Ukraine : les appels à la négociation de l’exécutif font débat au Sénat

Ukraine : les appels à la négociation de l’exécutif font débat au Sénat

Lors d’un débat organisé au Sénat sur la guerre en Ukraine, le gouvernement a réitéré ses volontés de résolution du conflit par la diplomatie, et le maintien des échanges avec la Russie. Des positions saluées sur certains bancs de l’hémicycle, et critiquées sur d’autres, selon des clivages assez inhabituels. Va-t-il falloir négocier avec Poutine pour mettre fin à la guerre ?
Louis Mollier-Sabet

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« Une paix est possible, celle-là seule que [les Ukrainiens] décideront, quand ils le décideront », a affirmé le chef de l’Etat en ouverture du Forum international pour la paix, dimanche 23 octobre dernier à Rome. Une perspective déjà ouverte par Emmanuel Macron lors d’un entretien donné à France 2 à propos de la politique internationale, et dont l’ombre a plané sur les débats de ce mercredi soir dans l’hémicycle du Sénat. Après une déclaration d’Élisabeth Borne, des orateurs de tous les groupes politiques de la Chambre haute se sont succédé à la tribune pour débattre de la guerre en Ukraine. La Première ministre a ainsi pu rappeler le soutien de la France au peuple ukrainien et a dénoncé les exactions commises : « Là où l’armée ukrainienne progresse, la libération s’accompagne de la découverte de massacres ou de charniers, comme à Boutcha au printemps et plus récemment à Izioum. Ce sont des actes choquants, révoltants, monstrueux. Ce sont des violations barbares des lois de la guerre, la Russie devra en répondre ».

La Première ministre a aussi évoqué les pistes de résolution du conflit : « Ce conflit dure, mais il devra trouver une issue. Après cette guerre, l’Ukraine devra être libre et souveraine. La Russie sera toujours notre voisine et restera une grande puissance. Seule la diplomatie permettra de trouver une sortie durable à ce conflit, raison pour laquelle nous maintenons des canaux d’échange avec la Russie. »

Le président de la commission des Affaires étrangères, Christian Cambon a lui, déclaré à la tribune : « Nous avons été aveugles aux signaux de l’ambition russe ces 20 dernières années. Le 24 février fut un réveil brutal et dramatique, mais certains, en France même, ne sont-ils pas encore plongés dans ce sommeil stratégique ? » a-t-il interrogé.

» Pour en savoir plus, lire : « Ukraine : les sénateurs saluent l’appel à la négociation d’Emmanuel Macron, mais ne se font pas d’illusion »

« La paix n’est pas la reddition, mais l’espoir »

Si les appels à la solidarité ont été partagés par l’écrasante majorité des orateurs, les prises de position de l’exécutif sur d’éventuelles négociations à mener – quand les Ukrainiens le jugeront bon – sont loin d’avoir enthousiasmé l’ensemble des groupes politiques. Des réactions d’autant plus intéressantes qu’elles épousent des clivages politiques assez inhabituels au Sénat, et dans la vie parlementaire et politique française en général.

Ainsi, Pierre Laurent, sénateur communiste de Paris, se retrouve à saluer le discours du Président sur le sujet, en estimant qu’il avait « eu raison de remettre le débat dans cette perspective. » La « perspective » en question, c’est « d’avoir le courage de ne pas abandonner l’exigence d’un cessez-le-feu le plus rapide possible sur le front. » Le sénateur communiste s’explique : « Faut-il se résigner à l’escalade ? Est-ce céder aux Russes ? Bien sûr que non, c’est faire en sorte que la voix de la diplomatie ne s’éteigne pas, et de ne pas s’enfermer dans une guerre sans perspective de fin et sans vainqueur parmi les peuples. »

Pour Pierre Laurent, le soutien militaire à l’Ukraine seul ne permettra pas de mettre un terme au conflit : « À ceux qui préconisent la guerre et son escalade, en faisant miroiter sa fin prochaine, dans quel pays la guerre a-t-elle apporté la solution promise ? Tous les pays qui y ont été confrontés sont en ruine et en proie à la violence, et pourtant les ennemis étaient tout aussi condamnables. La paix, ce n’est pas la reddition, mais l’espoir. Nous livrons des armes à l’Ukraine, mais qui peut assurer que ces livraisons massives assureront la résolution du conflit en cours ? »

« L’International des tyrans se reforme pour mettre à bas la démocratie »

Le président du groupe Les Indépendants, Claude Malhuret, qui a succédé à Pierre Laurent à la tribune, n’a pas semblé partager cet avis, loin s’en faut. « Le prochain axe de la propagande russe, c’est la paix », a-t-il prévenu, avant d’ajouter, à destination de son collègue communiste : « Nous venons d’en avoir un exemple à l’instant. » Le sénateur de l’Allier, fait de ces appels à la paix et à la négociation un héritage du « Mouvement pour la paix » orchestré par les Soviétiques dans les années 1930, et par « les idiots utiles : les Sartre, Aragon et les autres. »

Il n’est pas certain que Pierre Laurent récuse cette généalogie avec les compagnons de route des mouvements pacifistes d’entre-deux-guerres, mais en tout état de cause, Claude Malhuret en revient au présent : « On n’a pas fait assez attention au thème de la conférence de presse de Le Pen, porte-parole salariée du Kremlin, il y a quelques jours : il faut organiser une grande conférence pour la paix en Europe. Mélenchon ne dit rien d’autre, et pour cause, ils prennent leurs ordres au même endroit. »

La « deuxième guerre froide » ayant d’après lui « commencé », le président du groupe Les Indépendants file la métaphore, comme à son habitude : « Le seul côté positif de la guerre en Ukraine, c’est qu’elle nous ouvre les yeux : l’International des tyrans se reforme pour mettre à bas la démocratie. » Un combat qui sera « le vrai défi à venir, outre la crise climatique », aux yeux de Claude Malhuret.

« Nous demandons au Président de cesser d’invoquer une hypothétique table des négociations »

Guillaume Gontard, président du groupe écologiste au Sénat, est loin de partager la vision de l’écologie du sénateur de l’Allier. Pour autant, ils semblent se rejoindre sur l’attitude à tenir vis-à-vis de la Russie, de l’Ukraine et d’éventuelles négociations de paix à mener. « La victoire sera atteinte quand l’Ukraine aura retrouvé ses frontières de 1991 ou qu’elle décidera que ses objectifs atteints. Toute tentative de médiation avec le dictateur russe semble vaine. Poutine ne comprend que le rapport de force », a ainsi affirmé le sénateur écologiste de l’Isère.

Une façon de critiquer les déclarations récentes d’Emmanuel Macron à propos d’une paix « possible » par la négociation et la diplomatie : « La position française de ces derniers mois a parfois dérouté le gouvernement ukrainien et nombre de nos partenaires européens. Nous demandons au Président de la République de ne plus tergiverser, de cesser d’invoquer, comme un mantra, une hypothétique table des négociations. La France est trop engagée dans ce conflit, et Poutine se considère en guerre contre l’Occident, que nous le voulions ou pas. »

Une fois n’est pas coutume, Claude Malhuret, pourtant membre d’Horizons, et donc de la majorité présidentielle, abonde : « La volonté répétée de ne pas humilier la Russie, les tentatives de dialogue et les demandes de négociations risquent de brouiller notre engagement. Toute tentative de négociation avant le retrait total des troupes russes aboutirait à un nouveau conflit gelé. La seule façon d’apporter la paix, c’est la victoire de l’Ukraine et la défaite de Poutine. »

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Une guerre de l’ombre en plein essor C’est une guerre de l’ombre, agressive qui se joue sous nos yeux, et dont nous ne percevons que peu de choses. Depuis l’invasion russe en Ukraine, en février 2022, et le renforcement des liens entre Vladimir Poutine et Xi Jinping, Russie et Chine font front commun pour déstabiliser les grandes puissances occidentales. La France, 7ème puissance mondiale et membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, est une cible évidente. L’hexagone fait donc face à une guerre de l’ombre qui vise à concurrencer ses intérêts en ciblant, prioritairement, parlementaires et élus locaux eux-mêmes. Exceptionnellement, la DGSI a accepté de recevoir Public Sénat dans le cadre du documentaire « Ingérences étrangères, des élus pris pour cibles ». Le service de renseignement intérieur, sous couvert d’anonymat, a accepté de détailler sa lutte contre ce phénomène, qu’elle juge, en plein essor. « L’état global de la menace ne va pas nécessairement en s’améliorant « souffle la DGSI. « On est passés d’une situation normale où tous les Etats défendaient leurs intérêts d’une façon plus ou moins loyale, à une situation de confrontation entre puissances. Donc, la menace est plus importante, et le risque plus grand. » Viser les parlementaires, c’est viser la France Dans ce contexte, les élus, dépositaires de la souveraineté nationale, sont des symboles de la République qu’il peut être particulièrement intéressant d’approcher ou d’espionner pour des puissances malveillantes. Les élus nationaux, à commencer par les parlementaires, votent les lois et contrôlent l’action du gouvernement. Ils sont aussi souvent à la manœuvre sur de nombreux dossiers et peuvent avoir accès à des données sensibles, dans les commissions permanentes auxquelles ils sont rattachés dans l’enceinte du parlement. Quant aux élus locaux, maires ou à d’autres échelons, ils ont de larges prérogatives sur le terrain et jouissent d’un pouvoir décisionnel fort, en plus d’être des personnages publics souvent respectés et écoutés localement. Ainsi, viser des parlementaires ou des élus locaux français, revient en creux, à viser les intérêts de la France. Certaines grandes puissances l’ont donc bien compris et le contre-espionnage français surveille cette menace comme le lait sur le feu. « Ingérence politique » C’est ce que la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI) classe comme de « l’ingérence politique » et elle donne une définition précise : « L’ingérence politique, c’est peser sur la décision d’un Etat, c’est infléchir sa décision et éventuellement affaiblir la prise de décision politique. C’est faire en sorte que, par des moyens dissimulés, on influence une décision » explique cet agent de la DGSI, spécialiste des ingérences sur les élus, avec qui nous avons pu échanger. Et c’est bien la notion de dissimulation qui différencie « l’ingérence » de la simple « influence ». L’agent du renseignement poursuit : « Tout Etat a une politique d’influence, la France elle-même en a une, dans différents domaines, culturels, politiques, économiques » observe-t-il. « L’ingérence politique, c’est de l’influence dissimulée, une influence qui ne dit pas son nom, car elle utilise des moyens qui ne sont pas assumables par ces Etats, par ces puissances étrangères quelles qu’elles soient d’ailleurs. » Des sénateurs, au cœur d’un hacking mondial   Parmi ces moyens « dissimulés » dont parle le renseignement, les manœuvres de hacking sont l’un des canaux principaux d’ingérences. Le sénateur centriste des Français établis hors de France, Olivier Cadic, sait parfaitement de quoi il en retourne puisqu’il en a lui-même été victime. Ancien entrepreneur du domaine cyber à la fin des années 1990, le sénateur, bien que sensible à la question de la protection de ses outils numériques, a été très sérieusement touché. La Chine, à travers un groupe de pirates d’Etat, surnommé » APT 31 », a envoyé en janvier 2021, une campagne massive de phishing. Il s’agit de 10 000 e-mails malveillants dotés de micro-logiciels espions qui ont inondé des boîtes mail de parlementaires du monde entier. En ouvrant le courriel par mégarde, certains élus ont permis, à leur insu, d’infecter leurs ordinateurs de chevaux de Troie, et ainsi permettre aux pirates d’accéder à la leurs données.   Six parlementaires français espionnés par la Chine En France, cette histoire est révélée en mars 2024 par l’ancien sénateur macroniste des Hauts-de-Seine, André Gattolin, lui-même victime et averti par le FBI. A cette date, soit plus de trois ans après la cyberattaque, le département de la Justice américain dévoile l’affaire au grand public. Dans un communiqué, les autorités américaines dénoncent publiquement l’implication de Pékin et publient les photos de sept hackers impliqués. Signe de la gravité de ces actes, les Etats-Unis offrent même une récompense de 10 millions de dollars pour toute information permettant de les localiser. En plus d’André Gattolin et d’Olivier Cadic, l’eurodéputé LR François-Xavier Bellamy, la ministre démissionnaire de l’Education nationale, Anne Genetet, le sénateur socialiste Bernard Jomier, ou la sénatrice centriste des Hauts-de-Seine, Isabelle Florennes font partie des personnes espionnées par le gouvernement chinois. Frilosité du gouvernement français Pourquoi des parlementaires se sont-ils retrouvés au cœur d’une telle affaire ? Pour l’ex-sénateur André Gattolin, en pointe sur le dossier, tous ces parlementaires avaient en commun d’être membres de l’IPAC, une association interparlementaire qui prend position sur des sujets embarrassants pour la Chine. L’association, qu’il a co-fondée en 2020, dénonce régulièrement l’expansionnisme de Xi Jinping, les exactions du régime sur la minorité ouïghoure, le bras de fer avec Taïwan et s’est ouvertement engagée auprès des mouvements pro-démocratie à Hong-Kong. Ainsi, André Gattolin, Olivier Cadic, ainsi que 115 parlementaires du monde entier, ont été les cibles de Pékin, souhaitant selon toute vraisemblance, infiltrer le fonctionnement de l’IPAC. Pékin dément fermement ces accusations, mais les Etats-Unis, le Royaume-Uni, ou l’Australie, maintiennent fermement et officiellement, que l’Empire du milieu est bien derrière le commanditaire de cette opération.   « Silence des agneaux » Malgré l’ampleur de cette cyberattaque, la France s’est refusée à condamner officiellement la Chine, à la différence de ses alliés occidentaux. Cette position de retrait a suscité l’incompréhension chez les élus touchés, d’autant que le FBI assure à André Gattolin que les services de l’Etat avaient été mis au courant par le FBI, deux ans avant que l’affaire n’éclate publiquement, soit en 2022. Pour l’ancien sénateur, la France aurait tenté de ménager Xi Jinping, vu comme intermédiaire possible avec Vladimir Poutine, au début de la guerre en Ukraine. » Je ne comprends pas ce silence des agneaux », cingle André Gattolin. « Pourquoi les autorités cachent aux parlementaires, dans le cadre de leurs fonctions, sur un instrument de leurs fonctions, leurs mails institutionnels, qu’ils ont été attaqués, qu’ils le savent depuis au plus tard, la mi-2022, et que quand on cherche à entrer en contact avec eux pour avoir des infos ou leur en communiquer, c’est le silence le plus total. »   « On lavera notre linge sale en famille » Olivier Cadic abonde. « J’ai été choqué par le fait que nos services, dans lesquels j’ai une totale confiance, ne nous ont pas informés de la tentative d’attaque », regrette l’élu centriste, spécialiste des questions cyber. « Je pense qu’il faudra qu’on s’explique le moment venu, mais on lavera notre linge sale en famille. Je n’ai pas envie de faire de cadeau à Monsieur Xi Jinping d’une brouille entre nos services qui ont pour responsabilité de protéger les Français », assure-t-il. Ce silence a conduit André Gattolin à judiciariser l’affaire et porté plainte auprès de la section cyber du Parquet de Paris. « La France s’est caractérisée par une grande timidité et un grand silence », tacle William Bourdon, l’avocat d’André Gattolin. « Cette procédure, et l’action courageuse engagée par André, et d’autres, ont pour objet de dessiller les yeux, et d’obliger les pouvoirs publics à tirer des conséquences, sur les dangers sur notre État de droit » ajoute le ténor du barreau. « C’est un grand péril nouveau, sans précédent, pour les démocraties modernes. » La procédure, toujours en cours, promet d’être longue et tortueuse.   Ingérences locales Mais les ingérences étrangères ne ciblent pas que des élus nationaux, bien au contraire. En banlieue de Dijon, dans la commune de Talant, le conseil municipal a vu la Russie faire irruption dans la vie locale. Depuis des années, les élus de la ville savaient que Cyril gaucher, l’adjoint aux Travaux et accessoirement un très proche du maire, faisait des allers-retours en Russie pour les affaires. « La personne est très agréable, communique beaucoup, parle beaucoup, il a des points communs avec moi, il a été commercial, moi aussi, donc on a une facilité à se parler, se comprendre », se souvient le Fabian Ruinet, l’édile LR de Talant. Mais la relation entre les deux élus bascule soudainement, en mars 2024. Quand Fabian Ruinet comprend que Cyril Gaucher, n’est pas à Moscou pour les raisons habituellement invoquées. C’est un coup de fil qui se met à le faire douter. « C’est un journaliste de Franceinfo qui m’appelle sur mon portable et qui me demande si Cyril Gaucher, est bien adjoint au maire de la ville de Talant. Il attire mon attention sur le fait qu’il se présente comme observateur international, qu’il est là pour accréditer une élection présidentielle et auquel cas, je découvre l’information. » raconte Fabian Ruinet.   Une élection russe à « l’atmosphère apaisée » Le maire se renseigne auprès des autorités, Préfecture et même Ministère des Affaires étrangères, et confirme que Moscou n’a pas accepté d’observateurs internationaux de l’OSCE pour le scrutin. L’élection présidentielle russe donne à voir à la communauté internationale un simulacre d’élection démocratique et s’avère être un plébiscite pour Vladimir Poutine, réélu avec 87,29 % des suffrages. L’élection, émaillée de fraudes massives et de bourrage d’urnes a été fermement condamnée par le Quai d’Orsay rappelant que le scrutin s’est déroulé dans un contexte de « répression accrue à l’encontre de la société civile et de toute forme d’opposition au régime, de restrictions toujours plus fortes à la liberté d’expression et de l’interdiction de fonctionnement des médias indépendants » Fabian Ruinet découvre alors que son adjoint, Cyril Gaucher, a accordé plusieurs interviews à des médias sulfureux, dont la chaîne de télévision Russia Today (RT). Une chaîne, financée par le Kremlin et bannie de l’Union européenne depuis l’invasion russe en Ukraine. Dans l’une de ces interviews, sur RT en Français, l’adjoint de Talant fait l’apologie d’une élection à « l’atmosphère apaisée » qui lui rappelle « ce qu’il vit en France. » « On voit des gens qui s’expriment très librement, qui ont une parole véritablement libre » complète-t-il.   Un « véritable procès de Moscou » Des déclarations que Fabian Ruinet juge « ahurissantes » et qui le poussent à agir. Peu de temps après le retour en France de Cyril Gaucher, le maire décide de lui retirer sa délégation d’adjoint. Lors d’un conseil municipal électrique, la majorité et l’opposition étrillent le voyage de Cyril Gaucher qui a toujours défendu être un « observateur indépendant » de l’élection russe. Lui, dénonce la tenue, en France, « d’un véritable procès de Moscou ». L’adjoint est destitué par le Conseil municipal et perd son titre, même s’il siège toujours en tant que simple conseiller municipal. Présent sur place, le journaliste du « Bien Public », Sébastien Graciotti se souvient de la ligne de défense de Cyril Gaucher : « Il trouve ça extraordinaire, sachant qu’il n’a rien fait d’illégal en France, de se faire éjecter pour être allé pour ça en Russie, observer »   « Il faut que les Français aient conscience du rôle parfois détourné d’un conflit à l’étranger » Hors caméra, nous avons pu nous entretenir à plusieurs reprises avec Cyril Gaucher. l’ex-adjoint de Talant maintient ses déclarations faites à la presse locale. Ce dernier a préféré ne pas apparaître dans ce documentaire et nous a adressé un SMS pour éconduire nos demandes. « Bonsoir Jonathan, comme évoqué ensemble, je serais ravi de faire cette interview, mais l’expérience récente me conduit à privilégier une interview en direct (ou faux direct) car quelle que soit votre déontologie personnelle, les choix de montage, de commentaires, et de post-productions, sont rarement objectifs sur cette question. » Cette histoire ayant pollué la vie locale des semaines durant, a fait office d’électrochoc pour le maire à témoigner. « Il faut que les Français aient conscience du rôle parfois détourné d’un conflit à l’étranger, qu’on considère comme très loin, en nombre de kilomètres, et même dans son entourage, avec parfois des gens qui sont très influents, il faut se méfier des discours qui sont parfois tenus, et spécialement se méfier aussi du rôle que les Russes peuvent avoir ici en France » avertit l’élu.   Plans de sensibilisation de la DGSI Pour pallier ce phénomène d’ingérences étrangères, qui n’épargne aucun territoire, et potentiellement aucun élu, la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) a lancé depuis une dizaine d’années des plans de sensibilisation pour éveiller ces décideurs sur la menace qui plane sur eux. En 2024, 250 élus, de tous niveaux, ont été sensibilisés par la DGSI qui souhaite désormais, mettre l’accent sur le plan local.

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