« Les opérateurs doivent être au RDV ». Interrogé par les sénateurs de la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable, Sébastien Soriano, président de l’ARCEP, appellent SFR, Free, Orange et Bouygues à redoubler d’efforts pour déployer la 4G et la fibre optique en France, malgré la crise du coronavirus. « Évidemment on ne pourra pas faire ce qui a été prévu initialement, il y a des contraintes au niveau de chaque maillon tel qu’il était prévu initialement mais les engagements existent juridiquement ». Les opérateurs ont signé en 2018 dans un « New Deal mobile » qui prévoit le déploiement de la 4G partout sur le territoire. D’ici 2022, ils doivent construire 5 000 sites 4G, mais aussi équiper en 4G tous les sites existants qui fonctionnent aujourd’hui en 2G ou 3G.
« Soutenir les PME à bras le corps »
Des engagements que les opérateurs sont en mesure de tenir pour le président de l’Arcep. Peu impactés économiquement par la crise, ils sont dans une situation « plutôt confortable » par rapport au reste des entreprises . « L’argent rentre » grâce aux abonnements, mais surtout leurs coûts commerciaux ont été réduits avec la crise « en cette période, les utilisateurs ne changent pas d’opérateur ». Ce n’est donc pas eux qui pourraient provoquer des retards mais leurs sous-traitants beaucoup plus impactés par la crise. Pour Sébastien Soriano, il est impératif de venir en aide économiquement à ce tissu de PME grâce à des avances de trésoreries ou la création d’un fond d’aide, il lance un appel aux opérateurs pour les soutenir « à bras le corps ». «Il est vital qu’on évite d’avoir une reprise lente de déploiement de réseaux qui serait dû au fait qu’on a laissé se démanteler ce tissu de PME qu’on a patiemment construit ».
« Pas de chèque en blanc pour les opérateurs »
Il y aura tout de même des retards. Sébastien Soriano en a conscience. « Nous serons à l’écoute des opérateurs pour apprécier d’éventuelles difficultés ». Mais le gendarme des télécoms prévient, il sera très exigeant. « Nous vérifierons que les retards sont proportionnés et justifiés, nous n’accepterons pas n’importe quel retard et n’importe quel motif au prétexte de la crise, je ne vais pas faire un chèque en blanc aux opérateurs ». Quant à donner un calendrier précis, il est encore trop tôt : « on ne sait pas encore à quelle vitesse le tissu de terrain pourra se remettre en branle pour déployer les réseaux mobiles ou fixes, je ne suis pas en mesure aujourd’hui d’apprécier finement quelle sera la durée de ce décalage et nous ne savons pas encore quelles vont être les conditions précises du déconfinement, si il y aura d’éventuelles rechutes, des mesures de reconfinement donc, pour moi ça me paraît prématuré».