de la République », qui s’affiche sur des mugs, des montres ou encore des bougies, a rapporté 330 000 euros cette année. Le reste de ces recettes internes provenant de la restauration, de redevances locatives, ou encore de remboursement des participants aux voyages officiels et de contributions des familles au service rendu par la crèche.