Les sénatoriales du 27 septembre 2020 vont-elles battre le record du nombre de candidats du scrutin de 2017 ? On ne le saura que le 11 septembre, date limite de dépôt des candidatures pour le renouvellement de la moitié du Sénat (174 sièges). L’élection de 2017 avait en effet vu pas moins de 1996 candidats se présenter, le chiffre le plus élevé jamais enregistré à cette élection.
Les investitures sont encore en cours, mais on connaît déjà un certain nombre de candidats. La plupart profitent d'ailleurs de la pause estivale au Sénat pour retourner faire campagne en circonscription, et déclarer officiellement leur intention de briguer le poste. Pour certains, il s'agit de rempiler pour un nouveau mandat de 6 ans. D'autres se lancent pour la première fois.
François Patriat retente sa chance
Parmi les sortants qui se représentent, on trouve le président du groupe LREM du Sénat, François Patriat. Mais la tâche s’annonce très compliquée pour lui, pour ne pas dire impossible sur le papier. Le sénateur de Côte-d’Or a été réélu en 2014 en tant que socialiste. S’il a depuis rejoint LREM, ses grands électeurs n’ont pas suivi. Et ce ne sont pas les dernières municipales qui devraient profondément changer les équilibres : le maire PS de Dijon, François Rebsamen, ne compte pas lui faire de cadeau.
« Il est sur la brèche » glisse un proche. Mais François Patriat joue sa chance à fond et n’exclut pas de trouver les 320 voix de grands électeurs nécessaires pour conserver son siège. Il compte voir tous les maires de son département durant l’été. Ils sont pas moins de 700. « François Patriat vise la droite. C’est un chasseur qui chasse à droite », selon un élu socialiste, « c’est un président en campagne, il veut sauver sa peau ».
LREM en embuscade
La République En Marche a investi dans l’Eure le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, comme publicsenat.fr l’avait révélé. Il caresse certaines ambitions, car il pourrait chercher à briguer, dans un avenir lointain, la présidence du Sénat. Dans l’immédiat, s’il est élu, il ne compte pas siéger mais rester au gouvernement. Mais s’il perd son ministère, il pourra automatiquement retrouver son siège.
Après les sénatoriales, l’idée pour les stratèges de LREM serait de rassembler tous les macron-compatibles du Sénat, dans un groupe élargi. Il faudra pour ça compenser les pertes probables du groupe LREM, après l’échec des municipales.
Bruno Retailleau sur le terrain
A droite, le président du groupe LR, Bruno Retailleau, sera candidat à sa réélection en Vendée. Elle ne devrait pas poser de problème. « Je profite de l'été pour être sur le terrain. Et pour faire une diète médiatique ! », confie le sénateur. Didier Mandelli, l’autre sénateur LR du département, est aussi candidat.
Après son échec pour la présidence de la Métropole de Lyon, le sénateur LR du Rhône, François-Noël Buffet, repart pour les sénatoriales. Mais il fera face à Etienne Blanc, candidat dissident LR, qui devrait cependant recevoir le soutien de la fédération LR du Rhône… Il avait été deuxième au premier tour des municipales à Lyon, avant de se retirer dans le cadre de l’accord entre LR et Gérard Collomb.
La député LR Valérie Boyer candidate dans les Bouches-du-Rhône
Dans les Bouches-du-Rhône, Patrick Boré, maire de La Ciotat, sera tête de liste LR, suivi de la députée Valérie Boyer, qui pourrait donc passer du palais Bourbon au palais de Marie de Médicis, suivi de Stéphane Le Rudulier. Philippe Mouiller, sénateur LR des Deux-Sèvres, se représente. Il devra faire face à plusieurs candidats, dont le républicain Gilbert Favreau, et le centriste Xavier Argenton.
Dans les Alpes-Maritimes, la sénatrice LR Dominique Estrosi-Sassone se représente également. Dans le Gard, la sénatrice LR Vivette Lopez, est candidate à sa réélection. Dans l’Hérault, Jean-Pierre Grand sera candidat, avec le soutien de LR, bien qu’il n’ait plus sa carte et après avoir voté la confiance au gouvernement Philippe. A noter qu’en Haute-Vienne, le maire LR de Limoges, Emile Roger Lombertie, n’exclut pas de se présenter.
Le centriste Hervé Maurey à nouveau candidat
Dans l’Eure, le sénateur Union centriste Hervé Maurey, président de la commission du développement durable, se représente, comme il nous l’a annoncé. Il fera face à Sébastien Lecornu. En Ille-et-Vilaine, la sénatrice du groupe Union centriste, Françoise Gatel, est candidate à sa réélection, tout comme, en Haute-Savoie, le sénateur Loïc Hervé.
Dominique Verien, sénatrice UC de l’Yonne, est aussi candidate. En Vendée, la sénatrice UDI (groupe UC) Annick Billon, présidente de la délégation au droit des femmes, est à nouveau en lice. En Gironde, la sénatrice Nathalie Delattre (Mouvement Radical, groupe RDSE), sera candidate à sa réélection. En Aveyron, le sénateur Alain Marc, membre du groupe Les Indépendants (ancien des LR), se représente.
Dans la Somme, on compte pour l'heure deux candidats. Le socialiste Rémi Cardon, conseiller municipal de la ville de Camon, a officialisé sa candidature, le 29 juillet. Il fera face au président du département de la Somme, Laurent Somon, lui aussi candidat.
« Il faut faire des simulations, une analyse en dentelle »
Le PS a investi une partie de ses candidats. Mais des discussions étaient encore en cours à l'heure où nous écrivions ces lignes avec les alliés d’EELV, fort de la poussée verte aux municipales qui devrait permettre le retour d’un groupe écologiste au Sénat, le PCF, mais aussi le PRG et Générations.
L’union est la règle. Elle est recherchée dans la plupart des cas. Mais il y a des exceptions. Dans certains départements, il peut être préférable de faire des listes séparées, en bonne entente, pour faire un maximum de sièges. « Il faut faire des simulations, une analyse en dentelle » glisse Patrick Kanner, président du groupe PS.
L’ancien ministre PS Jean-Jacques Urvoas candidat dans le Finistère
Son groupe de 71 sénateurs compte 36 sortants. Plus de la moitié ne se représente pas. Parmi les candidats, on peut citer l’ancien ministre de la Justice, Jean-Jacques Urvoas, en troisième position dans le Finistère, sur la liste menée par le sortant Jean-Luc Fichet.
Dans l’Aude, Roland Courteau ne se représente pas. Sébastien Pla sera candidat, aux côtés de la socialiste Gisèle Jourda. Dans le Calvados, Corinne Féret est reconduite. Nicole Bonnefoy repart aussi en Charente, tout comme Marie-Pierre Monier, dans la Drôme. Même chose pour Claude Raynal, qui se représente en Haute-Garonne.
Dans les Deux-Sèvres, la socialiste Nathalie Lanzi est candidate à un premier poste, tout comme l'écologiste Nicolas Gamache, qui a annoncé sa candidature en juillet.
Dans le Gers, département qui élit deux sénateurs, donc au scrutin majoritaire (les départements élisant trois sénateurs et plus sont à la proportionnelle), le sortant socialiste Franck Montaugé sera candidat, tout comme le PRG Raymond Vall, dans une logique d’alliance entre les deux partis.
Le PS veut récupérer les sièges partis à LREM
Au cours de la mandature, le groupe PS a perdu 12 sénateurs élus sous ses couleurs en 2014, dont 9 partis à LREM lors de la création du groupe en 2017, et 3 au RDSE. Pour Patrick Kanner, il n’y aura pas de cadeau. Il compte bien récupérer ces sièges. Claude Haut, parti au groupe LREM, verra Lucien Stanzione, premier fédéral du PS dans le Vaucluse, candidat face à lui.
Un autre premier fédéral, avec Bourgi Hussein, dans l’Hérault, sera candidat aux sénatoriales. La victoire du PS à Montpellier, allié à EELV, apportera son lot de grands électeurs.
En Charente-Maritime, le sortant Bernard Lalande, questeur PS du Sénat, ne sera pas candidat socialiste. Celui qui fait partie des 10 sénateurs PS à s’être abstenus lors du vote de confiance à Edouard Philippe pourrait se rapprocher de LREM… A suivre. Le candidat investi par le PS dans le département est Mickaël Vallet.
Dans les Bouches-du-Rhône, le choix n’était pas encore fait le 23 juillet. Mais l’ex-ministre Marie-Arlette Carlotti est candidate déclarée à l’investiture pour la tête de liste, tout comme Frédéric Vigouroux, maire de Miramas.