« Valeur travail. » C’est à ce titre que les sénateurs ont supprimé, dans la nuit du mardi 2 au mercredi 3 août, la prime exceptionnelle de rentrée pour les allocataires des minima sociaux, comme le RSA mais aussi les APL. Cette aide a été remplacée par une majoration exceptionnelle « coup de pouce » aux bénéficiaires de la prime d’activité et de l’allocation aux adultes handicapés. Au grand dam de la gauche sénatoriale et contre l’avis du gouvernement.
« J’entends le souhait d’aider les gens qui travaillent dur, a soutenu Gabriel Attal, le ministre des Comptes publics. Mais votre disposition va retirer le bénéfice de l’aide à 4 millions de foyers pauvres. »
« C’est l’amendement le plus inadmissible, le plus indécent qui a été voté ce soir »
Pour le sénateur socialiste, Jean-Claude Tissot, cette mesure est tout bonnement « inique ». « C’est l’amendement le plus inadmissible, le plus indécent qui a été voté ce soir », a-t-il dénoncé. Son collègue socialiste, Rémi Féraud, a surenchéri : « Nous n’avons pas voté la taxe sur les superprofits, ni une revalorisation du SMIC. Le signal donné n’est pas le bon. En réalité, l’objectif [de cet amendement] est d’opposer les travailleurs pauvres aux bénéficiaires des minima sociaux » (voir la vidéo en tête d’article).
La prime exceptionnelle de rentrée pour les bénéficiaires des minima sociaux s’élevait à 100 euros. Avec les amendements de la majorité sénatoriale, seuls les bénéficiaires de la prime d’activité et de l’allocation aux adultes handicapés seront concernés par une majoration exceptionnelle « coup de pouce » de 150 euros.
Pour le rapporteur du texte, Jean-François Husson (LR), le dispositif initial du gouvernement semblait « témoigner d’une forme d’accoutumance au recours à la dépense publique « quoiqu’il en coûte », développée dans le contexte de la crise sanitaire ». En outre, le sénateur LR, craignant la reconduction d’une telle indemnité, met en cause l’efficacité de ce dispositif pour lutter contre la précarité.
Les syndicats étudiants montent au créneau
La suppression de cette prime a beaucoup fait réagir. Le syndicat étudiant, La Fage, dénonce la disparition d’une aide destinée « aux bénéficiaires des APL ainsi qu’aux étudiantes et étudiants boursiers, alors que l’inflation au mois de juillet 2022 atteint les 6,1 % ».
« Ce sont 1,8 million d’étudiants qui touchent la bourse plus les APL. Quand on sait le niveau de la précarité étudiante, ce qu’ils ont souffert depuis deux ans, franchement c’est ignoble », s’indigne Pierre Ouzoulias. Le sénateur communiste qui a tenté de faire passer des amendements pour soutenir les étudiants précaires ne décolère pas :
« Faire ça en août, à un mois de la rentrée ! Ils ne savent pas ce que c’est d’être un boursier. Un tiers des étudiants vivent sous le seuil de pauvreté. »
Ce dispositif fera nécessairement l’objet d’un débat entre la majorité sénatoriale et la majorité présidentielle lors de la commission mixte paritaire qui se tiendra ce mercredi 3 août.