Cumul des mandats pour les ministres : « L’exemplarité ne se déclare pas, elle se pratique », interpelle Olivier Paccaud

Cumul des mandats pour les ministres : « L’exemplarité ne se déclare pas, elle se pratique », interpelle Olivier Paccaud

Lors des questions d’actualité au gouvernement, Élisabeth Borne a été interpellée sur les ministres de son gouvernement qui n’ont pas encore démissionné de leurs mandats exécutifs locaux. Gérald Darmanin a saisi la balle au bond pour rappeler à la majorité sénatoriale que Nicolas Sarkozy avait longtemps été ministre de l’Intérieur et maire, puis président de Conseil départemental, tout en assurant que cette règle informelle serait respectée.
Louis Mollier-Sabet

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Par rapport à l’ambiance houleuse et conflictuelle qui a électrisé l’Assemblée nationale hier, les passes d’armes du jour au Sénat peuvent apparaître presque sympathiques. Lors de la séance de questions d’actualité au gouvernement, le sénateur LR de l’Oise Olivier Paccaud a ainsi interpellé la Première ministre sur la non-démission de quelques membres du gouvernement de leur fonction exécutive locale, comme maire, président du conseil départemental ou régional : « Une règle informelle veut qu’un ministre abandonne ses mandats d’exécutifs locaux. L’immense majorité de votre gouvernement s’est pliée à cette règle, rejoignant les parlementaires pour lesquels ce n’est pas une règle, mais une loi. Mais il reste quelques récalcitrants, des maires, des présidents d’agglomération et même un président d’un département dans le cas du ministre des Armées. Y aurait-il donc des ministres privilégiés ? »

« Ils ont quelques semaines pour convoquer leur assemblée délibérante afin de démissionner toutes et tous de leur fonction exécutive »

Élisabeth Borne étant tenue de ne répondre qu’aux présidents de groupes politiques, elle a envoyé l’un des rares grognards de la politique locale du gouvernement répondre au sénateur Paccaud. « Les braconniers étant les meilleurs gardes-chasses, la Première ministre m’a demandé de répondre à votre question », lâche, malicieux, Gérald Darmanin en attrapant le micro. Longtemps maire de Tourcoing, mais aussi conseiller régional et conseiller départemental du Nord, du Nord-Pas-de-Calais, puis des Hauts-de-France, le ministre de l’Intérieur a assuré que « les règles seront respectées » : « Plusieurs membres du gouvernement ont déjà démissionné de leurs fonctions exécutives, et les autres ont quelques semaines pour convoquer leur assemblée délibérante afin de démissionner toutes et tous de leur fonction exécutive, tout en restant conseiller municipal, départemental ou régional. »

Surtout, Gérald Darmanin a profité du temps restant pour titiller un peu la majorité sénatoriale, et certains de ses totems, l’ancrage territorial et Nicolas Sarkozy : « J’espère que vous ne reprochez pas au gouvernement, que vous évoquez parfois distant du terrain, d’être par ailleurs élu. La règle évoquée est informelle, mais a toujours connu des exceptions. Il me semble que le Président Sarkozy a été très longuement ministre de l’Intérieur tout en étant maire de Neuilly puis président du conseil départemental des Hauts-de-Seine, quelques témoins sont ici. » Des remarques qui ont semblé amuser Élisabeth Borne sur les bancs des ministres, probablement plus détendue que ce mardi à l’Assemblée.

« Quel comble de voir l’armée dirigée par un ministre rebelle à la règle commune »

Olivier Paccaud s’est lui-même pris au jeu : « Je félicite le bon élève, l’ancien maire de Tourcoing d’avoir répondu. Nous avons tous pris note que les ministres rebelles démissionneront bientôt. » Le sénateur LR a tout de même attiré l’attention du gouvernement sur la situation du ministre Lecornu, encore président du conseil départemental de l’Eure : « Comment voulez-vous être obéis des Français quand un ministre, effrontément, bafoue la règle. Quel comble de voir l’armée, où le sens de la hiérarchie et la discipline sont les valeurs cardinales, dirigée par un ministre rebelle à la règle commune. L’exemplarité ne se proclame pas, elle se pratique. »

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