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Les inégalités entre les femmes et les hommes accentuées en milieu rural, pointe un rapport du Sénat
Par Public Sénat
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Après 10 mois de travaux, la délégation aux droits des femmes du Sénat remet son rapport d’information intitulé : « Femmes et ruralité : pour en finir avec les zones blanches de l’égalité ». Huit rapporteurs représentant chaque groupe politique du Sénat étaient mobilisés pour ce rapport adopté à l’unanimité de la mission. « Nous sommes partis de l’agenda rural présenté par le gouvernement en 2019. Parmi 181 mesures, aucune ne mentionnait l’égalité entre les femmes et les hommes. Joël Giraud (le Secrétaire d’Etat en charge de la Ruralité) l’a reconnu et nous a indiqué qu’il suivrait nos recommandations », a indiqué Annick Billon, la présidente centriste de la Délégation aux Droits des femmes.
88 % des communes sont des territoires ruraux, 33 % de la population française soit 11 millions de femmes. Les difficultés de mobilité « sont à l’intersection de tous les sujets touchant les femmes des territoires ruraux ». Elles pèsent autant « sur leur vie tant personnelle que professionnelle », relève le rapport. « La question de la mobilité est revenue dans tous les thèmes que nous avons abordés, que ce soit l’accès au soin, à l’emploi ou dans la lutte contre les violences conjugales », souligne Marie-Pierre Monier, sénatrice socialiste de la Drôme.
Dans ces territoires, seules 80 % d’entre elles sont détentrices du permis B contre 90 % des hommes. Les transports publics, la couverture Internet et les services de garde d’enfants sont insuffisants et conduisent « de nombreuses femmes à renoncer à une activité professionnelle ».
Parmi leurs préconisations, les sénateurs et sénatrices de la délégation aux droits des femmes plaident pour un développement des transports publics avec des « arrêts à la demande ». Ils demande de faire mieux connaitre les modes d’accueil des jeunes enfants ou encore d’intégrer dans le parcours scolaire l’apprentissage du code de la route.
Offre de formation faible et peu diversifiée, et des opportunités professionnelles plus limitées
Les élus ont également relevé que les jeunes femmes quittaient plus souvent les zones rurales que les garçons pour poursuivre des études ou trouver un premier emploi (12 % des filles en zone urbaine, contre 8 % des garçons, ont leurs parents qui vivent en zone rurale). Pour celles qui restent, l’offre de formation est faible et peu diversifiée, et les opportunités professionnelles plus limitées.
L’offre d’emploi est orientée vers les secteurs à dominante masculine (construction et agriculture) qui représentent 36 % de l’offre d’emploi des communes rurales contre 21 % dans les communes urbaines. En milieu rural, 25 % des femmes travaillent dans les secteurs de la santé et du social (contre 11 % en ville).
Le rapport recommande de développer des solutions permettant aux jeunes de suivre a minima deux années d’études supérieures à proximité de leur domicile et de mener des campagnes d’information à l’orientation incarnées et inversant les stéréotypes, en utilisant des figures féminines pour recruter au sein des filières perçues comme masculines.
13 départements dépourvus de gynécologues
Les sénateurs ont relevé que la désertification médicale touchait particulièrement les femmes : (en moyenne 2,6 gynécologues médicaux pour 100 000 femmes en âge de consulter en France mais dans 77 départements sur 101, cette densité est inférieure à la moyenne nationale et 13 départements en sont dépourvus comme la Creuse), le nombre de maternités a été divisé par trois en 40 ans.
La délégation recommande de généraliser à tous les départements ruraux, les solutions de médecine itinérante, de développer des téléconsultations gynécologiques, mais aussi des mesures pour inciter les médecins à s’installer en zone rurale (incitations fiscales, développement des Maisons de santé pluridisciplinaires).
47 % des féminicides en France ont lieu en milieu rural
L’été dernier, Public Sénat avait suivi Marie-Pierre Monier, pendant les travaux de la commission sur les violences conjugales. L’élue avait découvert que 47 % des féminicides en France ont lieu en milieu rural alors que 31 % de la population y habitent. ». Les femmes utilisent moins la ligne d’écoute nationale, et lorsqu’elles appellent, elles décrivent souvent le même moyen de contrôle employé par leur conjoint pour les surveiller : comme l’interdiction d’utiliser le véhicule ou le contrôle du kilométrage. « En ruralité la mobilité est vraiment le sujet. On est loin des services publics. Il faut avoir une voiture, donc les moyens de se la payer. On doit se déplacer avec pour tout, les courses comme les soins. Ça veut dire aussi que si elles veulent porter plainte, il faut qu’elles se déplacent à la gendarmerie, c’est un peu une double peine pour les femmes qui vivent en milieu rural par rapport à d’autres qui vivent en ville. », avait expliqué Marie-Pierre Monier.
La mission d’information souhaite voir se développer au sein des gendarmeries, des brigades spécialisées dans la lutte contre les violences conjugales, sexuelles et sexistes, augmenter le nombre de places d’hébergement d’urgence, développer les foyers destinés à prendre en charge les hommes auteurs de violences conjugales ou encore pérenniser le système de points d’accueil dans les centres commerciaux pour les femmes victimes de violences.
Début septembre, le gouvernement s’est engagé à créer 1000 places d’hébergement d’urgence supplémentaire d’ici la fin de l’année. « Nous vérifierons que ces places seront fléchées vers les victimes de violences intrafamiliales qui sont souvent avec leurs enfants et ne peuvent être accueillies dans les mêmes conditions que les autres victimes » indique Annick Billon qui salue néanmoins de l’accessibilité du numéro d’urgence 3919 24H/24 7j/7 même si 26 % des appels en 2018 provenaient d’une région classée comme essentiellement rurale.
« Référents égalité » dans les conseils municipaux
Les élus ont rappelé que toutes leurs recommandations n’avaient pas vocation à déboucher sur une loi. Par exemple, les sénateurs encouragent fortement les conseils municipaux d’instaurer « un référent égalité ». « Les associations sont concentrées dans les zones urbaines et ont besoin de relais dans le département. Les élus locaux peuvent être ces relais », appuie Jean-Michel Arnaud, sénateur centriste des Hautes-Alpes. La sénatrice communiste de la Dordogne, Marie-Claude Varaillas complète : « Ces référents pourraient aider les jeunes filles dans leur parcours d’études, les agricultrices qui ne sont pas toujours écoutées quand elles vont à la banque. Ces référents pourraient avoir un rôle qui va au-delà des violences conjugales ».