Sénatoriales : le ministre Sébastien Lecornu investi par LREM dans l’Eure

Sénatoriales : le ministre Sébastien Lecornu investi par LREM dans l’Eure

Le ministre chargé des Collectivités territoriales sera candidat aux sénatoriales en septembre prochain dans le département qu’il a dirigé, a appris publicsenat.fr. A terme, celui qui a défendu un texte en faveur des maires vise plus loin et plus haut. Il pourrait caresser l’idée d’être président du Sénat, mais pas avant 2023 ou 2026.
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Les municipales à peine passées, les états-majors des partis se tournent déjà vers le prochain scrutin : les sénatoriales du 27 septembre 2020. Election moins médiatique, ce n’est pourtant pas moins de la moitié des sièges qui seront en jeu, comme tous les trois ans.

Un membre du gouvernement compte se lancer dans la course. C’est Sébastien Lecornu, le ministre chargé des Collectivités territoriales. Il sera candidat dans l’Eure, a appris publicsenat.fr de plusieurs sources au sein de La République En Marche (LREM). Une information confirmée par son entourage. Son nom circulait depuis un moment. La décision a été définitivement prise lundi soir, lors du bureau exécutif du parti présidentiel.

« Faire du Sénat la chambre du dépassement politique »

Sébastien Lecornu coche plusieurs cases : sa fonction au gouvernement, qui lui a permis de défendre le projet de loi engagement et proximité, fait sur-mesure pour les élus locaux et les maires. Il a d’ailleurs travaillé en bonne entente avec le Sénat sur le sujet. Aux municipales, il a été réélu dès le premier tour, dans sa commune de Vernon, dans l’Eure. Cet ancien des LR, proche de Bruno Le Maire, a aussi présidé le Conseil départemental. De quoi trouver des grands électeurs, alors que les municipales sont un échec pour LREM.

On lui prête même des visés sur le Plateau. C’est-à-dire la présidence du Sénat… Son entourage temporise sur ce point, mais sans l’exclure « à terme ». « S’il réussit à faire du Sénat la chambre du dépassement politique », cela pourrait alors devenir une « ambition pour 2023 ou 2026 », lâche-t-on, soit les prochaines dates des sénatoriales. En politique, il faut parfois voir loin. Mais avant d’y arriver, il reste un paquet de planètes à aligner.

Et pour déloger Gérard Larcher de son siège, même en rassemblant tous les sénateurs Macron-compatibles, il faudra se lever tôt. Surtout après la débâcle de LREM aux municipales. La droite est assurée de garder le Sénat en septembre prochain et probablement en 2023, pense Bruno Retailleau, président du groupe LR (voir notre article).

Kanner : « Il y a une "opération Mangouste Lecornu" »

Cette candidature n’est pas franchement bien accueillie par le président du groupe PS du Sénat, Patrick Kanner. « Ça me pose problème. Dans le gouvernement il y a pas mal d'exceptions à la règle : quand on est ministre on se consacre pleinement à sa mission de ministre », a réagi mercredi 1er juillet sur Public Sénat le président du groupe PS, qui y voit « un mélange des genres ». « Il y a une "opération Mangouste Lecornu" qui est lancée. Et on connaît la suite » dit-il en référence à la tentative d’invasion de Cuba par les Etats-Unis dans la Baie des Cochons, en 1961, qui aboutit à un échec.

« L’opération Mangouste Lecornu, c’est je viens au Sénat et je prendrai le Sénat peut-être en 2023 dans le cadre de grandes alliances. Il risque d'avoir quelques désillusions » ajoute le sénateur PS. Regardez :

Candidature de Lecornu aux sénatoriales : « Il y a une "opération Mangouste Lecornu" » ironise Kanner
01:10

S’il est élu, il compte rester au gouvernement

Dans l’immédiat, cette candidature ne signifie pas pour autant son départ du gouvernement, alors que le remaniement est imminent, peut-être pour la fin de la semaine. S’il est élu, il pourrait ainsi laisser sa place dans ce département élisant trois sénateurs à la proportionnelle, et rester au gouvernement, explique un responsable. Et si, à l’avenir, il quitte l’exécutif, il retrouvera alors son siège de sénateur.

Reste à voir quelle liste Sébastien Lecornu pourrait constituer. « Il tend la main à tout le monde dans une logique d’union. Il tend la main à Ladislas Poniatowski (LR, qui pourrait ne pas se représenter, ndlr) Nicole Duranton (LR) et à Hervé Maurey (Union centriste) » explique l’entourage du ministre. Toujours conseiller départemental, il dirige encore le groupe majoritaire, qu’on présente comme « assez élargi, avec des marcheurs et des personnes de droite ».

Le sortant Hervé Maurey annonce aussi sa candidature

« C’est une info » réagit à chaud le sénateur Hervé Maurey, apprenant l’officialisation de la candidature. Il ne la voit clairement pas d’un bon œil. La proposition de main tendue ne fait d’ailleurs pas long feu. « Pour ce qui est de la démarche de tendre la main aux sénateurs sortants, en ce qui me concerne, j’appartiens très clairement à la majorité sénatoriale et pas à la majorité présidentielle. Autrement dit, je ne vois pas comment je pourrais être derrière un membre du gouvernement, sachant que je ne partage pas sa politique à l’égard des communes, des élus » répond le président de la commission du développement durable du Sénat. Il ajoute :

Pas question que je sois sur sa liste, et en dernier, car il n’y a que trois places dans l’Eure (Hervé Maurey, sénateur UC).

Hervé Maurey vient de toute façon de lancer sa campagne. « J’ai adressé un courrier à tous les maires de l’Eure aujourd’hui même pour leur annoncer que je conduirai une liste d’union de la majorité sénatoriale » annonce à publicsenat.fr le sénateur, qui compte sur le soutien des groupes UC, LR et du Président Larcher. « Les maires sont capables de choisir. Je comprends que Sébastien Lecornu essaie de faire oublier qu’il est LREM et d’avoir une étiquette plus porteuse… LREM ne l’est pas. On l’a vu aux municipales » raille Hervé Maurey. La campagne des sénatoriales est déjà bien lancée…

Et peut-être que d’autres membres du gouvernement pourraient se joindre à la fête. Car un autre nom circule : celui de Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'État auprès du ministre des Affaires étrangères. Mais il n’a rien confirmé pour l’heure. Il connaît la maison, pour avoir été sénateur de l’Yonne de 2014 à 2017, quand il rentre au gouvernement. Mais à l’époque, il était membre de LR, avant de soutenir Emmanuel Macron. Son siège est aujourd’hui en jeu. Mais tous les grands électeurs n’ont peut-être pas fait le même chemin.

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