Grève des urgences : Agnès Buzyn prise à partie au Sénat pour ses propos tenus sur France Inter

Grève des urgences : Agnès Buzyn prise à partie au Sénat pour ses propos tenus sur France Inter

Le sénateur (apparenté socialiste) Bernard Jomier a fait un rappel au règlement, mettant en cause les récentes déclarations de la ministre de la Santé et de la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye à propos de la grève des personnels urgentistes.
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Les esprits s’étaient un peu échauffés lors de la dernière séance en soirée au Sénat sur le projet de loi réorganisant le système de santé (relire notre article). Ce mercredi 5 juin, à la reprise de la séance à 14h30, le sénateur (apparenté au groupe socialiste) Bernard Jomier a pris la parole pour un rappel au règlement et « rappeler à la nécessaire sérénité de nos débats ». Après avoir déploré des « emportements regrettables », « y-compris » sur le banc socialiste, le sénateur de Paris s’est adressé au gouvernement. « Je voudrais dire que les premiers responsables de la sérénité des débats ce sont qui structurent et organisent le débat et que les déclarations des ministres ces deux derniers jours ne sont pas de nature à apaiser nos débats. »

Le médecin fait référence aux propos polémiques tenus par la ministre de la Santé Agnès Buzyn sur France Inter le 4 juin. Elle réagissait à la grève surprise des urgentistes à l'hôpital Lariboisière, à Paris. Au total, 75 services sont touchés par un mouvement social d’une importance inédite en France.

« Ce que vous venez de dire est faux », se défend la ministre

« Vous avez déclaré à propos des grévistes que ce qu’ils faisaient n’était pas bien et que ça surchargeait le travail de leurs collègues. Ces déclarations donnent l’impression de faire porter la responsabilité de la situation aux urgences qui est ancienne et dramatique à ces professionnels. Elles sont particulièrement maladroites », s’est offusqué Bernard Jomier, à la fin d'une journée d'action nationale de ces personnels.

Piquée au vif, la ministre a accusé son interlocuteur de travestir la réalité. « Il ne me semble pas que mon ton habituellement dans cet hémicycle nuise à la sérénité des débats. Et je voudrais simplement signaler à monsieur le sénateur Jomier que, quand on cite quelqu’un, il faut le citer avec exactitude. Je vous demanderai, M. Jomier, quand vous reprenez mes propos à la radio, de reprendre exactement mes propos. Ce que vous venez de dire est faux ! »

Urgences : « Ce que vous venez de dire est faux », répond Agnès Buzyn à Bernard Jomier
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« Ce que vous venez de dire est faux », répond Agnès Buzyn à Bernard Jomier

« Ce n’est pas bien car ça accroît la surcharge », a bien déclaré Agnès Buzyn

Dans les faits, les propos rapportés par Bernard Jomier sont proches de la réalité. Sur France Inter, la ministre avait souligné que les personnels en arrêt « dévoyaient ce qu’est un arrêt-maladie ». « Ce n’est pas bien car ça accroît la surcharge, ça entraîne une surcharge de travail pour les autres », a-t-elle enchaîné, citant le cas des pompiers, des ambulanciers, des médecins libéraux. « En réalité, en faisant cela, on accroît la fatigue des autres. »

La sénatrice (PS) Laurence Rossignol a, elle aussi, emboîté le pas à son collègue. « Ils [les propos] ont été mal perçus par les personnels mobilisés dans les services d’urgence. Ils ne considèrent pas que quand ils font grève, ils font porter sur leurs collègues la charge de la grève. La grève est un droit, Madame la ministre, et les grévistes ne sont pas des mauvais collègues qui feraient la grève en se déchargeant de leurs responsabilités sur d’autres ! »

L’ancienne ministre des Familles, de l'Enfance et des Droits des femmes, a réclamé que les solutions « réclamées par les personnels » soient mises en œuvre, dans le but de répondre à l’urgence de la situation. Arrêt de la fermeture des lits, création de postes supplémentaires et paiement des heures supplémentaires. « Ce n’est pas à l’ordre du jour de nos débats, mais c’est à l’ordre du jour du pays ! »

Au cours de son intervention, Bernard Jomier a également reproché à la porte-parole du gouvernement, ce matin sur RTL, de « reporter, cette fois, sur la médecine de ville une part de responsabilité ». Sibeth Ndiaye a déclaré : « Dans les 20 dernières années, les personnes qui fréquentent les urgences ont été multipliées par deux. C’est parce que la médecine de ville, libérale, n’est pas au rendez-vous. »

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