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Coronavirus : les personnes handicapées, les oubliées de la crise ?
Par Alizé Boissin
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Les personnes handicapées sont-elles les oubliées de la crise sanitaire ? C’est à cette problématique que la ministre Sophie Cluzel, chargée des personnes handicapées, a dû répondre lors de son audition au Sénat, en visioconférence.
En introduction, la ministre a tenté de rassurer les sénateurs sur la continuité de l’accompagnement des personnes handicapées. Elle a d’ailleurs rappelé que les 150 000 enfants et adultes dont les portes des externats et des accueils de jours ont fermé, pendant la crise sanitaire, peuvent bénéficier d’un accompagnement à domicile. Pour les 300.000 adultes handicapés qui vivent aujourd’hui en structure d’hébergement spécialisé, la ministre assure tout mettre en œuvre à l’aide « de moyens innovants » pour maintenir le lien avec les proches.
Enfin, elle a rappelé que des mesures étaient prises pour assurer la continuité des prestations des personnes en situation de handicap. Ces droits sont automatiquement prorogés de 6 mois.
Masques de protection
Face à la ministre, les sénateurs avaient tous la même question : quid des masques pour le personnel médico-social (établissements pour personnes âgées, handicapés, soins à domicile...) ? Le premier a l’interpeller sur la question est le sénateur LR des Deux-Sèvres, Philippe Mouiller : « il y a un discours, certes, un discours volontariste mais c’est en décalage avec ce qu’il se passe sur le terrain ». Lui et ses collègues remarquent l’absence de protection des structures s’occupant des personnes handicapées. La ministre Sophie Cluzel a assuré « une montée en puissance » de la distribution de ces masques dans les prochains jours
Pour rappel le ministre de la Santé, Olivier Véran, avait promis la semaine dernière la livraison de « 500.000 masques par jour au secteur médico-social ». Il avait toutefois admis qu’il y avait « ces éternels problèmes de logistique ».
Les sénateurs ont également demandé que les membres du personnel en contact avec les handicapés puissent bénéficier au plus vite d’un dépistage.
Tri des malades ?
Lors de l’audition le sénateur Philippe Mouiller a fait part de l’inquiétude de nombreuses associations à l’idée que les personnes handicapées puissent se voir, du fait de leur handicap, refuser des soins hospitaliers si elles contractaient le Covid-19. « Nous avons quelques remontées du terrain » a confirmé le sénateur. La tendance à faire du handicap l’un des critères de « tri » des malades a été confirmée à l’AFP cette semaine par un médecin intervenant dans les établissements pour personnes handicapées dans le Grand Est.
A ce sujet, la ministre s’est élevée contre toute discrimination dans l’accès aux soins. Elle a demandé aux sénateurs de lui faire remonter au plus vite ce genre de cas tout en assurant que « les personnes atteintes de handicap doivent bénéficier des mêmes soins que le reste de la population ».
Continuité éducative
Autre problématique soulevée par les sénateurs, la continuité pédagogique pour les enfants en situation de handicap. D’après le ministère, ils seraient 430.000. La sénatrice socialiste du Calvados, Corinne Féret, a alerté la sénatrice sur la question de leur suivi pédagogique.
Sophie Cluzel a rappelé travailler avec le ministre de l’Education national, Jean-Michel Blanquer, sur ce sujet pour qu’ils puissent bénéficier d’une continuité éducative. Concrètement, d’après la ministre « toutes les ressources disponibles pour aider à l’adaptation des devoirs ont été mises en accès libre. Il y a notamment de nombreux guides pour les enfants autistes ».
Enfin, la ministre a demandé aux sénateurs d’êtres vigilants sur leurs territoires et de faire « remonter les cas précis ». Elle a finalement conclu : « la crise est révélatrice des difficultés que nous avons sur le terrain et notamment de l’iniquité territoriale. Elle met en exergue nos fragilités ».