« On nous prend pour des idiots » : colère noire des sénateurs après le discours de Macron sur l’hôpital

« On nous prend pour des idiots » : colère noire des sénateurs après le discours de Macron sur l’hôpital

Pour la deuxième fois depuis mardi, les sénateurs ont stoppé leurs travaux sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. La séance s’est arrêtée après le discours d’Emmanuel Macron sur l’hôpital. Les sénateurs devraient abréger les discussions sur l’ensemble du texte.
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L’hémicycle du Sénat avait déjà interrompu ses travaux en ouverture du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), estimant le texte caduc face à la perspective d’un plan pour l’hôpital. Les déclarations d’Emmanuel Macron, cet après-midi, ont jeté un nouveau trouble dans la chambre haute. Plus profond encore. « Ça suffit », résume le sénateur LR Alain Milon. « C’est outrageant pour les parlementaires, que ce soit à l’Assemblée nationale ou au Sénat. »

Le président de la commission des Affaires sociales n’a visiblement pas dirigé le contenu de la réunion avec Agnès Buzyn (Santé) et Olivier Dussopt (Comptes publics), mardi soir, au premier jour d’examen du PLFSS. « Ils nous ont juré le cœur sur la main qu’ils ne savaient rien. Nous, on nous prend pour des idiots, et eux pour des guignols ! »

En direct depuis Épernay, lors d’une journée de mobilisation nationale des personnels hospitaliers, le président de la République a promis des « annonces fortes » pour l’hôpital public, dont la crise sociale a pris une tournure inédite ces derniers mois. Ce plan sera annoncé mercredi à l’issue du Conseil des ministres. C’est-à-dire le lendemain du vote du Sénat sur l’ensemble du PLFSS. « Il est hors de question de prendre en otage le Parlement et notamment la Haute assemblée », a approuvé le chef de file des Républicains au Sénat, Bruno Retailleau.

Le président de la commission des Affaires sociales veut écourter les débats en première lecture

À l'issue d'une nouvelle suspension de séance ce jeudi, Philippe Dallier (LR), a annoncé que Gérard Larcher, le président du Sénat, avait pris la décision de convoquer une conférence des présidents à 18h15. Celle-ci pourrait annoncer un acte fort. Alain Milon préconise de faire tomber les amendements restants en discussion, afin de pouvoir rejet d’un bloc la troisième partie, qui entraînerait par ricochet le rejet du volet des recettes. « Et c’est terminé. On discutera ensuite avec le gouvernement pour la deuxième lecture », s’avance-t-il. Actuellement, il reste les deux tiers des amendements à examiner sur le PLFSS au Sénat.

En plein discours présidentiel, à 16h30, la gauche du Sénat avait demandé une suspension de séance. « Pour prendre connaissance des annonces qui vont être faites et qui vont impacter notre discussions », a précisé la sénatrice communistes Laurence Cohen. Le groupe communiste a été rejoint par les socialistes. Voici trois jours que les sénateurs de gauche, mais aussi de droite, s’agacent d’avoir un train de retard et d’avoir de mauvais chiffres comme base de travail.

PLFSS : Laurence Cochen demande une suspension de séance en plein discours d'Emmanuel Macron
00:50


 « C’est grave pour la démocratie »

Annonces sur l'hôpital en plein examen du PLFSS: « C’est grave pour la démocratie » selon Jean-Louis Tourenne
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Le sénateur socialiste, membre de la commission des affaires sociales, Jean-Louis Tourenne voit dans cet épisode, l’illustration du « mépris dans lequel le président de la République tient le Parlement. C’est grave pour la démocratie car le Parlement est chargé de faire la loi » a-t-il déploré. Le plan pour l’hôpital, qui sera annoncé la semaine prochaine, conduit « à ce que tous les débats que nous avons eu portent sur des éléments faux ». En conséquence, Jean-Louis Tourenne envisage plusieurs attitudes à adopter de la part du Sénat. « Il y en a une qu’il faut exclure immédiatement. Ce serait celle de débattre tranquillement sans marquer coup ».

Edit du jeudi 14 novembre à 22h00 : Le Sénat a bien rejeté le projet de loi de financement de la Sécurité sociale

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