En dépit de sa situation géographique et de ses liens économiques étroits avec la Chine, l’île de Taïwan a réussi à contenir l’épidémie de Covid-19. Dès le 31 décembre, Taïpei aurait alerté les instances de l’OMS sur l’émergence du virus et sur la possibilité d’une transmission interhumaine du nouveau coronavirus. Mais le vendredi 10 avril, le directeur général de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus, dément avoir reçu cette précision, et s’appuie sur les informations en provenance de Chine, l’un de ses plus gros contributeurs. Pour rappel, depuis son apparition en Chine, la pandémie a fait plus de 131 000 morts dans le monde.
Tribune
En France, certains comme le sénateur des Hauts-de-Seine André Gattolin, regrettent que l’on n’ait pas pris au sérieux l’alerte lancée par Taïwan. Dans une tribune, publiée dans le Nouvel Observateur le 31 mars, et signée par 250 députés, sénateurs, scientifiques et universitaires de tous les pays, André Gattolin, affirme que « l’OMS doit coopérer pleinement avec Taïwan ».
Exclu de l’OMS
Car depuis 2016, Taïpei est exclue de l’Organisation mondiale de la santé au sein de laquelle elle bénéficiait d’un statut d’observateur. « Ce qui est choquant, explique André Gattolin, c’est que Taïwan a lancé l’alerte sur une pneumonie atypique avec une possible transmission d’homme à homme fin décembre, et la Chine a mis un mois à alerter l’OMS ». Et ce n’est qu’en février, que l’Organisation mondiale de la santé s’est finalement décidée à employer le terme de « pandémie ».
Pas de confinement
Marquées par l’épidémie de SRAS en 2003, les autorités taïwanaises ont pris dès le début la menace au sérieux. Dès le premier cas constaté sur son sol le 23 janvier, Taïwan a imposé des restrictions à l’exportation de masques et un contrôle douanier strict pour les personnes ayant séjourné en Chine. Alerte aux voyageurs, traçage des personnes en contact avec des malades, confinement durant l’incubation, distribution de masques et de gel hydro alcoolique. La production de masques a été multipliée par quatre en un mois. Et le confinement strict n’a pas été mis en place.
Tensions diplomatiques
La pandémie attise aussi les tensions diplomatiques. André Gattolin regrette les propos tenus dimanche dernier, dans un article publié sur le site de l’ambassade de Chine en France intitulé « Rétablir des faits distordus, observations d’un diplomate chinois en poste à Paris ». Dans ce texte, les Occidentaux sont accusés d’avoir cru au début de l’épidémie que le Covid-19 était une « grippette ». L’ambassade de Chine accuse aussi « les autorités taïwanaises, soutenues par plus de 80 parlementaires français dans une déclaration cosignée », d’avoir insulté le directeur général de l’OMS en utilisant « le mot ‘nègre’ pour s’en prendre à lui ». André Gattolin récuse totalement ce mot, qui n’apparaît pas dans la tribune, et s’étonne de la campagne de désinformation déployée par l’ambassade de Chine en France.
Désinformation
L’article affirme également que « les soignants travaillant dans les EHPAD ont abandonné leurs postes du jour au lendemain (…) laissant mourir leurs pensionnaires de faim et de maladie ». Après la convocation de l’ambassadeur de Chine en France par le ministre des affaires étrangères Jean-Yves le Drian, le sénateur LREM des Hauts-de-Seine, a apprécié le communiqué « très pondéré » de l’ambassade de Chine. Mais André Gattolin regrette que le texte dénigrant la réponse française face à l’épidémie n’ait pas été retiré du site de l’ambassade et réclame que cesse la « désinformation » de la Chine sur la pandémie de Covid-19.