Alors que les députés PS soutiennent l’abrogation de la réforme des retraites portée par La France insoumise, qui efface également le mécanisme mis en place par l’ancienne ministre de la Santé Marisol Touraine sous François Hollande, le sénateur Bernard Jomier (Place publique), appelle les parlementaires de gauche à ne pas aller trop loin face aux enjeux démographiques.
Retraites : le Sénat propose de repousser l’âge de départ à 63 ans en cas d’échec des concertations
Par Guillaume Jacquot, avec AFP
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Le dossier des retraites fait son retour au Sénat, ce samedi 14 novembre, dans la dernière ligne droite de l’examen du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2021. La majorité sénatoriale de droite et du centre a défendu l’idée de travailler plus longtemps pour atteindre l’équilibre des régimes de retraites de base en 2030.
Le Sénat a décidé, en séance, de réactiver la conférence de financement sur l’équilibre et le financement des retraites, suspendue au printemps dernier, que le gouvernement souhaitait en parallèle de sa réforme sur un système universel. En cas d’échec de cette conférence des partenaires à formuler des propositions, le rapporteur LR pour la branche vieillesse, René-Paul Savary, a fait adopter par l’hémicycle ses propres remèdes. Tout en concédant que ses amendements n’avaient aucune chance de survivre à la navette parlementaire.
Selon ses pistes, il s’agirait à la fois de repousser progressivement l’âge légal de départ à la retraite jusqu’à 63 ans en 2025. Mais aussi d’accélérer l’allongement de la durée de cotisations pour atteindre 43 annuités dès la génération 1965.
Adopté selon les modalités d’un scrutin public, l’amendement n’a reçu le soutien que des seuls groupes LR et Union centriste (200 voix pour). Les groupes de gauche et les sénateurs LREM ont voté contre (118 voix). Composé en majorité de membre d’Agir, la droite constructive, le groupe Les Indépendants – République et territoires s’est abstenu. Le groupe écologiste, qui n'était pas présent au moment du vote, a fait savoir le lendemain que ses voix seraient comptabilisées contre l'amendement.
Le gouvernement juge l’initiative « prématurée »
La ministre Brigitte Bourguignon, ministre chargée de l’Autonomie auprès du ministre des Solidarités et de la Santé, a jugé l’initiative de la commission des Affaires sociales « prématurée », compte tenu de « l’absence de visibilité sur les conséquences de la crise sanitaire sur le système de retraites ». Elle a aussi souligné que le gouvernement était « en permanence en lien avec les partenaires sociaux de notre pays ».
La proposition de la majorité sénatoriale a été accueillie avec des critiques sévères de la part des oppositions de gauche. Au groupe socialiste, écologiste et républicain, Bernard Jomier s’est dit « stupéfait du tempo politique » de l’amendement, en pleine crise économique et sociale. « Quel à-propos politique », a-t-il ironisé. « Même le gouvernement a compris la nécessité de rassembler le pays plutôt que de le cliver ». « C’est choquant de profiter d’un amendement pour faire revenir par la fenêtre la réforme des retraites […] particulièrement impopulaire », a ajouté la sénatrice communiste Laurence Cohen.
La majorité sénatoriale a répliqué, en expliquant que la crise sanitaire actuelle n’empêchait pas de régler des problèmes au long cours. « Plus on prend des mesures tardivement, plus lourde sera la note », a riposté René-Paul Savary, tandis que Philippe Mouiller (LR) estimait que « même en situation difficile, il faut avoir un discours courageux vis-à-vis des Français ». « Est-ce parce que nous sommes en période de Covid que nous ne pouvons plus aborder quelconque sujet ? Qu’il faut que nous appliquions la politique de l’autruche », s’est interrogé le centriste Olivier Henno.
Après avoir achevé l’examen du PLFSS 2021, le Sénat se prononcera lors d’un vote solennel le mardi 17 novembre.