Alors que le gouvernement demande un effort budgétaire de 5 milliards d’euros aux collectivités – « 11 milliards » selon les élus – le socialiste Karim Bouamrane affirme que « Michel Barnier est totalement inconscient ». Le PS a organisé ce matin, devant le congrès des maires, un rassemblement pour défendre les services publics.
Jean-Baptiste Lemoyne : « Nous demandons de la flexibilité aux professionnels du tourisme »
Par Oriane Mancini
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La prolongation de l’état d’urgence sanitaire validée :
« Cette décision du Conseil constitutionnel va permettre de mettre en œuvre un certain nombre de décisions par décret comme la règle des 100 km.
L’état d’urgence est prorogé et cette décision montre que tout cela se fait en respectant nos libertés fondamentales. »
Les Français à l’étranger:
« Tout ressortissant français peut rentrer sur le territoire national. Cela a parfois été rendu difficile par la situation dans certains pays. Depuis le mois de mars, nous sommes mobilisés pour organiser une sorte de pont aérien et 185 000 de nos compatriotes sont ainsi revenus et des vols arrivent encore de l’Amérique centrale notamment.
Il y a quelques milliers de Français parfois binationaux qui étaient partis au Maroc ou en Algérie et qui s’y trouvent encore. Les cadences avec Air France ont été doublées mais le travail continu.
S’agissant des Français établis hors de France, la loi prorogeant l’état d’urgence sanitaire prévoit la possibilité d’une quatorzaine selon l’état sanitaire du pays. Nous sommes en train d’identifier ces pays les plus à risque.
Naturellement, nous sommes aux côtés des communautés françaises et nous souhaitons leur facilité la vie. »
Le principe de quatorzaine :
« On en appelle à la responsabilité de chacun d’abord. La vigilance doit être permanente. C’est de cette vigilance individuelle que la résilience collective dépend.
Cela n’empêche pas d’être très prudent dès l’apparition de symptômes. Il y a un travail par rapport aux tests qui peuvent donner des indications précises.
Annick Girardin y travaille par exemple pour les Outre-Mer pour trouver une alternative aux quatorzaines. Je crois que ce pourrait être un dispositif intéressant s’il était validé pour un certain nombre de déplacements internationaux.
Il y a un besoin de réassurance du voyageur français ou étranger depuis le début de son déplacement et jusqu’à son arrivée.
Ces déplacements sont encore beaucoup entravés. Par exemple, 190 pays appliquent encore des mesures à l’encontre des Français.
Nous sommes en train de regarder pour mettre en place une série de tests.
Vous faites un test 14 jours avant votre départ, un autre peut-être la veille et un dernier 7 jours plus tard pour s’assurer que vous n’êtes pas porteur.
Ce travail est en cours parce qu’il faut s’assurer qu’un tel dispositif aurait du sens du point de vue scientifique.
Les logiques de quatorzaine sont naturellement très exigeantes.»
Le tourisme en Corse :
« On sait que sur ces territoires insulaires où il est important que le système sanitaire ne soit pas débordé, il faut pouvoir gérer les flux qui entrent.
Avec sa proposition de passeport sanitaire, Gilles Simeoni veut concilier la sécurité sanitaire de l’île avec une reprise du tourisme. Il faut voir si cela peut fonctionner ou non de façon scientifique. Nous travaillons avec le Préfet et la collectivité territoriale pour un accompagnement spécifique car le tourisme est ici un pilier avec un quart à un tiers de l’économie qui est généré par ce secteur.
Nous devons nous revoir fin mai pour travailler à des dispositions en faveur de ces acteurs et les aider à passer le cap de cette crise. Ce sont des mesures économiques, financières et fiscales. Il faut sûrement aller au-delà des dispositifs de droit commun. »
Le tourisme dans les territoires :
« J’ai pu faire le tour des territoires ultramarins avec chacun leurs spécificités. Il fallait rencontrer tout le monde et faire une réponse adaptée aux besoins. Jeudi, le comité interministériel pour le tourisme dévoilera des mesures et nous poursuivons en parallèle le travail avec la filière pour bâtir une feuille de route pour la relance et la transformation du tourisme.
À l’échelle nationale, il représente 7 à 8% du PIB et c’est une priorité nationale que de le relancer. La reprise va être progressive ce qui signifie que les dispositifs d’aide et de soutien doivent en permanence être perfectionnés pour trouver à s’appliquer au-delà de la fin du déconfinement.
La réponse dans l’urgence a été de soutenir massivement le secteur du tourisme avec le chômage partiel et les 5 milliards de prêts garantis par l’État.
Maintenant, il va y avoir cet accompagnement de la reprise
Cet été sera un été différent avec une reprise du tourisme progressive, par cercle concentrique et un tourisme d’abord domestique.
Nous travaillons avec les régions pour promouvoir la destination France. Il y a ce hashtag #Cet été je visite le France qui a été lancé et on veut qu’il ait une résonance toute particulière.
Des travaux ont été engagés avec les collectivités pour recenser l’offre parce que l’offre sera différente cet été.
Il ne s’agit pas de se faire concurrence entre territoires mais bien de faire savoir toute l’offre partout et inciter au départ.
L’épargne des Français pendant le confinement aurait atteint 60 milliards et il est important qu’une partie de cette épargne leur permette de partir et vienne générer de la croissance dans les territoires. »
Les réservations de vacances :
« Nous avons donné rendez-vous fin mai pour préciser le calendrier et les modalités de départs pour ces vacances d’été.
Ce qui est sûr c’est que nous avons demandé aux acteurs du tourisme de pouvoir garantir la plus grande flexibilité.
Si des Français devaient réserver un séjour, il faudra qu’ils puissent se voir rembourser facilement en cas d’annulation.
Je crois que c’est grâce à cette flexibilité que les Français n’hésiteront pas à réserver.
Au départ de la crise, nous avions mis en place un avoir c’est-à-dire la capacité pour les professionnels à proposer le report du séjour.
Aujourd’hui, il faut aussi de la flexibilité pour le remboursement. »
L’accès aux plages :
« Cette question est traitée directement par les Préfets et les maires. Ce travail d’analyse est en cours mais ce qui est sûr c’est que c’est une demande forte des territoires littoraux mais cela doit se faire en étant bien organisé pour éviter toute prise de risque. Il y a cette idée que la plage doit rester un accès à l’eau ou un endroit pour faire du sport mais pas pour s’entasser les uns à côté des autres. »
L’impact de la crise :
« Chaque mois de confinement correspond à 10 à 15 milliards d’euros de recettes perdues. C’est pour cette raison que nous avons mis en place immédiatement des outils de soutien du secteur.
L’activité partielle représente par exemple chaque mois, 2 milliards d’euros pris en charge par l’État pour aider l’hôtellerie et la restauration. »
Un nouveau plan de soutien :
« La Caisse des Dépôts travaille à un plan de soutien au tourisme de 1,3 milliard. L’idée est d’aider les acteurs du tourisme à avoir accès à des financements avec par exemple le prêt tourisme. Il comprend l’avantage d’un différé de 2 ans pour répondre à leur besoin d’oxygène financier.
Au-delà de cette réponse, il y a l’idée de dette à très long terme fournie par la Caisse des Dépôts pour aider les territoires notamment littoraux ou montagnards. Elle doit leur permettre de faire une mise à niveau de l’offre inscrite dans le tourisme durable.
Certaines stations ont un peu vieilli et nous devons investir massivement pour être toujours dans la compétition.
La France est rentrée dans cette crise en étant première en matière de tourisme et elle doit le rester.
De cette crise doit naître une opportunité et cela veut dire accélérer les investissements dans le tourisme durable ou dans le digital notamment.
Un certain nombre d’opérateurs digitaux prélèvent une partie de la valeur ajoutée des acteurs touristiques. Il faut élaborer des outils pour permettre à ces acteurs de la garder. »
La francophonie :
« Nous sommes inquiets mais pour l’instant l’épidémie est moins dynamique en Afrique.
Le président de la République a été en pointe pour faire en sorte qu’il y ait à la fois un moratoire financier qui permette aux États africains de redéployer des moyens pour la préparation et la prévention de l’épidémie.
Par ailleurs, avec les Européens, nous agissons pour les aider en termes de matériel.
Un vol est ainsi parti depuis Lyon vendredi dernier pour la République centrafricaine. Cela fait partie de ces solidarités concrètes.
On ne le sait pas assez mais l’Union Européenne est le premier bailleur pour le continent africain et il est bon de le rappeler face à l’instrumentalisation de l’aide par des bailleurs émergents . »
Pendant toute la période du confinement, retrouvez chaque jour de semaine à midi notre interview politique, en ligne sur publicsenat.fr et notre chaîne YouTube.