« Inflation législative » : choqué par le discours d’Emmanuel Macron, Bruno Retailleau interpelle Jean Castex

« Inflation législative » : choqué par le discours d’Emmanuel Macron, Bruno Retailleau interpelle Jean Castex

Le nouvel appel d’Emmanuel Macron à réformer le droit d’amendement a hérissé les parlementaires de l’opposition. Le président du groupe LR au Sénat Bruno Retailleau a demandé au Premier ministre de s’expliquer aux questions d’actualité au gouvernement. Jean Castex lui a reproché d’avoir fait une lecture « erronée » des propos du chef de l’État.
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

« Lundi, à Poitiers, les foudres de Jupiter se sont abattues sur les parlementaires. » Le président du groupe Les Républicains au Sénat, Bruno Retailleau, a été froissé dans sa chair de parlementaire par le discours d’Emmanuel Macron en ouverture des États généraux de la justice. Le chef de l’État a incriminé « l’inflation législative », et derrière le droit d’amendement, qui a contribué à « l’illisibilité de notre droit ». Le sénateur de la Vendée y a perçu une critique directement adressée au pouvoir législatif. Elle a été ressentie comme telle par d’autres sénateurs. « Franchement, Monsieur le Premier ministre, il fallait oser. » Bruno Retailleau a rappelé que le droit d’amendement était un droit garanti par la Constitution mais aussi « très encadré ».

« Multiplication des ordonnances », à un niveau « sans précédent » depuis 1958, ou encore « multiplication des amendements de dernière minute » : le chef de la droite sénatoriale a fait savoir que le gouvernement était loin d’être exempt de tout reproche dans ce domaine. « La déclaration de Poitiers, était-ce de l’humour ou était-ce une diversion pour faire porter le chapeau au pouvoir législatif, en prenant à témoin l’autorité judiciaire ? »

« Il a cédé à une conception très autocentrée de la Ve République »

Le Premier ministre, qui était ce lundi en visite au Vatican, n’a pas été surpris outre mesure. « Je commence à avoir quelques heures de vol », a-t-il souri. « Je reconnais là votre talent pour faire dire au président de la République ce qu’il n’a pas dit et d’en tirer des enseignements politiques erronés. » Il s’en est fallu de peu pour que Jean Castex se contente de relire l’extrait du discours présidentiel et aille se « rasseoir ». « Nous tous collectivement contribué à une inflation législative », a cité le chef du gouvernement. « Je n’ignore pas que la loi est votée par le Parlement et que le gouvernement contribue à son édification, y compris au droit d’amendement. » Jean Castex a ajouté que le droit d’amendement était un « droit légitime » du Parlement, toujours en citant le discours d’Emmanuel Macron.

Pas de quoi convaincre Bruno Retailleau. De retour au micro pour une réplique, le sénateur a conclu son intervention en affirmant que l’appel du chef de l’Etat à réformer le droit d’amendement était symptomatique de son rapport au pouvoir. « Pour le président de la République, ce n’est pas tellement l’exercice du droit d’amendement que le Parlement lui-même. Je pense que malheureusement il a cédé à une conception très autocentrée de la Ve République, selon laquelle pour que le président de la République soit grand, le Parlement devrait être petit. »

Dans la même thématique

« Inflation législative » : choqué par le discours d’Emmanuel Macron, Bruno Retailleau interpelle Jean Castex
3min

Politique

Emmanuel Grégoire candidat à la mairie de Paris : "Je ne pourrai pas soutenir quelqu'un qui a passé son temps à me tirer le tapis sous le pied », déclare Anne Hidalgo

Invitée de la matinale de Public Sénat, la maire de Paris Anne Hidalgo s’est exprimée sur la fin de son mandat, et les élections municipales à venir. Si l’édile soutient le sénateur socialiste Rémi Féraud pour la succéder, elle attaque son premier adjoint Emmanuel Grégoire, également candidat, qui n’a pas « rempli son rôle de protéger le maire ».

Le

« Inflation législative » : choqué par le discours d’Emmanuel Macron, Bruno Retailleau interpelle Jean Castex
2min

Politique

Assouplissement du ZAN : Agnès Pannier-Runacher dénonce « la manière dont certains populistes se saisissent de ce sujet »

La majorité sénatoriale propose d’assouplir les objectifs de zéro artificialisation nette (ZAN) des sols, dans un texte examiné à partir de ce 12 mars. Si la ministre de la Transition écologique accepte de donner « un peu de souplesse » aux élus locaux dans l’application de la loi, elle s’oppose à tout abandon des objectifs chiffrés.

Le

« Inflation législative » : choqué par le discours d’Emmanuel Macron, Bruno Retailleau interpelle Jean Castex
3min

Politique

Ukraine : « Avez-vous vraiment plus peur de taxer les riches que de laisser Poutine gagner ? », demande Mélanie Vogel

Lors de son allocution, Emmanuel Macron a promis que la hausse des dépenses militaires se ferait sans augmentation d’impôts. « On ne peut pas demander aux Français de payer des chars avec leurs services publics et leurs retraites », dénonce la sénatrice écologiste Mélanie Vogel, qui demande une contribution des plus riches à l’effort de guerre.

Le

France Canjuers Defence Artillery, Canjuers, France – 04 Mar 2025
10min

Politique

Défense : malgré une « nette amélioration », l’armée française reste « trop faible »

En raillant les forces françaises et anglaises, armées de « pays quelconques », le vice-président américain J.D. Vance a suscité les critiques. Mais au-delà de la polémique, l’armée française, constituée en temps de paix, reste limitée, malgré des efforts récents. « On a l’éventail des armées nécessaires, mais on n’a pas l’épaisseur et la profondeur », pointe le sénateur LR Christian Cambon.

Le