Alors que le Sénat a entamé ce lundi l’examen du budget 2025, le groupe PS, écologistes et communistes vont défendre onze amendements identiques pour se montrer « uni ». Reprenant en partie des mesures déjà défendues par le NFP à l’Assemblée, la gauche sénatoriale prône le rétablissement d’un ISF climatique, l’imposition des superprofits, une hausse des frais de notaires pour les achats de plus d’un million d’euros ou le rétablissement de la CVAE.
Coronavirus : la réforme des retraites et de l’assurance chômage désormais hors « contexte »
Par Public Sénat
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Il est désormais loin le temps où l’exécutif, arcbouté sur son objectif de faire adopter la réforme des retraites « avant l’été » restait sourd à la demande du président du Sénat de différer quinze jours l’examen du texte, ne serait-ce que pour attendre les conclusions de la conférence de financement.
« Toutes les réformes en cours sont suspendues »
« Toute l’action du gouvernement et du Parlement doit être désormais tournée vers le combat », contre le coronavirus. « Toutes les réformes en cours sont suspendues, à commencer par la réforme des retraites », a annoncé Emmanuel Macron, lundi soir lors de sa deuxième allocution télévisée en moins d’une semaine.
Une suspension qui pour certains signifie l’abandon du système universel de retraites à points. « J'espère que la réforme des retraites sera abandonnée. C'est pour le moment un report. Nous sommes disponibles pour faire des propositions » a souligné le président du groupe LR du Sénat, Bruno Retailleau, ce mardi, sur Radio Classique.
« C'était vraiment le minimum dans la situation actuelle », a réagi sur RTL Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT. Dans un communiqué, Force Ouvrière se félicite également de la décision du chef de l’Etat et rappelle que « l’intersyndicale avait déjà pris l’initiative de reporter les mobilisations sur ce sujet ».
« Ce ne sera pas à la fin d’un quinquennat qu’on fera une réforme comme celle-ci »
Pour le sénateur LR, René-Paul Savary, rapporteur du projet de loi, « dans un contexte de récession, avec 1% de croissance en moins, mettre en place un nouveau système de calcul par points parait difficile à réaliser. D’autant que le projet de loi prévoyait la création d’une caisse universelle dès 2021. Ce ne sera pas à la fin d’un quinquennat qu’on fera une réforme comme celle-ci » estime-t-il. Le vice-président de la commission des affaires sociales du Sénat n’écarte pas, pour autant, une réforme paramétrique. « Il va falloir réfléchir à un financement pour que notre régime de retraites retourne à l’équilibre en 2025 ».
Décriée également par les syndicats et l’opposition de gauche, le nouveau mode de calcul de du salaire journalier de référence de l’assurance chômage ne sera pas appliqué le mois prochain. Initialement prévue pour entrer en vigueur le 1er avril, la ministre du Travail, Muriel Pénicaud a indiqué lundi que la réforme avait été conçue « dans un contexte qui n'a plus rien à voir avec celui que nous connaissons aujourd'hui » et a annoncé son report au 1er septembre.
Assurance chômage : « c’était une réforme adaptée à une période de croissance et pas de récession »
Un nouveau calendrier dont se sont également félicitées les organisations syndicales, notamment par Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT. « Le gouvernement parle de septembre pour ne pas dire qu’il capitule. En septembre, ce sera une période difficile pour beaucoup de travailleurs indépendants et entrepreneurs. La encore, c’était une réforme adaptée à une période de croissance et pas de récession » note René-Paul Savary.
« C’est une sage et juste décision de la part du gouvernement qui ne pouvait que reculer sur des réformes qui n’ont plus de raison d’être » complète, Laurence Cohen, vice-présidente communiste de la commission des affaires sociales du Sénat.
Vendredi, le Sénat devra justement examiner le projet de loi de finances rectificative qui prévoit 45 milliards d’aides aux entreprises et aux salariés. Une somme qui évidemment n’était pas prévue lors du vote du projet de loi de finances (PLF) en novembre dernier. Et même si jeudi dernier, Emmanuel Macron assurait que la santé n’avait « pas de prix » et que le « gouvernement mobilisera tous les moyens financiers nécessaires (…) pour sauver des vies, quoi qu’il en coûte », Laurence Cohen n’est pas encore rassurée.
« Débloquer plusieurs milliards pour venir en aide aux entreprises c’est très bien. Par contre, je reste dubitative car je n’ai pas entendu le président de la République, le Premier ministre ou le ministre de la Santé parler de moyens supplémentaires pour l’hôpital public. Ça fait un an que le personnel hospitalier appelle au secours. Dire que ce sont des héros, c’est une chose. Il faut parler maintenant de revalorisation de salaires, de titularisation, de réouverture de lits » prévient la sénatrice du Val-de-Marne, par ailleurs, auteure d’une proposition de loi sur les mesures d’urgences pour la santé et les hôpitaux.