Alors que les députés PS soutiennent l’abrogation de la réforme des retraites portée par La France insoumise, qui efface également le mécanisme mis en place par l’ancienne ministre de la Santé Marisol Touraine sous François Hollande, le sénateur Bernard Jomier (Place publique), appelle les parlementaires de gauche à ne pas aller trop loin face aux enjeux démographiques.
Sénatoriales : comment LREM espère élargir ses rangs au Sénat
Par Public Sénat
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La rentrée de LREM passe aussi par les sénatoriales du 27 septembre, où la moitié des sièges sont en jeu. Après l’échec des municipales pour la majorité présidentielle, le scrutin s’annonce compliqué. 96% des grands électeurs, qui élisent les sénateurs, sont composés des conseillers municipaux… Une chose est sûre, le groupe de La République en marche sera conservé au Sénat. Sur les 23 sénateurs du groupe, 10 sont renouvelables. Or à la Haute assemblée, il faut être au moins 10 pour constituer un groupe.
Le groupe n’est pas menacé malgré les municipales
Beaucoup de sénateurs du groupe sont des transfuges du PS, qui compte bien récupérer leurs fauteuils. Mais une élection n’est jamais une science exacte et les sortants ont toujours une forme d’avantage. Au sein du groupe, on espère, si tout se passe bien, garder 5 des 10 sièges renouvelables et limiter la casse.
Les deux sièges de la Guyane pourraient ainsi être conservés, tout comme le siège de Patricia Schillinger dans le Haut-Rhin, et peut-être celui de la Drôme. En Gironde, Françoise Cartron espère être réélue, mais ce n’est pas évident. Dans l’Yonne, le secrétaire d’Etat Jean-Baptiste Lemoyne se représente. Elu sur une liste dissidente UMP en 2014, il espère conserver son siège malgré son transfuge. Côté nouveaux élus, LREM espère avoir 2 voire 3 sénateurs. Il y a bien sûr le ministre Sébastien Lecornu, dans l’Eure, qui pourrait faire deux sièges avec sa liste.
Quant à François Patriat, président du groupe, la situation est sur le papier compliquée, pour ne pas dire impossible. Elu comme socialiste en 2014, il n’a théoriquement plus assez de grands électeurs pour être réélu. Lui-même, il y a un an, confiait que la partie pourrait être perdue. Entre temps, le sénateur de Côte-d’Or est parti en campagne. « C’est un chasseur qui chasse à droite » glissait en juillet un socialiste. Il laboure le terrain et voit tous les maires de son département. Sa victoire, il l’aura au poing. Il ne faut pas oublier que le facteur personnel est essentiel dans cette élection. Et aujourd’hui, il y croit. « Je vais leur montrer que je suis un Iron man ! » lâche un François Patriat remonté. S’il est réélu par surprise, sa victoire pourrait le renforcer.
« Renaissance et territoires », nouveau nom du groupe LREM après les sénatoriales ?
L’enjeu n’est donc pas la conservation du groupe. Il est plutôt, au contraire, son agrandissement. Pour la majorité présidentielle, l’idée est d’élargir les rangs, en poussant les murs jusqu’à d’autres groupes. Le principe était en réalité déjà en germe, dès le scrutin de 2017. François Patriat parlait alors « d’intergroupe », pour rassembler les sénateurs Macron-compatibles (lire ici). Cette fois, on irait plus loin.
Sur le sujet, François Patriat reste pour l’heure plutôt prudent. « Je pense que le groupe La République En Marche existera sur une forme différente ou sur une dénomination différente » affirme le sénateur de Côte-d’Or. Si ce n’est pas encore acté, il évoque deux noms : « Territoires et liberté ou Renaissance et territoires ». Une dénomination qui rappelle celle du groupe « Les Indépendants – République et territoires », présidé par Claude Malhuret. Ses sénateurs sont Macron-compatibles. Mais avec 7 sénateurs sur 14 renouvelables, le groupe est menacé... Certains de ses membres pourraient ainsi rejoindre le nouveau groupe LREM dans cette OPA amicale.
« Le groupe a vocation à s’élargir »
A écouter certains, la décision est déjà prise. « Le groupe a vocation à s’élargir. C’est ce que nous avons décidé majoritairement dans le groupe. C’est une volonté d’ailleurs du président de la République d’aller vers une coalition de la majorité présidentielle, et le groupe du Sénat a vocation à suivre cette ligne et à regrouper tous ceux qui sont en soutien à la majorité » a expliqué vendredi, depuis Amiens, aux journées parlementaires de LREM, Xavier Iacovelli, sénateur des Hauts-de-Seine (voir la vidéo ci-dessous, images de LCP-AN). Un groupe élargi, c’est aussi, à terme, obtenir peut-être la majorité des 3/5 au Parlement, sésame pour modifier la Constitution.
Pour celui qui est membre de « Territoires de progrès », le mouvement de Jean-Yves Le Drian et Olivier Dussopt rassemblant des élus issus de la gauche, « nous avons vocation à élargir notre spectre politique ». Xavier Iacovelli vise surtout « ceux qui ont courageusement soutenu le gouvernement lors du discours politique générale ». Ils sont exactement 71 sénateurs. Soit beaucoup plus que les 23 membres du groupe LREM.
On y trouve 12 sénateurs du groupe Les Indépendants, soit la quasi-totalité, 12 membres du groupe RDSE (à majorité Radicale) et 23 des 51 sénateurs du groupe Union centriste (voir ici le détail). Sans oublier les 10 sénateurs PS qui s’étaient abstenus, comme le questeur Bernard Lalande, qui n’a pas eu l’investiture PS aux sénatoriales en Charente-Maritime. S’ils ne seront pas tous là au lendemain du 27 septembre, c’est autant de pistes pour faire son marché, ou du moins rassembler plus largement. L’après sénatoriales pourrait ressembler à un speed dating politique à la Haute assemblée.
La majorité présidentielle « peut être présente dans différents groupes » selon Julien Bargeton
Mais au sein du groupe actuel, l’idée ne semble pas partagée totalement de tous. « Ce qui est important au Sénat, c’est que la majorité qui soutient au niveau national le Président, peut être présente dans différents groupes » soutient Julien Bargeton, sénateur de Paris et porte-parole du groupe LREM, qui ne fait pas de l’élargissement l’enjeu essentiel (voir la vidéo ci-dessous, images de LCP-AN).
« Si ensuite, il y a des gens qui ont envie de venir dans le groupe ou de rester dans leur groupe, le plus important, c’est de travailler pour les territoires » dit-il. Julien Bargeton ajoute :
Au Sénat, la schlague, ça ne marche pas. Il ne faut rien imposer aux gens. Ce côté caporalisation ne fonctionne pas dans l’esprit du Sénat.
Un autre sénateur du groupe attend de voir la réalité des rapports de force, après le 27 septembre. « Est-ce que le groupe Les Indépendants existera encore ? Le groupe RDSE va-t-il diminuer ou se renforcer ? Des gens de l’UDI sont-ils prêts à venir ? Est-ce que le Modem est prêt à prendre son indépendance ? Est-ce que le groupe écolo va se faire ? » demande ce sénateur LREM. Autant de questions encore en suspens. Selon le même, l’élargissement du groupe est poussé par le ministre des Outre-Mer : « Je vois bien la volonté de Sébastien Lecornu de faire un grand groupe. Je n’y suis pas hostile. Encore faut-il que les autres viennent… » « Il ne faut pas faire de plan sur la comète » tempère aussi une autre source LREM.
« Il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs »
Fin juin, l’entourage du ministre expliquait en effet à publicsenat.fr que Sébastien Lecornu avait pour ambition de « faire du Sénat la chambre du dépassement politique ». De quoi, dans un lointain avenir, lui donner l’envie de briguer la présidence de la Haute assemblée. Mais LREM en est encore à des années-lumière, pour le moment. Dans l’immédiat, Sébastien Lecornu, qui verra un certain Edouard Philippe venir le soutenir le 23 septembre dans sa campagne, restera au gouvernement et n’aura pas de visées sur la présidence du groupe. D’autant qu’il n’imaginerait pas être à la tête d’un groupe d’une vingtaine de sénateurs, si les choses devaient en rester là. « Il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs » rappelle-t-on. On aurait envie d’ajouter, « c’est à la fin de la foire qu’on compte les bouses », expression souvent appréciée des sénateurs.